Argenteuil 2024 11 01

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QUE SE PASSE-T-IL AUX ÎLOTS D’ARGENTEUIL? Geneviève Viau, responsable des com- munications du STTLSSS, indique que le syndicat a fait de nombreuses dénonciations auprès du CISSS quant à la situation dans ces unités.

FRANCIS LEGAULT francis.legault@eap.on.ca

Des murs arrachés, des policiers qui in- terviennent régulièrement, un roulement important des employés… La situa- tion ne semble pas très rose aux Îlots d’Argenteuil, une ressource intermé- diaire pour jeunes et adultes aux prises avec des déficiences intellectuelles et de graves troubles du comportement située à Saint-André-d’Argenteuil. Le syndicat des travailleurs demande des changements pour assurer la sécurité de ses membres et des usagers tandis que le CISSS assure vouloir mettre en place des solutions rapidement. La nouvelle a d’abord été relayée par la station radiophonique CIME FM suite à la dénonciation du Syndicat des travailleuses et travailleurs des Laurentides en santé et services sociaux (STTLSSS), affilié à la CSN. Photos à l’appui, le syndicat déplorait que l’endroit était laissé dans un état de délabrement qui n’était pas sécuritaire pour les usagers ni pour les employés. Il faut comprendre que les Îlots d’Argen- teuil sont deux unités situées dans la résidence pour aînés Au Cœur de la vie de Saint-André-d’Argenteuil. L’immeuble, inauguré au printemps 2023, est de pro- priété privée : le Centre de santé et de services sociaux (CISSS) des Laurentides y loue et gère par lui-même deux espaces. L’un accueille douze adultes aux prises avec des troubles graves du comportement et des déficiences intellectuelles tandis que l’autre accueille onze jeunes de 6 à 18 ans ayant les mêmes problématiques et ce, en provenance de partout dans les Laurentides. Certains ont aussi des déficiences physiques et des troubles du spectre de l’autisme.

« C’est épouvantable : des vis qui dé- passent du mur, des panneaux de plexiglas arrachés, des trous dans le mur… On a des usagers qui peuvent se comporter comme des bébés, alors il y en a qui pourraient aller manger le ‘gyproc’!, dénonce-t-elle. C’est déplorable les manques de sécurité autant pour les usagers que pour les employés. Le bâtiment est en état de délabrement même s’il est presque neuf. » Elle ajoute que, puisque les Îlots d’Argen- teuil sont situés dans un immeuble qui a d’abord été construit pour accueillir des aînés en perte d’autonomie, une certaine adaptation des lieux aurait dû être faite. « Il y a moyen d’adapter mais ici, les adaptations n’ont pas été bien faites, déplore-t-elle. Il y a une salle avec des tapis d’exercices collés au murs avec du ‘duct tape’! C’est broche à foin. » Meilleure formation Outre l’état des locaux, le syndicat dénonce aussi qu’il y ait un grand roulement du personnel aux Îlots d’Argenteuil, arguant que plusieurs employés quittent parce qu’ils ne sont pas préparés à faire face aux défis que représente cette clientèle particulière. « Les gens ne restent pas parce qu’ils ne sont pas formés. Ils postulent sur le poste, ils commencent leur période d’essai et quittent avant même la fin de cette période d’essai!, illustre madame Viau. On demande que les employés soient formés et qu’il y ait des équipements de protection. On veut aussi que les usagers aient de quoi s’occuper. » Selon elle, l’oisivité des usagers peut

Des vis qui dépassent, des morceaux de mur arrachés et des plexiglas brisés... Le syndicat dénonce que les Îlots d’Argenteuil soient dans un certain état de délabrement. Le CISSS réplique que toutes les réparations ont été effectuées depuis que l’histoire est sortie dans les médias. (Photo gracieuseté STTLSSS)

en mener certains à se désorganiser. Lors de ces crises, les employés peuvent se retrouver à risque pour leur santé en raison des comportements de l’usager. Le manque de plans d’intervention peut aussi mener à des situations difficiles. « On veut qu’il y ait un transfert d’infor- mations d’un quart de travail à l’autre, dénonce madame Viau. On veut des plans d’interventions clairs : il y a des usagers qui sont arrivés ici sans plan d’intervention. Ça peut mener à des interventions policières : il y a un jeune [qui a fait une crise] et c’est la police qui est intervenue car on n’avait pas d’informations sur le patient. » Réparations régulières Selon Josée Lamarche, directrice adjointe - continuum en déficience intellectuelle et trouble du spectre de l’autisme (DITSA) adulte, hébergement et troubles graves du comportement (TGC) au CISSS des Lauren- tides, il est normal que quelques dégâts se produisent aux Îlots d’Argenteuil en raison du type de clientèle qui y séjourne. « On a des usagers verbaux, d’autres qui sont non-verbaux. Ils sont emmenés dans ce milieu car ils ont justement des compor- tements auto-destructeurs. C’est leur façon de communiquer et de réagir, explique-t-elle. Ils viennent dans cet établissement pour faire de la réadaptation comportementale, pour apprendre à contrôler leurs émotions et leurs comportements. » Alors que le syndicat admettait ne pas savoir si c’était au CISSS ou au propriétaire de l’immeuble que revenait la responsabilité de réparer les lieux, madame Lamarche confirme que c’est le propriétaire de l’endroit qui répare régulièrement les dégâts. Elle ajoute que toutes les réparations ont été faites quant aux dégâts qui ont été docu- mentés dans les médias. « On encourage notre personnel à signaler lorsqu’ils voient quelque chose, poursuit-elle. Le propriétaire des lieux est responsable des réparations qu’on lui demande de faire dès qu’on lui envoie des photos. » Quant à l’adaptation des lieux pour cette clientèle particulière, elle indique que cela a été fait suite aux recommandations

d’experts en la matière. Une visite des lieux est prévue prochainement pour analyser ce qui peut être amélioré, dit-elle. Des changements mis en place Madame Lamarche confirme qu’il peut être difficile de trouver des employés qui sont prêts à œuvrer avec une clientèle comme celle des Îlots d’Argenteuil. « La formation, c’est notre priorité. On a revu tout notre programme de formation pour préparer nos employés à venir travailler dans ce milieu-là et à bien intervenir, explique-t- elle. On a aussi eu une embauche massive pour stabiliser les équipes. On a aussi mis en place un comité santé et sécurité au travail car la santé de nos employés est une de nos grandes préoccupations. » De plus, la directrice adjointe confirme la mise en place d’un comité tactique régio- nal sur lequel elle invite les représentants syndicaux à se joindre. « Je veux que les employés se confient à nous et que si le syndicat a des choses à apporter, il puisse le faire, dit-elle. La santé et a sécurité au travail est une responsabilité partagée où chaque acteur a son rôle à jouer. » Sous ce comité tactique, des comités opérationnels locaux pour chacune des res- sources du CISSS laurentien en matière de troubles graves du comportements seraient aussi créés, incluant à l’installation des Îlots d’Argenteuil, avec des rencontres mensuelles. « Ça permet d’avoir des actions concrètes sur le terrain, d’analyser les événements et de faire des recommandations », explique-t-elle. Josée Lamarche a tenu d’ailleurs à ras- surer les familles des usagers des Îlots d’Argenteuil en les contactant individuelle- ment. « Il est important de les rassurer et de leur dire que les lieux sont sécuritaires, explique-t-elle. C’était aussi important de les écouter et de voir s’ils avaient des choses à dire, quelles étaient leurs préoccupations. Déjà, il y a des choses qui ont été abor- dées avec eux. Dans la grande majorité, les familles sont satisfaites des services reçus et des progrès faits par leur proche. »

Des tapis d’exercice ont été installés sur des murs pour les protéger des comportements destructeurs de certains usagers, une installation broche à foin selon le syndicat. (Photo gracieuseté STTLSSS)

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