Rapport Article 29 – Loi Énergie-Climat | Exercice 2021

Limites et opportunités L’intégration de la taxonomie européenne se révèle complexe, notamment du fait que les sociétés ne communiqueront sur des informations harmonisées et auditées qu’à partir de 2023-2024, alors qu’en parallèle, la réglementation a commencé à s’appliquer dès janvier 2022 pour les acteurs financiers. Ce décalage contraint donc les investisseurs à appréhender le “profil taxonomique” de leurs investissements sur la base d’un jeu de données incomplet, et dont les données peuvent être estimées par des prestataires ou des analystes spécialisés lorsqu’elles ne sont pas communiquées par les entreprises. Cette problématique pourrait engendrer une dépendance à court terme vis-à-vis de prestataires externes, beaucoup d’acteurs n’ayant pas les ressources nécessaires en interne, et ne pas favoriser la comparabilité. De plus, les premières données disponibles sont calculées à partir des chiffres d’affaires. Elles n’offrent donc qu’une vision à un instant T qui n’est pas représentative de la dynamique enclenchée par les entreprises. Toutefois, lorsque ces dernières seront en mesure de réaliser l’exercice sur leurs investissements (Capex), il sera alors possible de bénéficier d’une vision plus précise sur leur orientation et la trajectoire initiée. La taxonomie permettra alors d’assurer une convergence et une homogénéité permettant d’appréhender de manière objective la contribution d’une activité à la transition. Les autorités de régulation sont parfaitement conscientes des limites de la mise en application de la taxonomie mais ont néanmoins choisi d’initier le mouvement pour encourager les investisseurs et les entreprises à comprendre et s’approprier ces concepts au plus tôt. Il convient donc de manier les chiffres avec précaution pour toutes les limites évoquées préalablement, mais nous sommes convaincus qu’avec une meilleure appréhension de cette nouvelle donne réglementaire par l’ensemble des acteurs, les données devraient tendre vers plus de convergence et devenir un standard plus facilement exploitable. La taxonomie n’en est qu’à ses prémices. Ce référentiel entend toutefois faciliter l’orientation des flux financiers vers les activités contribuant à une transition réelle, en ligne avec l’Accord de Paris et les Objectifs de Développement Durable des Nations Unis. Pour les entreprises, elle représente l’opportunité de revaloriser une partie de leur business model potentiellement négligé jusqu’alors par les investisseurs et de faire preuve de transparence sur l’ensemble de leurs chaînes de valeur. Les sociétés de gestion vont, pour leur part, avoir un rôle à jouer pour accélérer le processus en les accompagnant et en les sensibilisant sur la nécessité de communiquer des données sur leurs activités, tout en favorisant une orientation stratégique en faveur de la transition. Pour l’investisseur final, ce référentiel devrait clarifier l’offre de stratégies d’investissement durables et faciliter les comparaisons pour permettre de sélectionner celles qui coïncident le mieux avec ses convictions et donner ainsi du sens à ses investissements. Grille de lecture commune plutôt que juge voué à désigner “l’Alpha et l’Omega” des fonds durables, la taxonomie ne doit pas empêcher d’apprécier les stratégies de gestion au regard de leurs caractéristiques intrinsèques. Ainsi, un fonds majoritairement investi dans le secteur des énergies renouvelables aura un alignement taxonomique nécessairement plus important qu’un fonds de transition investi dans une diversité de secteurs en transformation. Leurs approches n’en seront pas moins complémentaires et contributrices au développement d’une économie durable.

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