FNH N° 1177

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JEUDI 12 DÉCEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOCIÉTÉ

Protection sociale

Une réforme qui s’éternise

Le 6 décembre à Rabat, l'Observatoire marocain de la protection sociale a présenté un rapport détaillé sur l’état des réformes en matière de protection sociale au Maroc. Ce rapport souligne les déséquilibres structurels et les défis majeurs qui freinent une couverture sociale universelle et inclusive.

Propos recueillis par M. Boukhari

D

epuis 2018, l'Observatoire marocain de la protection sociale mène une série d'ate- liers de réflexion et de dia- logue pour débattre des poli- tiques publiques en matière de protection sociale. En col- laboration avec des acteurs sociaux, académiques et poli- tiques, l'Observatoire a analy- sé les réformes récentes dans le secteur de la protection sociale au Maroc, notamment celles prévues entre 2021 et 2024. Dans ce contexte, les membres du bureau exé- cutif dudit observatoire ont présenté récemment le bilan du travail gouvernemental concernant ce chantier stra- tégique. «La protection sociale est un droit humain. Il s’agit d’un ensemble de politiques et de programmes conçus

pour réduire ou prévenir la pauvreté et la fragilité tout au long du cycle de la vie humaine en général, et qui cherchent à garantir le revenu minimum décent en tant que droit de tous les citoyens et résidents sur un pied d’éga- lité. Autrement dit, garantir un niveau de vie décent pour tous et rendre accessibles les services et un revenu de base à toute la population. Cela nécessite que l’Etat assume les responsabilités principales en matière d’allo- cation, de financement, de gestion de mise en place des institutions nécessaires à la gouvernance et l’exécution des programmes» , a affirmé Kamal Lahbib, représentant de l’Observatoire marocain de la protection sociale. Le rapport de l'Observatoire met en lumière plusieurs déséquilibres qui nuisent à l'efficacité du système de protection sociale marocain, et qui empêchent une couver- ture équitable pour tous les citoyens. Parmi ces déséqui-

libres, il existe certains dits normatifs et d'harmonisation. Selon ce document, le sys- tème de protection sociale au Maroc ne respecte pas entièrement les normes mini- males internationales fixées par l'Organisation internatio- nale du travail (OIT), notam- ment en ce qui concerne la couverture des chômeurs. De plus, le cadre législatif marocain est jugé insuffisant pour garantir une couverture continue pour les personnes exclues du marché du travail. En 2024, environ 1,63 mil- lion de chômeurs n’ont pas bénéficié de soutien financier, faute de mécanismes adé- quats. Par ailleurs, le système ignore souvent les spécificités liées au genre, ce qui creuse les inégalités, en particulier dans la répartition des tâches

de soins et d’accompagne- ment, souvent confiées aux femmes. Pour l’Observatoire, cela limite leur accès à la pro- tection sociale et au marché du travail. Ensuite, un désé- quilibre de gouvernance et de participation est observé. Les mécanismes de coordi- nation entre les différentes entités responsables sont flous et les comités de déci- sion se réunissent trop rare- ment. Aussi, l’Observatoire note une absence de partici- pation active des citoyens et des acteurs sociaux dans la conception, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques sociales, ce qui nuit à la transparence et à l'efficacité du système. Il existe également, selon la même source, un déséqui- libre juridique et une inco-

Les chômeurs ne bénéficient pas d'un revenu stable, ce qui limite leur accès aux services de santé et à un revenu minimum garanti.

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