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CULTURE
JEUDI 11 MAI 2023 FINANCES NEWS HEBDO
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10 août 1987, à propos d’un réci- tal qu’ils ont donné dans l’amphi- théâtre de Sidi Dhaher : « En sus des gradins, l’énorme, impression- nant essaim humain débordait et s’effilochait sur l’air des courettes environnantes, sur les murettes, sur les marches, sur les rampes et sur l’avant-scène. 3.000 têtes et même davantage, à se supporter mutuel- lement dans un espace initialement conçu pour offrir 2.500 places ». Ou encore le quotidien belge, le Soir : « En mars dernier, le groupe a donné un concert à Bruxelles, il y avait plus de 3.000 spectateurs. Il y avait des Arabes, mais aussi des Belges pour la communauté maghrébine, c’est une façon de se regrouper. Mais c’est surtout, pour tous, une façon de se rencon- trer ». Vérité en-deçà des Pyrénées, erreur au-delà, disait le bon Pascal. Acte IV : la renaissance ? Juillet 1995 : Jil Jilala prend part au Festival de Rabat. La magie n'opère plus, le groupe bat de l’aile. Serait-ce le chant du cygne ? Ses servants ne sont plus que des reliques respectables qui se comportent à l’égard de la scène comme un amoureux transi devant une maîtresse qui lui en fait baver, mais qu’il n’a pas la force de quitter. Septembre 1995 : une bombe est lâchée; Mohamed Darhem décide de prendre ses cliques et ses claques. La raison officielle est qu'il désire se consacrer à d'autres acti- vités, tel le syndicat du théâtre où il est un membre actif. Au vrai, il se considère comme le dindon d'une farce au goût de plus en plus amer. Une histoire de sous, chuchote-t- on, qui l'opposerait à un membre du groupe trop gourmand. Certains estiment qu'il serait indiqué de dis- soudre Jil Jilala, d'autres ne l'en- tendent pas de cette oreille. Ce fut la foire d'empoigne. Sans crier gare, voilà que Mahmoud Saâdi et Moulay Abdelaziz Tahiri débarquent avec armes et bagages. Ils vont prendre les choses en main. Exit Mustapha Baqbou, exit Hassan Meftah, bienvenue à Sakina et à Saïd Adraoui, un jeune lauréat du conservatoire de Casablanca. Tout
le monde, au travail ! Six mois plus tard, la sortie d'un album, en ins- tance de peaufinage, est prévue… Las ! Les dinosaures n’ont pu res- susciter le groupe. L’album qu’ils ont mijoté avec amour et talent, « Addani wa rami (le chasseur et le gibier)», passera cruellement ina- perçu. Dépités, ils reprennent leurs
cliques et leurs claques. La renais- sance de Jil Jilala a vécu ce que vivent les roses. Rideau ? Non point. Encore un adieu dif- féré. Après trois ans de silence, le groupe refait surface. Moulay Tahar Al Asbahani, qui en tient désormais les commandes, rameute Baqbou et Meftah, afin de le recomposer.
Décidément, c’est dire que Jil Jilala avait le don inouï de renaître de ses cendres, au grand bonheur des nostalgiques du temps des fleurs. Et pour que le bon grain ne meure. Aujourd’hui, pour Jil Jilala, il est temps que les adieux soient défini- tifs suite au décès de Moulay Tahar Al Asbahani. ◆
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