FNH N_ 1214

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 NOVEMBRE 2025

Khalid Safir «Pour mobiliser l’épargne africaine, il faut rassurer, massifier et professionnaliser»

tisseurs et renforcer la confiance. Enfin, il a rappelé que la mobilisa- tion de l’épargne ne peut réussir sans expertise technique. La for- mation des acteurs, la montée en compétence des gestionnaires et la capacité à structurer des pro- jets bancables restent des mail- lons essentiels pour transformer le capital disponible en investisse- ments concrets. L’Afrique dispose des ressources nécessaires, mais leur mise en mouvement suppose un cadre stable, des règles homogènes et des compétences solides. ◆ Les flux générés par les particuliers surpassent ceux des Institutionnels Les interventions des investisseurs sur le com- partiment des actions du marché central ont été principalement portées par les OPCVM au deu- xième trimestre, selon l'AMMC. Ces investisseurs concentrent 36,7% du volume total des transac- tions, suivis des personnes physiques marocaines avec une part de 27,9%, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis le troi- sième trimestre 2017. En troisième position, les personnes morales maro- caines représentent 25,4%, suivies par les per- sonnes morales étrangères avec 6,3% et les investis- seurs opérant via le réseau bancaire, qui représentent 3,5% du volume.

Lors d'une intervention à l’Africa Financial Industry Summit (AFIS) 2025, le Directeur général de la CDG a livré une réflexion structurée sur les conditions nécessaires à une mobilisation plus efficace de l’épargne en Afrique. Par A. Hlimi

 Khalid Safir : «les États et les régulateurs doivent mettre en place des mécanismes adaptés pour protéger les inves- tisseurs et renforcer la confiance».

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halid Safir a d’abord pointé un obstacle fondamental à la mobi- lisation de l'épargne en Afrique: le poids persistant du secteur informel, qui concentre une part importante des revenus, mais reste en marge du système finan- cier. Pour lui, mobiliser cette épargne “invisible” suppose avant tout de rassurer et de sécuriser ces acteurs. «Il faut intéresser ce secteur informel à l’épargne en le tranquillisant, en le rassurant, qu’il accepte de rentrer un peu dans le système», a-t-il expliqué. Cela passe, selon lui, par le déve- loppement de produits simples et protecteurs - assurances, couver- tures sociales, produits d’épargne sécurisés - capables d’attirer

ces populations vers la formali- sation. Cette inclusion financière progressive serait, selon Safir, le socle d’une base d’épargne élar- gie et stable, condition préalable à tout financement endogène du développement.

nale des réglementations et à la création de plateformes d’inves- tissement sectorielles communes, capables de mutualiser les risques et d’attirer des capitaux à l’échelle continentale. «Si on crée des pla- teformes qui couvrent plusieurs pays, sur les mêmes types d’in- vestissement, avec des risques opérationnels clairs et prévisibles, on fera un grand pas» , a-t-il insis- té, citant notamment le secteur de l’énergie (électricité, dessalement, etc.) comme exemple de champ d’action transfrontalier.

Massifier et canaliser l’épargne

Le second levier identifié par le DG de la CDG est la massification des encours collectés. Les res- sources africaines, encore disper- sées et peu structurées, doivent être canalisées vers des projets à long terme. Il plaide pour un cadre prudentiel rénové permettant aux investisseurs institutionnels -fonds de pension, assurances- de diversifier davantage leurs pla- cements vers des secteurs pro- ductifs. Mais la transformation ne peut s’arrêter aux frontières. Safir appelle à une harmonisation régio-

Couvrir les risques et renforcer l’expertise

Le troisième pilier évoqué est celui de la couverture des risques, en particulier ceux liés aux premières pertes sur les grands projets d’in- frastructure. Selon Khalid Safir, les États et les régulateurs doivent mettre en place des mécanismes adaptés pour protéger les inves-

Le poids persistant du secteur informel, qui concentre une part importante des revenus, mais reste en marge du système financier.

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