Argenteuil_2014_08_20

PORTRAIT

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Johnny, le cordonnier du coin FREDERIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca

facile pour moi parce que j’étais dans la sou- dure des pipelines, un travail de pression in- tense qui exige d’être perfectionniste. C’est pratiquement la même chose dans la cor- donnerie où il faut viser la perfection. Si je ne suis pas perfectionniste, je ne peux pas faire ces deux métiers». Une gentillesse qui se laisse aisément apprécier, un service à la clientèle qui se veut impeccable…sont quelques-uns des cadeaux que le cordonnier du coin garan- tit aux usagers de son atelier où cohabitent paci!quement sacs, manteaux, chaussures, cirages, machines à coudre, clés de serrure, ceintures, boîtes de carton et autres acces- soires dignes d’intérêt pour les regards cu- rieux. C’est lui, Johnny, le seul docteur qui

LACHUTE I Chaque jour, il caresse le bon- heur au fond des souliers qui ne le quittent pas d’une semelle. Ils attendent de sortir de l’usure pour retrouver le chemin de la jeunesse grâce à Johnny Demerjian, pro- priétaire de l’atelier Cordonnerie 2000, sis au Centre commercial de Lachute. Le seul et l’unique cordonnier de Lachute est nanti d’une expérience à faire pâlir d’envie plus d’un. À 17 ans, l’Arménien d’origine, né en Syrie, a commencé à travailler pour une compagnie pétrolière américaine en qua-

lité de soudeur de pipelines. Ce métier l’a fait voyager à travers le monde, de Dubaï à Singa- pour en passant par l’Inde, l’Arabie Saoudite et bien d’autres pays en- core, qu’il préfère

règne sur cet em- pire lachutois des souliers malades à soigner ou à gué- rir. Sa grande poly- valence se mesure au nombre impres- sionnant de ser- vices qu’il o$re. Tan- tôt à la caisse pour

Arrivé à Montréal, voilà 28 ans, le quinquagénaire qui parle le français, l’anglais, le grec et l’arabe a troqué les conduites d’acheminement de pétrole contre les chaussures.

Le cordonnier Johnny Demerjian au travail dans son atelier.

je n’ai pratiquement pas eu de vacances, il n’y a pas de stress ici.» Les bons souvenirs de la Place Vertu, du Carrefour Laval et de la rue Sherbrooke dans la métropole ne l’ont pas pour autant quitté. Il nous montre !è- rement l’album photo de ses prouesses sur des semelles abîmées et complètement éli- mées qu’il a réussi à sauver d’un abandon certain. Là, rejaillit dans sa pensée, toute l’importance d’un métier en voie de dispa-

rition dans la société. «Qui ferait les souliers s’il n’y avait pas de cordonniers?», demande M. Demerjian. Pour redorer le blason de son métier, il a participé à un projet gouverne- mental qui lui permettait de transmettre son savoir. Aujourd’hui encore, c’est un cri de dé- tresse qu’il pousse en réalisant que dans le cœur des jeunes, le cordonnier demeure toujours mal chaussé.

résumer en ces termes: «J’ai travaillé dans la mer, dans le désert, en Afrique, en Asie, bref dans presque tous les pays producteurs de pétrole». Arrivé à Montréal, voilà 28 ans, le quin- quagénaire qui parle le français, l’anglais, le grec et l’arabe a troqué les conduites d’acheminement de pétrole contre les chaussures. Demandez-lui pourquoi ce plongeon dans les souliers après avoir long- temps exploré les profondeurs des mers grâce aux pipelines. Le visage rayonnant d’un sourire, il répondra, sans aucune en- vie de surprendre, que la conversion a été simple comme une lettre à la poste: «C’était

faire payer les clients, tantôt sur la machine à coudre pour redonner vie à un sac, à une ceinture, tantôt penché sur ses outils pour ressusciter une botte, une semelle, un talon, un fermoir, une fermeture, faire la teinture, tantôt au téléphone pour répondre à un client ou prendre les commandes… M. De- merjian est visiblement un homme à tout faire que comprend souvent la clientèle. Celle-ci lui lancerait parfois «Johnny prends ton temps!», quand elle s’aperçoit que, déjà occupé, il tient à la servir. «J’aime les gens de Lachute, ils sont sympathiques et la ville est belle et calme, con!e-t-il. En 25 ans de travail à Montréal,

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