Carillon_2011_05_11

Yves Saint-Denis, une vie au service de la francophonie

chantal.quirion@eap.on.ca C HUTE - À -B LONDEAU

de belle ouverture. Chaque semaine, j’emmenaismesétudiants au Centre national des Arts. Je ne me limitais pas à l’enseignement du français, j’étais aussi animateur culturel. Dès ma 2 e année, j’ai créé le premier cours de théâtre crédité.» Ses étudiants se souviendront sûrement des sorties de fin d’année qu’il organisait où il leur permettait de rencontrer des auteurs réputés. « J’ai fait ça pendant les 20 années que j’ai enseigné à Plantagenet. On a visité Félix-Antoine Savard, Yves Thériault, Marcel Dubé et même Gabrielle Roy. Puis j’ai ajouté une dimension politique en organisant des déjeuners avec des grands noms comme René Lévesque et Claude Ryan. On a eu accès aux ministres et à un accueil privilégié à l’Assemblée nationale. » Aucoursdecesmêmes années, il est très actif au sein de l’Association canadienne-française de

J’ai décidé que je me battrais aussi mais plutôtquedemebattrecontre, jemebattrais pour les francophones. » SœurThérèsedeFrancequiluienseignait en 5 e année à l’école Saint-Joachim, allait elle aussi jouer un rôle crucial dans sa vie. « Elle nous lisait l’histoire. J’étais rendu au pays des rêves de la francophonie. C’est elle qui va aiguiser ma vocation d’amant du françaisetmedonnercetteouverture.C’était l’époque du merveilleux, l’âge de s’émerveiller. Plus tard, j’ai moi-même enseigné le moyen-âge de la littérature. » En 7 e et 8 e année, il profite de l’enseignement destiné aux plus vieux pour nourrir sa curiosité. C’est sa mère qui enseigne dans cette classe à niveaux multiples. L’une des premières de la région à être qualifiée pour occuper cette fonction. « J’écoutais ce qu’elle disait au 9 e et 10 e . ArrivéauPetitSéminaire, j’étais1 er declasse. Ce n’est pas vrai qu’on est défavorisé quand on va dans les petites écoles. C’est plus social et les enseignants connaissent chacun de leurs élèves. » Dans son cas, c’était particulièrement vrai. Il s’illustrera encore à l’Université d’Ottawa, où il obtiendra les meilleures notes de l’institution. Puis, débutera sa carrière d’enseignant, qu’il entamera au Québec dans les collèges classiques avant de faire sa marque au sein du Conseil d’éducation scolaire de Prescott et Russell qui l’enverra en « mission » à Plantagenet où l’enseignement secondaire se fait encore majoritairement en anglais. Nous sommes au début des années 70. « Je trouve là des gens de belle culture et

La langue et la culture française sont l’essence même d’Yves Saint-Denis, sacré Chevalier de l’Ordre de la Pléiade, mercredi le 4 mai dernier. Fait exceptionnel, son fils Félix a été décoré de la même médaille lors de cette même cérémonie. Il s’agit d’une première dans l’histoire de cette reconnaissance à vocation internationale. Résident de Chute-à-Blondeau, Yves Saint-Denis a derrière lui une carrière prolifique en enseignement, une vocation d’historien, sans compter un engagement inconditionnel au sein d’une myriade d’associations vouées à la francophonie, tant en Ontario qu’au Québec, et même outre mer. Son nom est indissociable du méga spectacle de L’écho d’un peuple, auquelildemeuredévouéàtitredeconseiller historique et de comédien. Quant à son parcours académique, il a probablement le record de cours suivi à l’université étant maître ès arts, docteur en philosophie, en lettres françaises, spécialiste en éducation, linguistique et en histoire, notamment. Il se décrit d’ailleurs comme un éternel étudiant. Sondestinallaitseforgertrèstôt,d’abord influencé par son grand-père Osias. Ce dernier lui répétait souvent que, n’ayant pu aller longtemps à l’école, la seule chose qu’il ait apprise dans la vie était de se battre contre les Anglais. Le garçonnet devenu homme avait bien intégré la leçon. « J’ai conservé la même idée mais je l’ai retourné de bord pour la rendre positive.

Photo utilisation autorisée YvesSaint-Denis,sacréChevalierdel'OrdredelaPléiade.

articulé autour d’un contexte similaire. Un moment qui le touche intensément. « J’ai vu dans ses yeux une flamme inextinguible. Je me suis dit il va se passer quelque chose . Je savais qu’il se passerait quelque chose. Puis il m’a appelé : P’a , viendrais-tum’aider pour un projet de scénario . Trois jours plus tard, les 14 tableaux étaient fixés. » L’écho a connu ses hauts et ses bas, mais Yves Saint-Denis ne s’avoue pas vaincu. « Moi j’y crois toujours profondément. » Il a investi dans le projet et ne le regrette pas. C’est sa douce folie, dit-il, et sans cela, le projet serait peut-être mort dans l’œuf. Maintenant, L’écho d’un peuple a été vu par des milliers de personnes et l’on en connaît sa pleine valeur. Pour l’ensemble de ces réalisations, on lui remettait d’ailleurs, plus tôt cette année, le Prix du Lieutenant-Gouverneur en Patrimoine qui, avec l’Ordre de la Pléiade décernée par la section ontarienne de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, s’ajoutent à une liste impressionnante de gratifications. Il a reçu deux prix littéraires, l’Ordre des francophones d’Amérique (1988), le Prix Séraphin-Marion (1989), la Médaille Bene Merenti de Patria (1989) et l’Ordre de la francophonie (2000). Il fut lauréat de la première demi-finale de la Dictée des Amériques en 1994 (45 000 concurrents). Avec tous ces acquis, il ne compte pas s’arrêter pour autant. « Je vais continuer à travailler à l’avènement d’un pays français en Amérique. » Fils d’Octave Saint-Denis et Thérèse Laurain, Yves St-Denis est de la 7 e génération établie dans l’Est ontarien. Il est né à Chute-à-Blondeau en 1941. Marié à Hélène Meloche, il est père de Félix, Sylvie et Thierry. Un article a été consacré à Félix Saint-Denis, précédemment. Avec tous ces acquis, il ne compte pas s’arrêter pour autant. « Je vais continuer à travailler à l’avènement d’un pays français en Amérique. »

l’Ontario, tant au niveau régional que provincial. Il fondera la section régionale de Prescott et Russell en 1973 et deviendra président général au niveau provincial de 1980 à 1982. C’est le conseil scolaire qui prête ses services. Il sera aussi le premier à être rémunéré pour occuper ce poste. Ce sont d’ailleurs les budgets très généreux de l’ACFO à l’époque qui lui permettent de financer ces activités et bon nombres d’initiatives comme le Festival populaire des arts et la société historique La P’tite Chute , notamment. « C’était les années de vaches grasses! », dit-il. Au total, il consacrera 34 années de sa vie au service de la transmission du savoir. « C’est une passion et j’en ai pleuré, car à l’âge de 50 ans, les médecins m’ont jeté en dehors de l’école. » Il se retire prématurément pour des raisonsdesantémaissaconditionluipermet tout de même de demeurer actif. Les Compagnons de Dollard, le Club des Lecteurs de l’Ontarie et l’Assemblée de Patriotes de l’Amérique française sont quelques-uns des organismes qui ont bénéficié et qui bénéficient encore de sa fougue francophone. Il préside la Section Ludger-Duvernay de la Société Saint-Jean- Baptiste de Montréal et l’Oeuvre du livre français. Il fut conseiller scolaire, membre du Conseil des affaires franco-ontariennes, trésorier national de la Fédération des francophones hors Québec, membre fondateur du Secrétariat permanent des peuples francophones d’Amérique (1981), directeur d’un journal intellectuel nationaliste (1992-2003) et auteur, dont une petite histoire franco-ontarienne illustrée. Il est de plus, représentant international et président de la Délégation Générale François Premier de France depuis 2002. En 2000, ce sera la grande aventure de L’écho d’un peuple qui débute. « Je suis co-concepteur avec Félix mais c’est lui le maître d’œuvre. » Il rapporte ce qu’il a vu dans les yeux de son fils à son retour de Vendée, là où avec une délégation de la région, il a assisté à un spectacle

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