ECONOMIE
32
FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 NOVEMBRE 2025
à 70% d’intégration locale. On importe encore les moteurs», rappelle Jadri. La valeur ajou- tée reste faible. «De janvier à septembre, nous avons impor- té près de 13,6 milliards de dirhams de produits automo- biles et exporté 19 à 20 mil- liards. La valeur ajoutée réelle est d’environ 4 milliards. Ce n’est pas énorme», souligne-t-il. Cette faible productivité se retrouve dans d’autres sec- teurs, y compris le tourisme, bien que n’appartenant pas à l’industrie au sens strict. « Le tourisme souffre lui aussi d’un déficit de productivité», observe l’économiste. Il rap- pelle que le pays a accueilli près de 15 millions de touristes entre janvier et septembre pour des recettes avoisinant 100 mil- liards de dirhams. «Cela repré- sente environ 500 à 600 euros par séjour de six jours. C’est très faible parce qu’on n’offre pas un package adapté» , note- t-il. Dans l’industrie comme dans le tourisme, la création de valeur se situe en dessous de son potentiel. Effets collatéraux Le manque de productivité génère plusieurs effets colla- téraux. Il limite l’augmentation de la valeur ajoutée et pèse sur la création d’emplois qualifiés. Il entretient une dépendance à l’importation, aggravant la fuite de devises. Il réduit enfin les recettes fiscales. « Si l’on pro- duit plus, on paie plus d’im- pôts. On crée plus d’emplois» , résume Jadri. Le diagnostic est clair : l’industrie croît, mais son impact économique reste bridé. Au cœur de cette problématique se trouve le capital humain. «Nous avons beaucoup de tech- niciens et d’agents de maîtrise, mais quand il s’agit de profils hautement qualifiés, la pénurie est réelle. L’enseignement n’est pas toujours adapté», souligne Jadri. Les entreprises hésitent à confier des responsabilités à des jeunes manquant d’expé- rience, ce qui ralentit la mon- tée en compétence. Le phé- nomène est aggravé par l’émi-
L’industrie marocaine manque de profils hautement qualifiés, ce qui est un frein majeur à la productivité.
Compétitivité Le maillon faible de l’industrie marocaine
nnée faste, mais réussite incomplète. C’est, en subs- tance, le message livré par Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du Commerce, lors de la présentation du baromètre 2024 de l’industrie. Malgré des performances qua- lifiées de «record» , le Maroc souffre d’un déficit de producti- vité. Un diagnostic qui rappelle que la croissance industrielle doit désormais s’accompagner d’une montée en valeur. Le baromètre confirme la pour- suite de la dynamique enga- gée depuis plus d’une décen- nie. L’automobile demeure le A L’industrie marocaine affiche d’excellents résultats en 2024, mais un angle mort persiste : la compétitivité. C’est le principal constat dressé le 28 octobre à Rabat lors de la présentation du baromètre annuel du secteur. Par R. Mouhsine premier poste d’exportation et l’un des premiers employeurs industriels. L’aéronautique ren- force ses capacités. La phar- macie progresse. Cette tra- jectoire positive ne masque cependant pas les fragilités du système productif, notamment son incapacité à générer plus de valeur ajoutée. Car si l’in- dustrie exporte plus, elle trans- forme encore trop peu. Pour l’économiste Mohammed Jadri, la situation doit s’ana- lyser sur le temps long : «cela fait vingt-cinq ans que le Maroc bâtit les fondamentaux de son industrie. Nous avons travaillé sur les infrastructures, le capi- tal humain, l’énergie, le cli- mat des affaires, la logistique. Beaucoup de choses ont été facilitées. Mais le grand pro- blème qui demeure, c’est l’inté- gration locale» . Autrement dit, la base est posée, mais l’édi- fice peine à se densifier. Le secteur automobile en four- nit l’illustration la plus parlante. Le Maroc est passé du simple assemblage à une industrie complète, structurée autour de plus de 250 usines et 300.000 emplois. Pourtant, l’intégration locale plafonne. « Aujourd’hui, l’automobile atteint à peine 64
www.fnh.ma
Made with FlippingBook flipbook maker