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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 NOVEMBRE 2025

marge de manœuvre des États. Dans ce contexte, a-t-il insisté, le secteur privé doit désormais prendre le relais et devenir le prin- cipal moteur de la croissance afri- caine. Pour y parvenir, la SFI a défi- ni plusieurs axes opérationnels. D’abord, structurer un pipeline d’actifs de qualité et de taille suffisante afin d’attirer les inves- tisseurs institutionnels de long terme. Ensuite, accélérer l’inves- tissement dans la technologie et la donnée, tout en incitant les banques à partager davantage d’informations pour faciliter le financement des PME. L’institution entend également accroître ses opérations en monnaies locales, qui représentent déjà près de 30% de son portefeuille, en renforçant la coopération avec les Banques centrales et commerciales pour échanger la liquidité locale contre des ressources en dollars. Enfin, la SFI prévoit de consolider ses dispositifs de garantie unifiés pour réduire le risque perçu et mieux canaliser les capitaux vers les économies africaines. Le message est sans ambiguï- té: sans un secteur privé africain solide, visible et en première ligne, les capitaux étrangers ne suivront pas. L’avenir du financement du développement dépend désor- mais de la capacité des acteurs du continent à se capitaliser, à mutualiser et à innover. C’est sur cette base que pourra s’écrire le prochain cycle d’investissement africain. ◆ La cinquième édition de l'Africa Financial Summit a réuni les 3 et 4 novembre à Casablanca, 1.250 dirigeants financiers africains et internationaux ainsi que des décideurs publics, pour discuter des défis financiers du continent. Banques, assurances, opérateurs du marché des capitaux, et autres régulateurs ont débattu de nom- breux sujets lors d'une multitude de panels avec comme théma- tique principale 2025: la souve- raineté financière de l'Afrique. L'AFIS en chiffres

 La ministre de l’Economie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a marqué par sa présence la cérémonie d’ouverture de l’AFIS 2025.

AFIS 2025 L’heure d’une «finance africaine par l’Afrique»

marchés de capitaux mieux inté- grés. L’enjeu : enfin faire jouer l’effet d’échelle continental. L Les discours d’ouverture de l’Africa Financial Summit (AFIS) 2025 donnent le cap pour passer du constat à l’action, en bâtissant une souveraineté financière fondée sur l’épargne domestique, la solidité des institutions locales et l’interopérabilité des marchés. Par A. Hlimi Des chocs inédits qui appellent un changement de méthode

e constat des opérateurs éco- nomiques est sans appel : il est urgent de mobiliser à grande échelle fonds de pension, com- pagnies d’assurances, banques, fintechs et marchés de capitaux, encore «trop souvent sous-uti- lisés ou investis ailleurs», pour accompagner le développement du continent. L’ambition est de transformer un potentiel reconnu en moteur concret de prospérité. «L’Afrique n’a pas un problème d’épargne, mais de circulation et d’allocation du capital», a résumé Makhtar Diop, Directeur général de la Société financière internatio- nale (IFC), à l’ouverture de la cin- quième édition de l’AFIS, durant laquelle les opérateurs africains

ont salué la résilience de la crois- sance et la vitalité du secteur privé africain, tout en soulignant les fragilités politiques et sécuritaires du continent. Amir Ben Yahmed, CEO de Jeune Afrique Media Group - organi- sateur du sommet -, a félicité le Maroc, présenté comme un modèle de stabilité, d’infrastruc- tures et de politiques publiques, avant de rappeler une idée forte : avec la puissance vient la respon- sabilité. Il appelle ainsi Rabat à donner l’impulsion, aux côtés de Johannesburg, Lagos, Abidjan ou Douala, pour co-investir et bâtir un capitalisme financier africain fondé sur des actionnaires croi- sés, des projets conjoints et des

Makhtar Diop, a dressé un tableau lucide et exigeant de la situa- tion économique mondiale. Il a souligné la simultanéité inédite des chocs géopolitiques, com- merciaux et technologiques, notamment liés à l’intelligence artificielle, qui fragilisent les équi- libres globaux. À cela s’ajoutent un endettement nettement supé- rieur à celui d’il y a dix ans et un reflux marqué de l’aide publique au développement, réduisant la

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