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JEUDI 12 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ECONOMIE
e ses origines à nos jours, l’ap- proche marocaine en matière de régulation a su conjuguer tradi- tion et modernité qui ont abou- ti au panorama actuel, dont le Conseil de la concurrence est l’émanation parfaite. Son pré- sident, Ahmed Rahhou, a profité de la rencontre «Les Nuits de la Finance» pour «conter » cette his- toire avec son habituel sens de la pédagogie. L’histoire économique du Maroc, bien avant l’ère moderne, est celle d’une économie dyna- mique et ouverte, marquée par Ahmed Rahhou raconte l’histoire de la régulation au Maroc Par A. Hlimi D Conseil de la Concurrence Invité de l’événement «Les Nuits de la Finance» organisé par Finances News Hebdo, le président du Conseil de la concurrence est revenu sur la trajectoire empruntée par le Maroc en matière de régulation.
suite la création d’autres auto- rités fortes et indépendantes comme l’AMMC, pour les mar- chés de capitaux, et l’ACAPS pour les assurances. Deux enti- tés qui, auparavant, étaient des directions au sein du ministère de l’Economie et des Finances et dont l’autonomie permet au régulateur de se spécialiser et de porter les sujets indépendam- ment des agendas politiques. Ces institutions ont été dotées de prérogatives fortes pour garantir un équilibre entre inno- vation, concurrence et protection des acteurs économiques. Selon Rahhou, un régulateur doit avoir pour rôle majeur le développe- ment de son secteur en veillant à ce que les acteurs qu'il supervise soient en bonne santé. Un sec- teur régulé qui tombe malade, c'est d'abord un échec du régu- lateur qui doit veiller à porter les combats des opérateurs devant l'Etat et le gouvernement. Le rôle stratégique de l’État aujourd’hui Si l’État est moins présent dans l’exploitation directe des sec- teurs, il reste un acteur clé en fixant des orientations straté- giques. Les régulateurs, qu’ils soient sectoriels ou transversaux comme le Conseil de la concur- rence, complètent cette action en apportant une expertise tech- nique et une capacité d’arbitrage
des relations commerciales anciennes avec des puissances comme la Chine ou les États- Unis. «Cette économie tradition- nelle s’est ensuite structurée sous le protectorat, notamment avec la création de Chambres de commerce et d’institutions modernes» , a expliqué Rahhou. Après l’indépendance, l’État a pris un rôle moteur pour combler l’absence de capital privé, avec des initiatives telles que la BNDE ou l’Office de développement industriel (ODI). On peut égale- ment citer l’exemple de la BMCE. La dynamique a commencé à évoluer lentement pendant les années 70, avant la période diffi- cile du programme d’ajustement structurel (PAS) des années 80 qui, finalement, fait remarquer
Ahmed Rahhou, a permis d’ac- célérer les réformes permettant de structurer le capital privé. Les années 1990 marquent un tour- nant décisif. L’État, confronté à la sophistication croissante de certains secteurs comme les télécommunications, a opéré un retrait progressif de son rôle d’opérateur direct. Cette période a vu l’apparition des premiers régulateurs techniques indépen- dants, comme l’ANRT dans les télécoms, capables d’attirer des investissements privés en offrant une stabilité et une vision à long terme. La finance, déjà régulée par Bank Al-Maghrib depuis l’indépen- dance, a consolidé ce modèle de régulateur indépendant pendant cette période. On verra par la
Selon Rahhou, un régulateur doit avoir pour rôle majeur le développement de son secteur en veillant à ce que les acteurs qu'il supervise soient en bonne santé.
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