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ECONOMIE
JEUDI 9 ET VENDREDI 10 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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Institutions internationales
◆ Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques, déplore l’absence de bonne gouvernance des institutions multilatérales durant cette crise sanitaire. ◆ Dans pareil contexte, le Maroc a amélioré ses relations internationales avec l’Europe et les pays africains. Le multilatéralisme à l’épreuve de la Covid-19 L a crise de la Covid-19 a suscité un grand débat sur le nouveau visage de l’économie de demain. Une économie qui serait Par B. Chaou Cette crise a montré un écart entre la réalité de la globa- lisation et
l’absence de gouvernance mondiale.
plus renfermée sur elle-même suite à une relocalisation massive des multinationales vers leurs pays d’origine, notamment l’Eu- rope et les Etats-Unis. Si certains pays ont d’ores et déjà entamé ce processus, d’autres sont actuel- lement en plein débat sur le pour et le contre de cette politique, ainsi que les alternatives qui se présentent à eux. Des alternatives pouvant pallier la forte dépen- dance au marché chinois, surtout en ce qui concerne les matières premières. Il s’agit, à juste titre, d’une réflexion sans précédent dans l’histoire contemporaine, por- teuse de véritables mutations structurelles dans les relations internationales. L’Association pour le progrès des dirigeants s’est penchée sur le sujet, avec comme invité Pascal Boniface, directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), enseignant à l’Institut d’études européennes de l’Université de Paris VIII, et sommité mondialement reconnue en matière de géopolitique et de relations internationales. Parmi les problématiques rele- vées par l’expert lors de ce débat, c’est la montée de la puissance chinoise au détriment des États- Unis. Pour Pascal Boniface, la crise sanitaire n’est pas derrière ce changement, mais elle n’a fait qu’accélérer cette perspec- tive qui avait déjà débuté il y a quelques temps. « Ce qui change
surtout de la part des pays euro- péens où les choix des politiques à prendre devaient être conduits d’une manière plus unifiée. «Cette crise a montré un écart entre la réalité de la globalisa- tion et l’absence de gouvernance mondiale. On voit bien que les frontières ont réapparu suite à cette crise. Même si elles ne seront pas durables, elles ont démontré qu’il y a une crise du multilatéralisme aujourd’hui et qu’il faut résoudre» , explique Pascal Boniface. Le Maroc a pu se distinguer Par ailleurs, durant cette crise, le Maroc a pu améliorer ses rela- tions internationales, que ce soit avec l’Europe ou avec les pays africains. Justement, il a fourni plusieurs pays du continent en masques et matériels médicaux afin de les aider à faire face à la pandémie de la Covid-19. «Le fait que le Maroc ait soutenu les autres pays du continent prouve qu’il a été en cohérence avec son objectif, qui est d’être le par-
avec la Covid-19, c’est l’accé- lération du développement de la Chine. Les Chinois sont en train de rattraper, voire de dépasser la présence américaine au sein du multilatéralisme. C’est dans la logique du président américain Donald Trump de s’attaquer à toutes les institutions internatio- nales, dont dernièrement l’Orga- nisation mondiale de la santé» , a indiqué l’expert. Il poursuit : « En faisant ça, les Etats-Unis se renferment sur eux-mêmes, s’isolent de plus en plus de la scène politique inter- nationale, au moment où la Chine accroît sa position dans les dif- férentes institutions internatio- nales».
Le Maroc a depuis longtemps eu une stratégie africaine cohérente.
tenaire des pays africains. Ces aides ont renforcé ses liens sur un nouveau volet, qui est le sani- taire», rappelle Pascal Boniface. Concernant l’Europe, le Maroc a pu démontrer qu’il pouvait être un partenaire sur lequel le Vieux continent pouvait comp- ter. En effet, afin de s’adapter à la crise, plusieurs industriels ont changé d’activité pour pro- duire des masques; cela a permis d’en fournir à des pays d’Eu- rope. «Je ne pense pas que le Maroc soit abandonné économi- quement. Déjà avec la France, il y a des enjeux majeurs sur le plan politique et économique. Et les ID E au Maroc restent impor- tants», estime par ailleurs Pascal Boniface. ◆
Un multilatéralisme mal gouverné
Par ailleurs, l’expert en géopoli- tique a remis en question la qua- lité de gouvernance du système multilatéral durant cette crise. Un système qui a notamment été marqué par le repli sur soi et la prise de décisions unilatérales,
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