FNH N° 1177

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 12 décembre 2024 - 8 DH - N° 1177

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Marché interbancaire

Cryptomonnaies

On passe à la vitesse supérieure

Deux réformes pour une gestion des risques plus robuste

P. 8/9 P. 12

A. Rahhou raconte l’histoire de la régulation au Maroc CONSEIL DE LA CONCURRENCE

● Invité de l’événement «Les Nuits de la Finance»

organisé par Finances News Hebdo, le président du Conseil de la concurrence est revenu sur la trajectoire empruntée par le Maroc en matière de régulation.

P. 16/17

Retraite

Finance africaine Non, ce n’est pas une vague aspiration !

Gloire et disgrâce Autopsie de quelques régimes déchus

«L’exonération de l’IR ne concernera qu’une minorité»

P. 28/29

P. 14

P. 4/11

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 12 DÉCEMBRE 2024

SOMMAIRE

Editorial

Voyons voir : Finance africaine : Non, ce n’est pas une vague aspiration ! Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde 4 5 6 4 ACTUALITÉ

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SANTÉ

Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication

Grippe saisonnière : La vaccination, un rempart incontournable

L'UNIVERS DES TPME

L Un casse-tête chronique Emploi

ID&A Tech : «Nous investissons de manière significative dans la R&D pour perfectionner nos solutions»

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e marché de l'emploi demeure un talon d'Achille pour l'éco- nomie marocaine. Malgré des initiatives ambitieuses, des stratégies savamment annoncées et la multiplicité des pro- grammes, le taux de chômage reste toujours à des niveaux encore élevés. C’est pourquoi un budget de 14 milliards de dirhams, destiné à la promotion de l’emploi, a été mobilisé au titre de la Loi de Finances 2025. C’est pourquoi également, face à l’urgence de la situation, une réunion dédiée a eu lieu mardi dernier à Rabat, sous la présidence du chef du gouver- nement, Aziz Akhannouch, à laquelle ont pris part l’ensemble des dépar- tements ministériels concernés, le haut-commissariat au Plan, la CNSS et l’Office de la formation professionnelle et de la promotion du travail. Objectif : faire le point sur les mesures pratiques contenues dans la feuille de route relative au secteur de l’emploi, que le gouvernement compte annoncer dans les meilleurs délais pour renforcer la dynamique du secteur. La ministre de l'Economie et des Finances, Nadia Fettah, l'a bien affirmé : « une stratégie claire sera dévoilée dans les prochains jours pour traiter le dossier de l’emploi à court terme (jusqu’en 2026), mais également pour créer des opportunités d’emploi durables ». Cette forte mobilisation de l’Exécutif est légitimée par les réalités du terrain ? Le dernier rapport du haut-commissariat au Plan (HCP) sur la situation du marché du travail au troisième trimestre 2024 met en effet les pieds dans le plat : 213.000 emplois créés en un an, et pourtant le chômage grimpe à 13,6%, atteignant un vertigineux 40% chez les jeunes de 15 à 24 ans. Un paradoxe ? Pas vraiment. Ces chiffres illustrent les failles structu- relles d'un marché de l'emploi mal adapté à la dynamique économique du pays. L’essentiel des emplois créés vient des services, qui génèrent principalement des postes précaires, et du BTP, vulnérable aux cycles économiques. La jeunesse marocaine se retrouve ainsi enfermée dans un cercle vicieux: le taux de chômage des diplômés atteint presque 20%, mettant en évi- dence une inadéquation criante entre les formations académiques et les besoins du marché. Les programmes comme «Idmaj» ou «Awrach», bien qu'ambitieux sur le papier, peinent à résoudre le problème structurel du chômage. Mais le problème de fond reste évidemment économique : avec une croissance qui stagne autour de 3%, comment espérer résorber un chômage massif ? Le Nouveau modèle de développement ambitionne une croissance moyenne de 6% à l’horizon 2035. Mais l’économie marocaine, encore trop dépendante du secteur agricole, avance au rythme des récoltes céréalières. La diversification économique tarde à se concrétiser, tandis que les investissements dans les PME, censées être le moteur de la création d'emplois, restent timides. Face à ce constat, Nadia Fettah réaffirme l'engagement du gouverne- ment : « nous nous focalisons sur des mesures concrètes pour dynamiser l'emploi, en particulier dans les PME et le monde rural ». Des mots ras- surants, mais qui se heurtent à une réalité têtue : le marché de l’emploi ne saurait se satisfaire de solutions ponctuelles, mais a plutôt besoin d’un véritable tournant économique et sociétal pour bâtir une économie capable de répondre aux ambitions de sa jeunesse. u

POLITIQUE

Gloire et disgrâce : Autopsie de quelques régimes déchus

Point Bourse Hebdo : Une pause avant le sprint final ? Marché interbancaire : Deux réformes pour une gestion des risques plus robuste Financements innovants : Plus que des outils, une nécessité AFIS : L’Afrique financière en mouvement Cryptomonnaies : Le Maroc passe à la vitesse supérieure Retraite : «L’exonération de l’IR ne concernera qu’une minorité» Finances : Au Maroc, les directeurs financiers optimistes pour l’avenir

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30 Protection sociale : Une réforme qui s’éternise 30 SOCIÉTÉ

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Conseil de la concurrence : Ahmed Rahhou raconte l’histoire de la régulation au Maroc Croissance économique : Spectre de la sécheresse et tensions géostratégiques en 2025 e-commerce : Le gouvernement projette de renforcer le cadre législatif Entretien avec Youssef Guerraoui Filali : Entrepreneuriat, «La difficulté majeure de la PME marocaine reste le financement du cycle d’exploitation» Transport ferroviaire : Les défis majeurs du Maroc à l’horizon 2030 Aviculture : La filière résiste mieux aux aléas et mise sur l’export 16 18 19 20 22 24 16 ECONOMIE

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DEVELOPPEMENT DURABLE

Réforme de l’ANRE : Un rôle dynamique ou consultatif ?

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HIGH-TECH

Semi-conducteurs : Une guerre économique qui redistribue les cartes

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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JEUDI 12 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

VOYONS VOIR

Finance africaine

Non, ce n’est pas une vague aspiration !

D ans une Afrique en quête de solutions pour relever ses défis économiques, sociaux et environnementaux, la finance s’affirme comme une clé de voûte du développe- ment durable. L’Africa Financial Summit (AFIS 2024), tenu à Casablanca, a offert une plateforme aux acteurs économiques pour repenser la place de la finance dans la transformation du continent. Et qui de mieux que Nadia Fettah, ministre de l’Economie et des Finances, pour incar- ner cette vision ? Sa formule magique ? Fluidité, solidité et libération des éner- gies. Par D. William

dette publique atteignant 163 milliards de dollars en 2023, de nombreux Etats africains naviguent entre deux eaux, tirail- lés entre le remboursement des dettes et l’investissement dans des secteurs stratégiques comme l’éducation ou les infrastructures. Renforcer la gouvernance, instaurer une régulation rigoureuse et diversifier les sources de financement deviennent alors des impératifs. Les partenariats public- privé (PPP) et les prêts concessionnels de la BCEAO offrent des pistes, mais c’est surtout une réforme structurelle profonde qui s’impose. Enfin, Nadia Fettah appelle à la libération des énergies latentes du continent. Avec un déficit annuel de financement de 108 milliards de dollars pour les infrastruc- tures et de 250 milliards pour les besoins climatiques, les besoins sont immenses. Pourtant, l’Afrique regorge de ressources humaines, naturelles et institutionnelles sous-exploitées. Les solutions existent : des «Gender Bonds» pour soutenir les femmes entrepreneures à l’investisse- ment dans les énergies renouvelables. Encore faut-il une véritable coordination entre gouvernements, institutions finan- cières et secteur privé. A l’évidence, le temps où la finance afri- caine jouait les seconds rôles est révolu. Elle n’est pas un concept flou ou une vague aspiration. Avec des hubs comme Casablanca Finance City, des champions nationaux comme les groupes Attijariwafa bank, Banque Centrale Populaire ou Bank of Africa, et des initiatives panafricaines ambitieuses, l’Afrique peut enfin rêver grand. Mais rêver ne suffit pas : il faut agir. Comme l’a si bien résumé Nadia Fettah, «la clé du succès réside dans une col- laboration active pour non seulement mobiliser des fonds, mais aussi bâtir un écosystème propice à l’innovation et à la croissance durable ». Une leçon à méditer pour les sceptiques et les procrastina- teurs. ◆

Avec un service de la dette publique atteignant 163 milliards de dollars en 2023, de nombreux Etats africains naviguent entre deux eaux. (Pan-African Payment and Settlement System), qui promet une économie annuelle de 5 milliards de dollars en facilitant les paiements transfrontaliers en devises locales, sont des exemples de cette fluidité en devenir. En paral- lèle, les fintechs africaines, notamment Flutterwave, M-Pesa ou encore Chipper Cash, réinventent l’accès aux services financiers, connectant des millions de personnes, même dans les zones rurales. Mais la fluidité ne suffit pas. «Nous devons penser comme des matériaux composites, combinant souplesse et soli- dité» , a ajouté la ministre. Une phrase qui pourrait presque passer pour une leçon de design, mais qui touche au cœur du problème africain : la résilience des sys- tèmes financiers. Avec un service de la oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)

«La fluidité des capitaux est le socle sur lequel reposent l’innovation, la croissance et la prospérité », a-t-elle souligné dans son discours. Une évidence, certes, mais pas toujours facile à concrétiser. Entre les barrières réglementaires, la faible intero- pérabilité des systèmes de paiement et la fragmentation des marchés africains, les capitaux circulent sur le continent… à la manière d’un escargot. Des initiatives comme le PAPSS

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ÇA SE PASSE AU MAROC

Réforme des CRI

Investissement

Approbation de 56 projets pour un montant de 134 Mds de DH L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, mardi 10 décembre 2024 à Rabat, la 6 ème Commission nationale des investissements instituée (CNI) par la nouvelle Charte de l'investissement, opérationnelle depuis mars 2023, conformément aux hautes orientations royales. La Commission a approuvé 48 projets de conventions et 4 avenants à des conventions dans le cadre du dis- positif principal instauré par la nouvelle Charte de l’investissement. Les 52 projets approuvés portent sur un montant global de près de 113 milliards de dirhams, dont 24 milliards de dirhams d’investissements privés, permettant la création de près de 18.000 emplois, dont 10.000 directs et 8.000 indirects. Elle a également approuvé 4 projets à caractère stratégique dans les secteurs de la mobilité électrique, de l’industrie des énergies renouvelables et du dessalement d’eau de mer dans les régions de Guelmim-Oued Noun, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Casablanca-Settat, pour un montant de 21 milliards de dirhams et per- mettant la création de près de 10.000 emplois directs et indirects. Par ailleurs, la Commission a procédé à l’examen de 3 projets supplémentaires en vue de l’octroi du carac- tère stratégique. Le montant global de ces projets est de 14 milliards de dirhams devant permettre la création de près de 38.000 emplois directs et indirects dans les secteurs du textile, de la mobilité électrique et des télécommunications. Les investissements approuvés dans le cadre du dispositif principal concernent 32 provinces et préfectures dans les 12 régions du Royaume. Ces projets concernent 19 secteurs d’activité,

La Chambre des représentants adopte le projet de loi en 2 ème lecture L a Chambre des représentants a adop- té, lundi, le projet de loi n°22.24 modi- fiant et complétant la loi n°47.18 por- tant réforme des centres régionaux d'in- vestissement (CRI) et création des com- missions régionales unifiées d'investisse- ment (CRUI), dans le cadre d'une deuxième lecture. Le projet de loi a été approuvé par 120 députés, tandis que 57 autres se sont abstenus de voter. A cette occasion, le ministre délégué chargé de l'Investisse- ment, de la Convergence et de l'Evaluation des politiques publiques, Karim Zidane, a expliqué que les amendements apportés à ce projet de loi visent, entre autres, à amé- liorer la rédaction juridique, corriger cer- taines erreurs et clarifier quelques aspects du texte, notamment en ce qui concerne les compétences des CRI et la composition de leur Conseil d'administration. Les amendements ont aussi pour objectif de supprimer le Directeur général des ser- vices de la région de la composition des CRUI, ce poste étant remplacé par celui du président de la région. En outre, Zidane a souligné que les amendements, qui concer- naient principalement trois articles (1, 2 et 4), incluent également l'obligation d'obtenir une attestation d'acceptabilité environne- mentale pour les projets d'investissement soumis à une évaluation d'impact envi- ronnemental, relevant des compétences de la CRUI. Ces amendements ont pour but d'accélérer et d'unifier le parcours des investisseurs, de renforcer l'obligation de présenter des rapports aux autorités de tutelle et au wali de la région, afin de renforcer la coordination entre les niveaux régional et central. ■

dont les télécommunications, les énergies renouve- lables, le tourisme, les matériaux de construction, l'industrie électrique, l’industrie ferroviaire, la santé, l'agroalimentaire, ainsi que la logistique, la chimie- parachimie, le textile, l’automobile, la plasturgie et l’outsourcing. Le secteur du tourisme est le principal pourvoyeur d’emplois des projets approuvés lors de cette CNI dans le cadre du dispositif principal avec 19% du total, suivi du secteur des matériaux de construction à hauteur de 18%, secteur de la santé 15% et l’agroalimentaire 8%. ■

Bank Al-Maghrib

Bientôt un pôle FinTech au Maroc B ank Al-Maghrib prévoit de lancer, début janvier pro- chain, un pôle dédié aux FinTech, marquant ainsi une avancée significative dans la promotion de l'innovation numérique, a annoncé son Directeur général (DG), Abderrahim Bouazza. «La Banque centrale est en train de fédérer les efforts des acteurs pour la promotion de la FinTech en vue de créer un pôle FinTech qui va démarrer début janvier 2025» , a indiqué Bouazza lors d'une table-ronde tenue dans le cadre de l'Africa Financial Summit (AFIS-2024).

Et de préciser que ce pôle ambitionne de consolider les efforts des intervenants de l'écosystème, tout en offrant un accompagnement et un soutien financier aux porteurs de projets innovants dans le domaine finan- cier. Par ailleurs, le DG de BAM a mis en avant le rôle crucial des petites et moyennes entreprises (PME) dans l’économie marocaine, soulignant qu’entre 40% et 45% des crédits bancaires leur sont aujourd’hui destinés. ■

Plus de 30.800 bénéficiaires

Aide directe au logement :

L e programme d'aide directe au logement a contribué à l'amélioration des conditions de vie de 30.848 béné- ficiaires dans les différentes régions du Royaume, a indiqué, lundi au Parlement, le secrétaire d'Etat chargé de l'Habitat. Selon Adib Benbrahim, le programme a bénéficié à 26% de Marocains résidant à l'étranger, 46% de femmes et 35% de jeunes (moins de 35 ans). Par ailleurs, 63% des bénéficiaires ont reçu une aide d'une valeur de 70.000

dirhams et 37% une aide d'une valeur de 100.000 dirhams. La moyenne du nombre des chambres d'habitations acquises s'élève à trois, tandis que la superficie de 70% des habita- tions oscille entre 60 et 100 m 2 . S'agissant de l'impact économique de ce programme, Benbrahim a fait savoir qu'il a contribué, depuis début 2024 jusqu'à novembre dernier, à la hausse de 8,88% des ventes de ciment et à la création de 57.000 emplois. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

France

France

Arabie Saoudite

Fitch alerte sur les conséquences de la situation politique

Les créateurs de contenu pèsent près de 6,5 milliards d'euros

Une croissance de 2,8% du PIB réel au 3 ème trimestre 2024

L e secteur de l'influence et de la création sur Internet repré- sente en France près de 6,5 milliards d'euros en 2024, soit 0,16% du PIB, selon une étude publiée mardi, la première dédiée spécifiquement à ce marché en France. Commandée par les organisateurs de la Paris Creator Week, ce rapport place la France au 3ème rang en Europe derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni. Quelque 300.000 créateurs de contenu, qui comptent entre 1.000 et plus d'un million d'abonnés sur leurs réseaux, ont contribué

à ce chiffre, selon les données compilées par le cabinet indien Coherent Market Insights. Ce qui ne représente que « la par- tie émergée de l'iceberg », estime Marc Lesage Moretti, fondateur de l'événement, car il n'inclut pas les revenus liés à ces conte- nus dégagés par les plateformes comme YouTube ou Tiktok. Avec un taux de croissance annuel estimé à près de 25% par an, l'étude prévoit que les influenceurs pèseront près de 30 milliards d'euros en France d'ici 2031. ■

L e produit intérieur brut (PIB) réel de l'Arabie Saoudite a enregistré une croissance de 2,8% au troi- sième trimestre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente, a annoncé l’Autorité générale des sta- tistiques d’Arabie Saoudite (Gastat). Cette croissance a été portée par une hausse de 4,3% des activités non- pétrolières, selon les données relatives au PIB et aux comptes nationaux pour le troisième trimestre 2024. Les activités pétrolières ont affiché une progression marginale de 0,05%, tandis que les activités gouvernemen- tales ont enregistré une augmentation positive de 3,1% par rapport au troi- sième trimestre 2023, d'après la même source. ■

L’ agence de notation Fitch, qui avait placé en octobre la note de la France sous persective négative, a alerté sur les conséquences pour la politique bud- gétaire du renversement du gouver- nement de Michel Barnier. Cela « met en évidence à quel point le paysage politique français très fragmenté peut paralyser la mise en œuvre de la politique budgétaire », avertit Fitch. Fitch a cependant maintenu à AA- la note de la France. En octobre, elle avait assorti cette note d'une pers- pective négative, signalant qu'elle envisageait de l'abaisser à moyen terme. « Les paramètres budgétaires du pays, qui sont plus faibles que ceux de ses pairs (...), et ses risques accrus en matière de politique bud- gétaire ont été des facteurs impor- tants » de cette révision, rappelle l'agence de notation. ■

Semi-conducteurs

L es exportations chinoises de semi-conducteurs ont bondi de 20,3% sur les onze premiers mois de 2024, atteignant 1.030 milliards de yuans (142,17 milliards de dollars), selon les données publiées par l'Admi- nistration générale des douanes du pays asiatique. Les exportations de semi-conducteurs rivalisent avec celles du secteur textile et dépassent les ventes de voitures et de téléphones portables, selon la même source. Cette croissance est notam- ment portée par la demande mondiale en véhicules connectés et en appa- reils électroniques intelligents fabriqués dans les usines chinoises à l'étranger. La Chine représente 7% de la produc- tion mondiale de semi-conducteurs, un secteur aux enjeux stratégiques majeurs pour le géant asiatique, tant sur les plans économique que techno- logique. ■ Les exportations chinoises en hausse de 20% en 2024

Chine

Xi affirme qu'une guerre commerciale avec les USA ne ferait «aucun gagnant»

L e Président chinois Xi Jinping a affirmé qu'une guerre com- merciale avec les Etats-Unis ne ferait «aucun gagnant», selon un média d'Etat, avant le retour à la Maison Blanche en jan- vier du président élu Donald Trump.

Le premier mandat de Donald Trump a été marqué par de vives hostilités commerciales avec la Chine, accusée de vol présumé de propriété intellectuelle et d'autres pratiques «déloyales». Le magnat républicain a promis d'imposer des droits de douane encore plus élevés sur les importations chinoises après son investiture en janvier, alors que la Chine continue de faire face à une reprise économique fragile après la pandémie. « Les guerres de droits de douane, les guerres commerciales et les guerres de technologies vont à l'encontre des tendances historiques et des règles économiques, et il n'y aura aucun gagnant », a déclaré Xi à propos des relations sino-américaines. ■

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Une pause avant le sprint final ?

Evolution de l'indice Masi depuis début décembre 2023

T Pour la deuxième semaine d’affiliée, le marché a choisi de marquer le pas sous ses sommets historiques. Le niveau de participation des opérateurs a été relativement restreint par rapport aux moyennes observées lors des semaines passées. réduite : les volumes hebdo- madaires s’élèvent à 910 MDH, preuve d’un certain attentisme. Les valeurs immobilières conti- nuent de capter l’attention, avec Addoha en tête qui draine 159 MDH (soit 19,42% du total), sui- vie par Alliances (75 MDH, 10%) et Attijariwafa bank qui com- plète le podium avec 66 MDH. Par Y . Seddik

rois semaines nous séparent de la clôture d’une année boursière singulière, où le Masi affiche pour le moment une perfor- mance de 22%. Mais les der- nières semaines marquent un changement de rythme : après avoir flirté avec ses sommets annuels, l’indice phare de la Bourse de Casablanca semble lever le pied. Cette semaine, le Masi recule de 0,50% pour s’établir à 14.762 points, dans une ambiance empreinte de pru- dence. Si la dynamique haussière reste globalement intacte, les investisseurs ont choisi de tem- poriser. La séance de jeudi, marquée par une poussée de +0,89%, a vite perdu de son élan le lendemain, ce qui signifie que le marché est en quête de «vrais» de catalyseurs pour aller plus loin. Contrairement aux semaines précédentes, cette semaine a été caractérisée par une participation relativement

TOP Performances

FLOP Performances

Sothema Addoha Cartier Saada

-4%

+15,33% +13,64%

Eqdom Promopharm SA Alliances

Un marché obligataire sous contrôle Sur le marché obligataire, la détente des rendements se pour- suit. Portés par une inflation maî- trisée et des finances publiques en bonne santé, les taux ont atteint des niveaux attractifs. Lors de la deuxième séance d’adjudication de décembre, le Trésor n’a levé que 500 millions de dirhams sur une maturité de 52 semaines, avec un taux de rendement en baisse de 4 points de base à 2,55%. Cette sérénité sur le marché obligataire conti- nue d’offrir un arbitrage favo-

-3,967%

-3,91%

+10,46 %

rable pour les actions, et conforte les perspectives optimistes pour la Bourse d'ici fin décembre. Avec une performance annuelle proche de 22%, le Masi s’apprête à clôturer une année exception- nelle. Mais à mesure que 2024 approche de son terme, la pru- dence reste de mise. Si les fon- damentaux solides des entre- prises cotées et la baisse des rendements obligataires sou- tiennent la tendance, les opé-

rateurs scrutent la prochaine réunion de Bank Al-Maghrib en décembre. Une baisse du taux directeur, si elle se concrétise, pourrait injecter une dose sup- plémentaire de confiance sur le marché actions. Pour l’heure, le MASI semble en phase de consolidation, atten- dant de nouveaux éléments pour entamer peut-être une der- nière poussée avant la clôture d’une année historique. ◆

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BOURSE & FINANCES

 Bank Al-Maghrib s’apprête à lancer dès 2025 deux nouveaux segments interban- caires : un marché à terme de swaps de taux et un marché de change à terme.

Bâtir une courbe monétaire en Dirham La création d’un marché à terme de swaps de taux au jour le jour est bien plus qu’une avancée technique. «La mise en place d’une courbe monétaire en Dirham est une étape fondamentale pour améliorer la lisibilité des anticipations de marché» , souligne notre expert. Cette courbe offrira aux acteurs financiers un baromètre des conditions monétaires pour faciliter les prises de décision en matière de gestion de tré- sorerie et d’investissement. Il ajoute que «dans les mar- chés matures, ces courbes sont utilisées non seulement pour gérer les risques de taux, mais aussi comme outils de pricing pour des produits structurés et des dérivés. Leur absence au Maroc limite aujourd’hui la sophistica- tion de l’offre financière et la capacité des institutions à répondre aux besoins com- plexes de leurs clients». De plus, une courbe moné- taire fiable permettra à Bank Al-Maghrib d’affiner ses inter- ventions sur le marché moné- taire. Cela renforcera non seulement la crédibilité de la politique monétaire auprès des investisseurs, mais éga- lement la transparence glo-

près le lancement en 2020 de l'indice Monia (Moroccan Overnight Index Average), qui visait à renforcer la transpa- rence et la fiabilité des taux de référence, Bank Al-Maghrib s'apprête à franchir une nou- velle étape. En effet, l'institu- tion prévoit, pour 2025, l’in- troduction de deux segments stratégiques : un marché à terme de swaps de taux au jour le jour et un marché de change à terme interbancaire. Ces initiatives visent à offrir aux opérateurs des solutions avancées pour optimiser la Deux réformes pour une gestion des risques plus robuste Par Y. Seddik A Marché interbancaire gestion de la liquidité et des risques. Pour mieux appré- hender l’importance de ces réformes, il est nécessaire de rappeler que le marché inter- bancaire joue un rôle central dans le système financier. Comme l’explique un expert sollicité à ce sujet, «le mar- ché interbancaire est l’épine dorsale de tout système finan- cier. C’est à travers lui que se décide le coût du crédit, que s’ajuste la liquidité bancaire et que se transmettent les orien- tations de la politique moné- taire». Ainsi, toute réforme de Bank Al-Maghrib annonce l'introduction de deux nouveaux segments interbancaires dès le début de 2025. Déjà soutenu par des réformes successives, le marché des capitaux s’enrichira de ces nouvelles initiatives pour améliorer la transparence et la liquidité. ce marché a des implications stratégiques, qui dépassent souvent le cadre bancaire. Actuellement, les instruments échangés sur le marché inter- bancaire se limitent principa- lement aux dépôts interban- caires et aux pensions livrées. Bien que ces outils soient efficaces, ils restent insuf- fisants face aux nouveaux besoins de gestion du risque et d’arbitrage financier. C’est pourquoi Bank Al-Maghrib s’efforce d’élargir les options disponibles pour les acteurs du marché.

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bale du système financier. Un autre impact notable de ce marché est la réduction des coûts de financement pour les entre- prises. En effet, «avec une courbe monétaire claire, les entreprises auront accès à des taux de réfé- rence plus compétitifs, ce qui pourrait alléger le coût du capi- tal et encourager l’investissement dans l’économie réelle» , précise notre source.

Quoi qu’il en soit, ces deux initia- tives, bien que distinctes, s’en- richissent mutuellement. Ainsi, avec ces nouveaux segments, Bank Al-Maghrib répond à un double impératif : moderniser les outils financiers pour accompa- gner l’évolution des besoins éco- nomiques et renforcer la crédibi- lité du système interbancaire. ◆

Avec une courbe monétaire claire, les entreprises auront accès à des taux de référence plus compétitifs, ce qui pourrait alléger le coût du capital.

tudes liées aux taux de change, ce marché pourrait inciter davan- tage d’entreprises marocaines à exporter, ce qui va sans doute

renforcer les entrées de devises et réduire, plus ou moins, la vulné- rabilité du Maroc face aux chocs externes», conclut-il.

Un bouclier contre la volatilité du Dirham

Le marché de change à terme interbancaire, deuxième volet de cette réforme, s’inscrit dans un contexte où les entreprises marocaines font face à des défis croissants liés à la volatilité des devises. En effet, «l’élargissement progressif des bandes de fluctua- tion du Dirham était une étape nécessaire pour renforcer la flexi- bilité du régime de change. Mais cette flexibilité, bien que toujours de faible amplitude, a aussi ampli- fié les risques pour les opéra- teurs économiques, surtout ceux dépendant fortement des impor- tations ou exportations» , analyse notre expert, pour qui un marché de change à terme donnera aux entreprises un instrument pour se prémunir contre les variations abruptes des devises. Ainsi, cela leur permettra de planifier leurs opérations internationales avec davantage de certitude, en ver- rouillant des taux à l’avance. Un autre point important réside dans la création d’une liquidité plus stable sur le marché des changes. Aujourd’hui, «l’absence d’un marché de change à terme pousse de nombreuses entre- prises à chercher des solutions coûteuses ou inefficaces, sou- vent à l’étranger. Ce segment devrait non seulement réduire leur dépendance aux services off- shores, mais aussi favoriser le développement d’un marché local de la couverture de change», nous explique-t-il. Enfin, l’impact potentiel sur la balance des paiements ne doit pas être sous-estimé. En effet, «avec la diminution des incerti-

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ciaux (DTS) ou la titrisation des actifs. Même les cryptomon- naies, souvent perçues comme disruptives, trouvent leur place dans cette mosaïque d’oppor- tunités, illustrant la volonté de repousser les frontières des solutions traditionnelles. À Rabat, lors d’un panel de l’Africa Investment Forum (AIF), Lamia Merzouki, L’Afrique s’ouvre aux mécanismes de financement innovants pour libérer le potentiel du secteur privé et accélérer son développement économique. Plus que des outils, une nécessité Par Désy M. F Financements innovants

objectifs de développement durable pour répondre effica- cement aux défis économiques et sociaux du continent. Le rôle catalyseur des insti- tutions multilatérales Ce renouveau financier trouve un soutien stratégique auprès d’institutions comme la Banque africaine de développement (BAD). Durant l’AIF, cette der- nière a signé une lettre d'inten- tion visant à explorer la mise en place d'une opération de «titrisation synthétique multi- originateurs», développée avec la Banque de développement de l’Afrique australe (DBSA) ainsi que d’autres investisseurs institutionnels. Ce mécanisme permet la mobilisation des capitaux privés et la réduction des risques pour remédier à la lenteur de la réalisation des objectifs de développement durable. La plateforme vise à propo- ser un portefeuille de réfé- rence combiné d'environ 1,5 à 2 milliards de dollars d'actifs diversifiés selon les secteurs, les zones géographiques et les profils de risque, compre- nant des expositions aux prêts et aux garanties qui corres- pondent aux priorités straté- giques communes de la BAD et de la DBSA, notamment en matière de financement clima- tique, d'infrastructures et d'in- termédiation financière. Le Dr Akinwumi Adesina, pré- sident de la Banque africaine de développement, a décla- ré, à ce titre, que «le véhicule de titrisation multi-émetteurs que nous sommes en train de façonner, tout comme la réaffectation des DTS par le biais de capitaux hybrides et d’autres innovations que nous continuons d’explorer, illustre comment la collaboration entre les banques multilatérales de développement et les inves- tisseurs du secteur privé peut débloquer des flux de capitaux transformateurs pour combler les déficits de financement de l’Afrique» . ◆

ace aux défis structurels et aux opportunités de développe- ment qu’offre le continent afri- cain, les modèles traditionnels de financement montrent leurs limites. Ils peinent à répondre à l’immense besoin de capital pour soutenir une croissance inclusive et durable. Dans ce contexte, des approches nova- trices, axées sur la mobilisa- tion de ressources diversifiées et sur des partenariats straté- giques, émergent pour combler le fossé financier et faciliter l’accès des entreprises privées aux financements. Parmi ces initiatives, les finan- cements mixtes, alliant capi- taux commerciaux et fonds de

développement, ou les par- tenariats public-privé redes- sinent les contours de l’inves- tissement. En partageant les risques, ils attirent des investis- seurs privés tout en soutenant des projets à fort impact. Dans le même élan, les obligations de la diaspora canalisent les fonds des communautés expa- triées, offrant une passerelle entre attachement culturel et développement économique. De leur côté, les obligations à impact social ou «vert» trans- forment les règles du jeu finan- cier, liant le remboursement des investisseurs à des résul- tats concrets en matière de développement. Cette quête d'innovation finan- cière s’intensifie avec des mécanismes audacieux explo- rés par des institutions multi- latérales, comme la réaffecta- tion des droits de tirage spé-

Directrice générale adjointe de Casablanca Finance City Authority (CFCA), a résumé l’enjeu en une phrase : «le finan- cement de demain ne peut être que durable.» Pour elle, l’in- novation n’est plus un simple outil, mais une nécessité. Elle voit l’Afrique comme une future centrale énergétique mondiale, à condition de mettre en œuvre des stratégies adaptées. Cette vision s'inscrit dans une dyna- mique de transformation où les projets doivent intégrer les

Les financements innovants, bien plus qu’un simple levier financier, incarnent une nouvelle manière de penser le développement.

 La plateforme de titrisation synthétique multi-originateurs vise à proposer un portefeuille de référence combiné d'environ 1,5 à 2 milliards de dollars d'actifs diversifiés selon les secteurs.

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AFIS

investissements en capital-risque, qui ont atteint leur niveau le plus bas depuis cinq ans, s'établis- sant à 5,9 milliards de dollars en 2023, selon l'AVCA (The African Private Capital Association). Et un optimisme porté par la rési- lience des investissements pri- vés, atteignant 6,3 milliards de dollars en 2022, selon la Banque européenne d’investissement (BEI). Ils soutiennent qu'une inté- gration régionale renforcée pour- rait constituer un puissant moteur pour consolider la résilience éco- nomique et promouvoir une crois- sance inclusive. L’AFIS, en collaboration avec l’IFC, adopte cette vision opti- miste en misant sur la Zone de libre-échange continentale afri- caine (Zlecaf). Ce véritable moteur d’intégration régionale offre une perspective prometteuse, per- mettant un système de paiement intégré à l’échelle continentale, capable de réduire les coûts, flui- difier les échanges commerciaux et favoriser la résilience écono- mique. Abordant le besoin gigantesque de financements en infrastruc- tures d'ici 2030 pour le continent africain de l'ordre de 1.200 mil- liards de dollars, Mohammed El Kettani, président d’Attijariwafa bank, estime qu’« il est urgent que les banques africaines, les acteurs des marchés des capi- taux, les fintechs, les gouverne- ments et les Banques centrales s’accordent en étant une force de propositions pour faire avancer les choses». Evoquant la sortie des grandes banques interna- tionales du continent, il conclut que «l’Afrique a besoin que ses banques panafricaines prennent de l'ampleur, de la robustesse et de la solidité financière pour accompagner la transformation du continent». L’Afrique possède un potentiel immense, mais sa réalisation repose sur trois piliers : renforcer la confiance, harmoniser les régu- lations et mobiliser les ressources financières. Si la route est encore longue, l’Afrique avance résolu- ment et le Maroc pourrait bien en tracer la voie. ◆

Développer des champions régionaux et continentaux dans les secteurs de la banque et de l’assurance. Faciliter le commerce intra africain en faisant de l'interopérabilité des paiements un axe majeur de développement pour l’industrie. Mobiliser l’épargne africaine, aujourd’hui estimée à 500 milliards de dollars. L’Afrique financière en mouvement Par Désy M.

nale ambitieuse pour l’inclusion financière. A travers la démo- cratisation de l’accès aux ser- vices bancaires, la modernisation des systèmes de paiement et la régulation des cryptomonnaies, actuellement en cours d'adop- tion, le Royaume prépare un écosystème bancaire capable de relever les défis de demain. «Les cryptomonnaies pourraient constituer une solution d'avenir, à condition d'établir une régle- mentation solide et sécurisée» , a déclaré Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances. Deux tendances présentes Selon Sergio Pimenta, vice-pré- sident de la Société financière internationale (SFI), co-organisa- teur dudit événement, deux ten- dances se dégagent auprès des acteurs du secteur. Un certain pessimisme lié à la baisse des  Pour Nadia Fettah, ministre de l’Économie et des Finances, «les cryptomonnaies pourraient constituer une solution d'avenir…».

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n pleine période d’incertitudes glo- bales, le secteur financier africain s’impose comme un moteur stra- tégique pour le développement du continent. Cette dynamique a été au cœur des discussions lors de l’Africa Financial Summit (AFIS), organisé à Casablanca les 9 et 10 décembre. En tant que carrefour entre l’Afrique, l’Europe et le Moyen-Orient, le Maroc, soutenu par son hub financier Casablanca Finance City (CFC), s’affirme comme un acteur clé pour redéfinir l’avenir de l’indus- trie financière africaine. Réunissant près de 1.200 déci- deurs et 400 entreprises du sec- teur financier autour du thème «Une nouvelle ère : le temps des puissances africaines est venu », l’AFIS a mis en lumière trois axes majeurs pour transformer le pay- sage financier africain. Il s’agit de la consolidation des acteurs

régionaux et continentaux, de la facilitation du commerce intra- africain via des systèmes de paiements interopérables, et de la mobilisation de l’épargne afri- caine, estimée à 500 milliards de dollars, comme l’a souligné Amir Ben Yahmed, président de l’AFIS. Malgré ses 54 pays aux régle- mentations disparates, l’Afrique dispose de leviers de transfor- mation puissants, comme l’essor des fintechs, l’innovation tech- nologique et la digitalisation. Cependant, des défis persistants freinent son potentiel, notamment la fragmentation des marchés, le désengagement des banques internationales, des taux d’intérêt atteignant des sommets histo- riques et une volatilité persistante des échanges commerciaux et des devises. Conscient de ces défis, le Maroc s’est doté d’une stratégie natio-

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Cryptomonnaies

cryptographiques dans la région MENA, surpassant des pays comme l’Algérie et l’Égypte. Les données de 2022 révèlent que 4,9% des Marocains déte- naient une forme de cryp- tomonnaie, plaçant le pays parmi les leaders africains en termes d’adoption. Selon Insider Monkey, le Maroc est également 13ème mondial pour l’utilisation du bitcoin, preuve d’un engoue- ment persistant pour ces actifs. Si l’adoption des cryptoactifs est bien amorcée, le défi réside dans la mise en place d’une régulation équilibrée. Il s’agit non seule- ment de protéger les usagers, mais aussi de garantir une inté- gration harmonieuse avec les systèmes financiers tradition- nels. Selon Badr Bellaj, expert en cryptomonnaies et blockchain, la future réglementation devrait s'inspirer fortement des modèles déjà existants, avec la mise en place de licences pour les entités offrant des services de cryptos à travers des conditions strictes. En adoptant la loi Pacte en 2019, la France a été l'un des premiers États à avoir défini la notion «d'actif numérique» et à avoir régulé certains sujets essentiels liés à l'écosystème de la technologie blockchain et des actifs numériques. La stratégie marocaine semble claire : intégrer les cryptomon- naies dans l’économie, mais sous contrôle. Contrairement à d’autres pays où la régula- tion reste floue ou inadaptée, le Maroc souhaite poser les bases d’un modèle propre, alliant inno- vation et sécurité. Le véritable test pour le Maroc sera d’arti- culer cette ambition avec les attentes des investisseurs et les évolutions rapides d’un marché hautement spéculatif. Et si dans quelques années le Maroc devenait une référence régionale en matière de crypto- monnaies ? Une question qui, hier encore, relevait de la spécu- lation. Mais aujourd’hui, face aux signaux envoyés par le gouver- nement et Bank Al-Maghrib, elle pourrait bien être une hypothèse sérieuse. ◆

L’attrait des cryptomonnaies au Maroc prend une nouvelle dimension. Si le Royaume s’était jusque-là montré prudent face à ces actifs numériques, les discours récents et les initiatives réglementaires révèlent un intérêt croissant d’intégrer ces outils dans sa stratégie d’inclusion financière. Le Maroc passe à la vitesse supérieure Par Y. Seddik

 L’intérêt du Maroc pour les cryptomonnaies semble entrer dans une phase décisive.

L

ors de l’Africa Financial Summit (AFIS) 2024 à Casablanca, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a affirmé que les cryptomonnaies pour- raient jouer un rôle clé dans l’élargissement de l’accès aux services financiers. «Ces outils, malgré leurs risques, peuvent être des leviers pour renforcer l’inclusion financière, notam- ment dans les zones rurales où l’offre bancaire reste limitée», a-t-elle souligné. Cette prise de position marque une évolution significative dans le discours officiel, jusqu’ici dominé par une approche prudente. Le Maroc, grâce à sa stratégie nationale d’inclusion financière, a déjà accompli des progrès

notables. Mais les cryptomon- naies pourraient combler des lacunes structurelles en ouvrant de nouvelles perspectives, à condition de bâtir un cadre réglementaire robuste pour limi- ter les abus et les dérives. Cette ambition se matéria- lise d’ailleurs par un projet de loi encadrant les cryptoactifs, actuellement dans le circuit d’adoption, comme l’a rappe- lé récemment le wali de Bank Al-Maghrib (BAM). Ce texte, développé en collaboration avec la Banque mondiale et d’autres partenaires nationaux, vise à concilier protection des utilisa- teurs et encouragement à l’inno- vation. En parallèle, Bank Al-Maghrib explore également les monnaies digitales de Banques centrales (MDBC). Ce chantier, lancé il y a trois ans, vise à évaluer leur potentiel pour moderniser

les systèmes de paiement et renforcer l’inclusion financière. Une démarche qui illustre la volonté des autorités de ne pas simplement suivre la tendance mondiale, mais d’adopter une approche réfléchie et adaptée aux besoins locaux.

Un engouement malgré les restrictions

Bien que les cryptomonnaies soient officiellement interdites au Maroc depuis 2017, l’inté- rêt des citoyens ne faiblit pas. Selon le rapport Geography of Cryptocurrency 2023 de Chainalysis, le Maroc se classe 20ème mondial en matière d’adoption des cryptomonnaies, un recul par rapport à la 14ème place précédente, mais qui reste impressionnant compte tenu des contraintes légales. De plus, le Royaume enregistre la plus forte valeur de transactions

Bank Al-Maghrib poursuit ses travaux sur les monnaies digitales de Banques centrales (MDBC) avec le projet lancé il y a trois ans.

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