FNH N_ 1214

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 NOVEMBRE 2025

Financement non lucratif Levier de solidarité durable en Afrique et dans le monde arabe

dans la cohésion sociale et l'avenir des jeunes. La Zakat et le Waqf ne sont pas de simples dons : ce sont des institutions financières sociales historiques, basées sur des principes de durabilité et de redistribution structurée. Ils offrent un potentiel de finan- cement immense et stable. Le Waqf, en particulier, permet de générer des revenus pérennes pour financer sur le long terme des initiatives sociales, cultu- relles ou citoyennes, offrant une résilience que les dons ponctuels ne peuvent égaler. Notre approche est d'utiliser ces instruments ancrés, dans la culture arabo-musulmane comme dans nos économies locales, et de les moderniser. Nous devons les intégrer aux mécanismes de la finance moderne pour en faire des leviers de financement durable à l'échelle du continent, en partenariat avec les institu- tions, les entreprises et les citoyens. F. N. H. : La question de la transparence et de la confiance est cru- ciale dans le secteur associatif. Comment les nouvelles technolo- gies financières (fintech, blockchain, traçabilité des dons) peuvent-elles contribuer à renforcer la crédibilité du finance- ment non lucratif ? Dr N. C. : La gouvernance et la transparence sont le socle de la confiance, et la confiance est la monnaie d’échange essentielle dans le non-profit. Nous devons utiliser la techno-

À l’aube du premier Sommet arabo-africain sur le financement non lucratif à Rabat, des acteurs régionaux explorent de nouvelles approches. La finalité est de créer une solidarité durable, adaptée aux réalités locales et portée par les jeunes leaders. Entretien avec Dr Nizar Chaari, fondateur d'EPIK Leaders et organisateur du Sommet.

Propos recueillis par Ibtissam Z.

venter les modèles de solida- rité. Sur le terrain, la conséquence concrète est la fragilisation de la continuité des projets à fort impact social. Lorsque les financements se tarissent, des initiatives en matière de santé, d’éducation ou d’auto- nomisation des jeunes s’ar- rêtent, créant des ruptures qui affectent directement les com- munautés. Notre réponse est évidente : le développement de l’Afrique ne viendra pas de la géné- rosité extérieure, mais de notre capacité à inventer nos propres modèles. Il s’agit de passer d’une logique d’assis- tance à une logique de par- tenariat, et de construire une véritable souveraineté soli-

daire. Le sommet de Rabat vise à créer des mécanismes de financement plus résilients, enracinés dans nos valeurs et nos économies locales, pour ne plus dépendre des fluctua- tions géopolitiques. F. N. H. : Vous mettez en avant la Zakat et le Waqf comme leviers de financement alternatifs. En quoi ces instruments, profondément ancrés dans la culture arabo- musulmane, peuvent- ils devenir des outils modernes de développe- ment solidaire ? Dr N. C. : Le financement du non-profit, ce n'est pas de la charité, c'est un acte de lea- dership et un investissement

Finances News Hebdo: Le retrait de l’USAID de plusieurs pays afri- cains a fragilisé de nom- breux projets associatifs. Quelles sont les consé- quences concrètes de ce désengagement sur le terrain, et comment les acteurs locaux peuvent- ils y faire face ? Dr Nizar Chaari : Ce désenga- gement, et plus largement l’es- soufflement des financements traditionnels et des aides exté- rieures, nous confronte à une urgence vitale : celle de réin-

Le développement de l’Afrique ne viendra pas de la générosité extérieure, mais de notre capacité à inventer nos propres modèles.

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