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ECONOMIE
JEUDI 11 MAI 2023 FINANCES NEWS HEBDO
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L’aboutissement de notre dossier reven- dicatif sera bénéfique non seulement à la profession, mais également aux caisses de l’Etat et au citoyen. Il va en outre permettre de combattre le circuit informel et les fuites des rentrées causées par la fraude fiscale. En effet, le marché des dispositifs médicaux (DM) est beaucoup plus important aussi bien en volume qu’en valeur. La loi 17-04 précise que les DM stériles font partie du monopole du pharmacien. Or, la maîtrise de leur circuit de vente ou de dispensation dans la pharmacie nous échappe complète-
ment, comme c'est le cas des médica- ments qui va permettre d’assurer leur traçabilité, leur sécurité et surtout la fixation et le contrôle de leur prix, ce qui n’est pas à l’ordre du jour actuel- lement. La spéculation bat son plein dans ce
Le progrès de la médecine a pu aug- menter l'espérance de vie à 78 ans en moyenne. En contrepartie, nous avons l'augmentation de la prévalence des affections de longue durée.
domaine, d’autant plus qu’il est monopo- lisé par le secteur informel, dont le chiffre d’affaires réel est sous-déclaré, sans parler des caisses de mutuelle qui subissent des pertes énormes en les remboursant à des prix exorbitants et des taxes douanières sous-évaluées à cause de la fraude des déclarations. C’est un fléau à combattre et c’est une niche très importante pour financer la couverture sanitaire universelle (CSU) et rationaliser les dépenses des caisses. C’est valable aussi pour les médicaments vétérinaires, de dermocosmétique et de compléments ali- mentaires qui doivent regagner les étagères des officines. F.N.H. : La Cour des comptes a expliqué dans son récent rapport que les marges bénéficiaires des pharmacies sur le médicament sont élevées (elles oscillent entre 47% et 57%). Quel constat en faites- vous ? Dr S. M. : Le rapport de la Cour des comptes est malheureusement biaisé, ambigu et critiquable. L’analyse scientifique du rapport est erronée, car elle compare la marge du prix fabricant hors taxe (PFHT) avec la marge sur le prix de vente. Tout d'abord, quand le rapport retient 57% ou 47% et un forfait de 400 dirhams, il ne précise pas qu’il s’agit de coefficient par rapport au prix fabricant hors taxe PFHT et non d’une marge sur le prix de vente final qui ne dépasse pas en réalité 33,9% et 29,33% sur les tranches 1 et 2. C’est-à- dire jusqu’au PFHT de 558 dirhams et un forfait de 400 dirhams. Au-delà, et quel que soit le prix du médicament de la tranche 4, c’est-à-dire que cette marge forfaitaire sur
prendrez notre étonnement face à ce constat qui n’est ni en faveur du patient ni des caisses; le médicament a-t-il la confiance du secteur public et pas celui du secteur privé ? A qui profite donc ce blocage ? ! Faut-il le rappeler, la marge du pharmacien n’est pas un fardeau pour les caisses, puisque le remboursement de la majorité écrasante des médicaments se fait à 70% du prix public de vente (PPV). F.N.H. : Quelles sont les actions à mener et les réformes nécessaires pour promouvoir la profession du pharmacien et mieux encadrer le secteur ? Dr S. M. : A l’heure de la décentralisation de l'administration sanitaire, il est urgent d’amender et de promulguer le texte de régionalisation du Conseil de l’ordre pour un meilleur encadrement de notre profession. Cela va permettre à chaque Conseil régio- nal d’être l’interlocuteur officiel des groupe- ments sanitaires territoriaux et de participer à la politique sanitaire adaptée à sa propre région. Établir une vraie carte sanitaire qui permettra la couverture de quelques zones enclavées par des officines, tout en leur permettant une viabilité économique d’exer- cer leur profession dans des conditions de vie dignes. Nous dépassons aujourd’hui les 12.300 pharmaciens, et sommes présents dans toutes les régions du Royaume, même dans les zones les plus reculées. En France, par exemple, les pharmaciens perçoivent des incitations économiques pour combattre le désert pharmaceutique. Dans les zones enclavées, les pharmaciens
peuvent jouer un rôle majeur dans le suivi des malades hospitalisés à domicile ou dans la réussite de la télémédecine et télésoin, comme en France ou en Belgique. C’est ce qu’on appelle le pharmacien référent ou pharmacien de famille. F.N.H. : Après la grogne parsemée de grèves, les syndicats des phar- maciens ont finalement eu gain de cause en parvenant à un accord avec le ministère de la Santé. Quels sont les tenants et les aboutissants de cet accord ? Et que va-t-il apporter ? Dr S. M. : Il est trop tôt pour parler d’un gain de cause ou d’une victoire. Néanmoins, il s’agit d’une ouverture de dialogue avec le ministère de tutelle qui a permis la suspen- sion et non l'annulation de la décision de grève. Et ce, malgré le manque de confiance à l’égard de notre ministère qui, depuis des années, est resté de marbre devant nos revendications qui n’ont pas trouvé d’échos auprès des décideurs politiques. Ces der- niers se sont cantonnés dans des promesses lors de réunions officielles ou à travers les médias. En signe de bonne foi, nous avons accepté l'accord de travailler dans le cadre des commissions de nos centrales syndi- cales avec le ministère de tutelle pour faire asseoir et valider nos propositions, à savoir valoriser l’acte pharmaceutique, assurer la dignité et la survie de l’officine afin de per- mettre à notre secteur de contribuer gran- dement au chantier de généralisation de la couverture médicale. Je reste convaincue de la valeur ajoutée des pharmaciens qui va per- mettre la réussite et la pérennité de la CSU.
La marge du pharmacien n’est pas un fardeau pour les caisses, puisque le
rembour- sement de la majorité
écrasante des médicaments se fait à 70% du prix public de vente.
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