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ECONOMIE

JEUDI 9 ET VENDREDI 10 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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Artisanat

◆ La plupart des professionnels sont confrontés au recul de la demande pour écouler leurs produits. ◆ Des problèmes de trésorerie perturbent la reprise pour de nombreux artisans. Le secteur veut du soutien pour redémarrer F ortement liées au sec- teur touristique, les branches de l’artisanat sont durement impac- tées par la crise due à Par C. Jaidani

Les artisans sollicitent des mesures de soutien pour l’orga- nisation de foires et expositions et le lan- cement de plateformes digitales pour la pro-

la Covid-19. La situation a atteint un niveau alarmant pour une acti- vité qui a une dimension sociale importante. Le secteur emploie d’une façon directe et indirecte 2,4 millions de personnes, soit 20% de la popu- lation active nationale. Outre les producteurs, les com- merçants et les exportateurs des produits d’artisanat n’arrivent pas encore à relancer leur acti- vité faute d’une demande tant au niveau national qu’à l’export. «C’est une crise brutale et inédite. Plusieurs artisans se retrouvent avec un stock important qu’ils n’arrivent pas à écouler. Par manque de visibilité, ces diffi- cultés peuvent perdurer pour le reste de l’année, voire l’année prochaine. Pour survivre, certains professionnels ont été contraints de se reconvertir à d’autres acti- vités comme le commerce de fruits et légumes ou de produits à forte consommation», souligne Fatima Aït Hamou, présidente de l’Association Al Assala.

motion de leurs pro- duits.

Selon le département de tutelle qui a lancé une enquête sur le sujet, 85% des artisans étaient en arrêt total de travail. «Malgré le déconfinement, plusieurs artisans n’ont pas pu démarrer leur activité. Les consommateurs ont d’autres pré- occupations et les produits d’ar- tisanat sont considérés comme facultatifs, surtout ceux de la décoration ou de l’ornement. Les produits qui continuent à être sol- licités sont les ustensiles de cui- sine comme les tajines», explique Aït Hamou. La crise de l’artisanat n’est pas

uniquement celle de la demande. Les professionnels ont un pro- blème de trésorerie et ont besoin de fonds pour pourvoir redémar- rer. «Durant les trois mois du confi- nement, toutes nos économies ont été dépensées pour satis- faire nos besoins quotidiens. La plupart des professionnels sont actuellement à court d’argent et incapables de payer les charges (loyers, salaires des employés, achat de matières premières…). Si le gouvernement, en partena- riat avec les banques, a prévu un ensemble de dispositifs pour soutenir les entreprises comme le crédit Damane Oxygène, pour le moment aucune disposition au profit des personnes du secteur opérant dans l’informel n’a vu le jour », affirme Mohamed Benali, secrétaire général de l’Associa- tion des artisans du quartier des Habous de Casablanca. L’enquête du ministère de l’Arti- sanat fait ressortir que 34% des artisans interrogés sollicitent un crédit sans intérêt ou une aide directe de l’Etat. 12% prônent

des aides au niveau de la com- mercialisation, avec l’organisa- tion des foires et expositions ou des plateformes digitales à forte audience pour écouler leurs pro- duits. Les coopératives opérant essen- tiellement dans l’export trouvent beaucoup de difficultés à vendre leurs produits et leurs représen- tants ne cachent pas leurs inquié- tudes quant aux perspectives d’avenir incertaines. «Nous avons travaillé pendant des années pour avoir une notoriété et promouvoir nos produits dans des marchés étrangers en Europe et dans d’autres contrées. Nous sommes contraints de tout refaire pour pouvoir récupérer notre positionnement. Dans ces condi- tions, nous ne pouvons atteindre nos objectifs sans un soutien de l’Etat, surtout que la crise a une connotation internationale et elle risque de se prolonger jusqu’en 2021, voire 2022» , affirme Sanaa Alami, Directrice générale de la coopérative Al Wahda, basée à Fès et spécialisée dans les pro- duits de décoration. ◆

Pour répondre aux attentes des acteurs du secteur de l’artisanat, un nouveau projet de loi a été adopté à la Chambre des représentants. L’objectif de ce texte est de renforcer le cadre juridique, règlementaire et institutionnel de l’activité afin d’améliorer la qualité et la producti- vité. Il s’agit en fait de mettre à niveau le secteur et de le rendre plus professionnel en organisant les filières selon leur nature et d’imposer des conditions professionnelles et règlementaires pour l’exercice du métier. Ce projet de loi permettra de faciliter les capacités de ciblage des programmes spéciaux déclinés par le gouvernement. Un projet de loi pour encadrer le secteur

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