FNH N° 1023

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BOURSE & FINANCES

JEUDI 20 MAI 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Crédits bancaires

◆ Plusieurs raisons expliquent les récentes hausses des taux débiteurs appliqués par les banques. ◆ Dans un contexte de relance économique, cela pourrait constituer un véritable obstacle. ◆ Pour certains professionnels, la situation ne devrait pas perdurer. Alerte sur la hausse des taux !

Si les banques étaient per- missives sur les facilités de trésorerie grâce à la garantie étatique (Damane Oxygène, Damane Relance…), il n’en est pas de même pour les prêts à la consommation et ceux à l’équipement. Véritable pouls de la demande intérieure et de l’investissement, ces derniers ont reculé de 3,1% et 5,3% respectivement au premier tri- mestre 2021. Les analystes, eux, voient aussi une éventuelle hausse au niveau du coût de finan- cement comme conséquence directe de l'augmentation des exigences sur les provisions. Dit autrement, les banques, au cas où elles souhaiteraient conserver un niveau de renta- bilité inchangé, devront récla- mer un surcoût de rémuné- ration aux débiteurs et res- treindre les financements. Un rationnement dont pâtiraient les personnes demandeuses de crédits. «Les banques anticipent une hausse des conditions de refi- nancement dans les mois à venir et souhaitent reconstituer leurs marges à un moment où il y a moins de concurrence et moins de demande de cré- dit dans un contexte de crise. Ainsi, la faible concurrence sur le marché pousse les banques à appliquer des taux plus éle- vés qu’habituellement» , nous informe une source au sein d’une banque de la place. Toutefois, l’analyse ne sau- rait se limiter à la seule crise. Un autre argument brandi par

et de la participation dans l'effort de solidarité face à la

Covid-19». D'ailleurs,

les banques affichent un net redres- sement de leur rentabilité en ce premier trimestre. À l’image de BCP dont le RNPG a rebondi de plus de 103%, ou encore d’Atti- jariwafa bank qui a amélio- ré de 21,6% sa profitabilité durant la même période. K. Zine nous indique qu’ «Il y a également la volonté de se prémunir contre la baisse potentielle des revenus des activités de marché. En effet, si la baisse du taux direc- teur a eu un effet positif sur la valeur des portefeuilles obliga- taires en 2020, elle diminuerait en parallèle le rendement des investissements futurs sur le marché des taux» . Autre explication relevée par notre expert : «la hausse des taux débiteurs montre que les banques sont prudentes, voire sceptiques sur les pers- pectives d'un retour rapide à la croissance des petites et moyennes entreprises (PME) qui, contrairement aux grandes entreprises, ont été sérieuse- ment confrontées à la hausse du coût de financement» . Ménages et PME, souffre- douleur de la situation Cependant, si ce rebond s'am- plifiait, il ferait grimper davan- tage le coût des financements et réduirait donc la capacité d'emprunt des ménages et des entreprises.

Depuis deux tri- mestres, les taux d’intérêt des banques augmen- tent malgré les baisses consé- cutives du taux directeur de Bank Al-Maghrib.

Pourtant, Bank Al-Maghrib a déclaré à maintes reprises que la transmission portant sur le niveau des taux débiteurs par les banques constitue l’un des critères «que nous allons pon- dérer de façon importante» pour les demandes de finance- ment de ces dernières auprès de la Banque centrale, évitant de la sorte que les baisses du taux directeur viennent nourrir leurs marges. Pourquoi donc un tel retournement de situa- tion après une nette baisse du taux directeur ? Ce rebond est-il durable ou s'agit-il d'un épiphénomène ? La fête des taux bas est-elle finie ? Contacté à ce sujet, Kamal Zine, consultant en banque et assurance, nous apporte des éclaircissements. Pour lui, «plusieurs raisons expliquent la hausse des taux débiteurs. Premièrement, le rattrapage des mauvais résul- tats affichés en 2020 à cause de la hausse du coût du risque

E n pleine relance éco- nomique, le crédit bancaire se renchérit au Maroc. Habitués à des taux en baisse quasi-ininterrompue, les emprunteurs (les particuliers surtout) ont dû payer leurs cré- dits plus chers, pour le deu- xième trimestre consécutif. Si globalement les taux débiteurs appliqués par les banques ont baissé de 46 pbs en 2020, ces derniers ont mar- qué un rebond au T4-2020, puis au T1-2021. Une hausse qui intervient alors même que la Banque centrale a bais- sé à deux reprises son taux directeur. D'ailleurs, dans son dernier bilan sur les taux d’emprunt bancaire, l’institu- tion monétaire fait état d’une augmentation allant jusqu’à 21 points de base (pbs) pour les crédits accordés aux particu- liers. Par Y. Seddik

La hausse des taux débiteurs montre que les banques sont pru- dentes, voire sceptiques sur les pers- pectives d'un retour rapide à la croissance des petites et moyennes entreprises.

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