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BOURSE & FINANCES

JEUDI 9 ET VENDREDI 10 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Ciment

◆ Le confinement a quasiment mis à l'arrêt les ventes et la consommation de ciment. ◆ Sa structure oligopolistique le protège d'une guerre des prix et la baisse importante des coûts de production lui permet de traverser sans contraintes la crise. Un secteur oligopole plébiscité D’ un point de vue com- mercial, le secteur du ciment est Par Y. Seddik tion devrait continuer à s'aggraver à court terme. Le secteur est en surcapaci- té, et la situa-

l'un des plus exposés aux conséquences de la crise sanitaire. Mais, à la diffé- rence de secteurs proches, comme l'immobilier, les investisseurs profession- nels continuent de lui faire confiance. Dans la commu- nauté des analystes, les avis sont partagés entre neutres à haussiers. En revanche, la vente du secteur est rare- ment conseillée. Lors d’un webinaire organisé par la Bourse de Casablanca, Fatima-Zahra Benjdya, res- ponsable Equity Research chez CDG Capital, a ana- lysé la situation de marché particulière dans laquelle évoluent les cimentiers. Les prix résistent La responsable de la recherche prévoit à cet effet une baisse de la demande de ciment de 20,1% durant l'année 2020, avec une baisse de 27% au 1er semestre et un retour à la normale à partir du T3 2020 (tenant compte de la période des vacances esti- vales, la fête de l’Aid et la rentrée scolaire). Aussi, l'utilisation des capa- cités de production devrait se situer autour de 51% à 53%, atteignant ainsi le niveau le plus bas jamais enregistré par cette indus-

trie. Mais, cela ne devrait pas exercer de pressions sur les prix. « En dépit d'une baisse des coûts et d'un repli important des volumes, nous pensons que les cimenteries vont main- tenir le même niveau de prix pratiqué en 2019, en raison de la situation oligo- polistique qui caractérise le marché marocain », a-t-elle estimé. En effet, l’une des impor- tantes spécificités de l'in- dustrie du ciment au Maroc est son pouvoir sur le contrôle des prix qui tient, d'une part, à sa nature oli- gopolistique et, d'autre part, au coût très élevé du transport en comparaison avec le coût de la matière transportée. Ainsi, même en cas de recul important des volumes, un cimentier est en mesure de maintenir ses prix dans un marché concen-

tré. Par exemple, le recul des volumes sur la période 2013-2019 (TCAM de -1,4%) n'est pas accompa- gné d'une baisse des prix, mais plutôt d'une hausse (un TCAM estimé à +2,6%). Les coûts de production attendus en repli En face, l'énergie consti- tue la composante la plus importante des coûts pour l'industrie du ciment. Elle est utilisée comme matière première (coke de pétrole) pour la fabrication du ciment (clinker) dans le four, et pour le transport routier/ le fret (diesel). La bonne nouvelle donc pour les cimenteries est à trouver au niveau de leur structure des coûts. « En effet, l'ensemble des producteurs de ciment devraient voir leurs coûts de production fortement bais- ser en raison du repli du pet

coke et du fret », a précisé l’analyste. Au final, la stabilité des prix, conjuguée à la baisse des coûts, devraient limi- ter l'érosion des marges, en dépit d'une volatilité des prix des intrants à court terme. Toutefois, les analystes font remarquer que les coûts fixes devraient augmenter en raison de la baisse dras- tique des volumes. Guerre des prix dans le ciment ? Le secteur est en surcapa- cité, et la situation devrait continuer à s'aggraver à court terme. Néanmoins, elle ne devrait être que tem- poraire, estime Benjdya. En effet, à moyen terme, la demande de ciment devrait rattraper cette augmenta- tion de l'offre. « Notre principale préoc- cupation avec la nouvelle vague d'augmentation des

capacités de production est qu'elle peut entrainer un déséquilibre à court terme entre la demande et l'offre, avec pour consé- quence une surcapacité temporaire. La surcapacité potentielle devrait exercer une pression sur les prix du ciment à mesure que les taux d'utilisation chutent », a-t-elle ajouté. En effet, Lafarge Holcim et Ciments du Maroc contrôlent actuellement 78% de la capacité de production de ciments. De plus, ils sont intégrés verti- calement (granulats, ciment et béton prêt à l'emploi). « L’éventuelle probabili- té d'une ‘guerre des prix’ dépendra du comportement des différents participants à ces marchés - qui est dif- ficile à évaluer aujourd’hui - et du niveau sous-jacent de la demande », a conclu l’analyste. ◆

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