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BOURSE & FINANCES

JEUDI 9 ET VENDREDI 10 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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lement et que des solutions plus fonctionnelles seront mises en place en 2020. On veut bien les croire sur parole. Une infrastructure complexe Les acteurs historiques des solu- tions transactionnelles au Maroc sont Six Telekurs Mena, l'acteur le plus ancien et sans doute l'acteur au plus grand portefeuille au Maroc, et Atos Maroc, filiale du groupe interna- tional du même nom et qui a travaillé sur des plateformes comme celles de Wafa Bourse et CDG Capital Bourse. DirectFN fait lui figure d'out- sider dans le domaine au Maroc, car il vient de faire son entrée sur ce marché cette année, en décrochant sa première référence avec Valoris Securities. DirectFN est en revanche intégrateur historique sur d'autres marchés à l'international. Ces acteurs peuvent être spécialisés dans les solutions transactionnelles ou, comme c'est le cas pour SIX Telekurs Mena et DirectFN, se posi- tionner également sur l'information financière et la data de marché. A titre d'information, les majors mondiaux de l'information financière (Bloomberg et Refinitiv notamment) ne font pas de solutions transac- tionnelles et se spécialisent unique- ment dans la data et l'information de marché. Les intégrateurs développent leurs solutions en faisant le lien entre plusieurs environnements de travail. Il faut gérer une chaîne titres, une chaîne espèces (ou cash), le back- office de la société de Bourse (sou- vent géré chez la banque maison- mère) et la relation avec le système de la Bourse. Dans plusieurs cas, surtout chez les sociétés de Bourse (SDB) filiales de banques, la chaîne titres peut être logée chez la Société de Bourse, alors que la chaîne espèces l'est chez la banque et dépend souvent de systèmes d'information et d'ap- plications différentes avec des tech- nologies très éloignées. Autre cas, rare mais existant au Maroc : la chaîne titre est directe- ment rattachée au compte courant du client à la banque. C'est dans ces architectures com- plexes et multitechnologies que

réside le problème. Car les intégra- teurs ont d'abord pour mandat de sécuriser l'environnement de travail. La priorité est que le système tran- sactionnel soit sécurisé. On peut même dire que cela passe avant le confort du client. Ne pas permettre par exemple à un acheteur poten- tiel d'exécuter un ordre sans solde espèces ou de vendre des titres qu'il ne possède pas est bien plus important que la disponibilité de la plateforme et l'expérience client. Pour les intégrateurs, il faut à la fois assurer la sécurité aussi bien du côté banque que du côté client. Notre enquête nous a permis de comprendre qu'il arrive souvent que les sociétés de Bourse soient elles- mêmes victimes de décisions infor- matiques prises chez leurs maisons- mères. Lorsqu'une banque fait par exemple de la maintenance sur son application, le système d'informa- tion de la Bourse en ligne peut être interrompu, car dépendant en partie de celui de la banque. Des soucis de back-offices sont aussi observés lors d'opérations sur titres. Un split, de nouvelles actions issues d'une augmentation de capi- tal, etc. Ces opérations peuvent parfois mettre du temps à appa- raître sur le compte du client Bourse en ligne quand le back-office est géré au niveau bancaire et que les notions de «rapidité» de traitement ne sont pas inculquées aux équipes bancaires de la même manière que chez les brokers. En effet, dans ces départements, où la conformité est contrôlée à des intervalles éloignés, la perception de la vitesse d'exécution n'est pas la même que chez les sociétés de Bourse et leurs clients. Ce sont ces interactions banques - filiales Bourse en ligne au niveau des systèmes d'information qui créent les interruptions. D'ailleurs, et les témoignages le montrent, les socié- tés de Bourse qui fonctionnent en circuit fermé, enregistrent beaucoup moins de pannes et ont des scores d'opinions positifs. Le rôle du régulateur Les sociétés de Bourse consul- tées sont unanimes sur le rôle de l'AMMC, qui contrôle de bout en

bout le processus, et ce dès le début du projet pour les nouveaux acteurs que pendant la mise en production et lors de la prise de vitesse de croisière. Architecture SI, ressources humaines, références des presta- taires..., une panoplie d'éléments sont à respecter par les plateformes de Bourse en ligne. L'AMMC a d'ailleurs déjà sanction- né financièrement des opérateurs pour « défaillances au niveau de leurs solutions de Bourse en ligne » ou même pour « absence de profils SI qualifiés ». L'AMMC mène des missions de contrôle auprès des opérateurs à réception de plaintes de la part des investisseurs. Parallèlement, les SDB doivent déclarer elles-mêmes, de manière discrétionnaire, leurs incidents à l'AMMC. Le saut en avant Dans cet environnement tumul- tueux, certains intermédiaires ont décidé de placer la Bourse en ligne au cœur de leur stratégie et investir pleinement dans ce modèle. Wafa Bourse, du haut de ses 4.000 usa- gers, compte sur l'implication du groupe Attijariwafa bank, et arrive à placer plusieurs produits du groupe à travers ce canal digital : achats et ventes d'actions en temps réel, introductions en Bourse, transac- tions sur OPCVM... BMCE Capital Bourse (BK Bourse), qui vient d'achever complètement la modernisation de sa plateforme de Bourse en ligne, compte aussi sur ce canal. Bank of Africa a d'ailleurs doté, il y a des années, son réseau bancaire d'agences de plateformes

dédiées à la Bourse en ligne, ce qui en fait techniquement des relais de BK Bourse et permettent aux ordres du réseau bancaire d'atterrir immé- diatement sur la feuille du marché et aux chargés de clientèle de donner le cours du moment et le carnet d'ordres actuel aux clients. Chez d'autres banques, les cours et les données de marché dans le réseau bancaire sont actualisées en fin de journée. La nouvelle plateforme de BK Bourse offre la possibilité de passer tous les types d'ordres, un accès gratuit à l'information financière, un accès aux cotations d'options sur actions que le broker est le seul à offrir ainsi qu'aux marchés internationaux. Ceci en plus à la recherche étoffée réali- sée par BMCE Capital Research. CDG Capital Bourse, dont la pla- teforme est qualifiée de stable et robuste, diffuse des données de marché enrichies. Le broker vient d'ailleurs de lancer une offre gratuite d'abonnement pour remettre un coup de boost à sa base clientèle. Dernier entrant dans ce marché, Valoris Securities mise, lui, totale- ment sur l'expérience utilisateur. Streaming (qui dispense d'actualiser la page pour voir les dernières tran- sactions ou cours), interface gra- phique agréable et expérience iden- tique quel que soit le canal (mobile, ordinateur, tablette...) sont les points forts de cette solution. Une autre vague de sociétés de Bourse est en train de moderniser son offre de Bourse en ligne et plu- sieurs annonces sont attendues les mois à venir, alors que l'intérêt pour la Bourse en ligne a augmenté pen- dant les premiers mois de l'année. ◆

Tarifs

Les tarifs sur le marché sont assez homogènes. Il existe des charges fixes communes à tous les comptes titres (autour de 0,6% du montant d'une transaction), en plus d'une tarification, généralement mensuelle, d'accès à la plateforme et un coût de passage d'ordre qui varie entre 0,5% et 1%. Il est négociable selon la taille du portefeuille et l'activité du compte. Certaines SDB offrent même la gratuité des passages d'ordres et il arrive, comme c'est le cas actuellement, que des brokers offrent des prix promotionnels sur certaines périodes.

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