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DEVELOPPEMENT DURABLE 46

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 NOVEMBRE 2025

la demande. Son scénario ambi- tieux, à 66,8 TWh/an, représen- terait près de 50% de plus que nos besoins électriques, estimés à 45 TWh/an. Même le scénario dit modeste, à 20 TWh, couvrirait environ 44% de nos besoins. Ces modélisations sont réalistes et illustrent l’importance d’une stra- tégie claire» , affirme-t-il. L’expert nuance toutefois cet optimisme en rappelant que «cela ne veut pas dire que toute cette puissance peut être ins- tallée», évoquant les obstacles techniques, financiers et surtout réglementaires. Selon lui, une cadence d’instal- lation de 850 MW à 1 GW par an en autoproduction décentralisée serait suffisante pour rattraper le retard accumulé dans la transi- tion énergétique. «La part réelle des renouvelables dans notre mix électrique est aujourd’hui de 24%. Pour atteindre 52% d’ici 2030, il faudrait instal- ler plus de 1.250 MW par an. L’autoproduction aurait pu être une solution élégante pour y par- venir, mais elle reste entravée par la réglementation actuelle» , précise Guemra. Le rapport IMAL rejoint cette ana- lyse en soulignant que le dévelop- pement du solaire sur toiture est aussi un vecteur de justice territo- riale. Les régions de Casablanca- Settat, Fès-Meknès et Rabat- Salé-Kénitra concentrent près de 50% du potentiel total, tandis que les zones du Sud et de l’Oriental offrent les meilleurs rendements solaires. Sur le plan climatique, l’impact serait considérable. Dans sa CDN 3.0 (2026-2035), le Maroc s’est engagé à réduire de 53% ses émissions de gaz à effet de serre. Or, le scénario optimiste d’IMAL, avec 48,19 millions de tonnes de CO2 évitées, dépasse déjà les objectifs nationaux. Cette performance renforcerait la crédibilité du Royaume sur la scène internationale et per- mettrait la création d’un marché national de crédits carbone valo- risables, soutenant la rentabilité économique des projets solaires.

 Selon les projections d’IMAL, les installations photovoltaïques pour- raient couvrir entre 59% et 98% des besoins de recharge, transformant chaque foyer et chaque voiture en maillon actif du système électrique.

SERD

Plus que des toitures, des sources d’énergie Porté par une vision d’indépendance énergétique et de justice territoriale, le Maroc voit émerger une révolution silencieuse : celle des toitures productrices d’énergie. Selon le rapport 2025 de l’Initiative IMAL pour le développement et le climat, les Systèmes d’énergies renouvelables décentralisés (SERD) pourraient, d’ici 2035, transformer profondément le modèle énergétique du pays.

Par Désy M.

À

l’heure où la communauté inter- nationale prépare ses engage- ments pour la COP30, le Maroc n’est pas en reste et augmente ses ambitions climatiques en misant sur ses énergies renouve- lables, en général, et le solaire, en particulier. Au-delà des grands projets tels que les stations Noor à Ouarzazate, d’autres ini- tiatives émergent, à l’instar des Systèmes énergétiques renouve- lables décentralisés (SERD). Un nouveau rapport de l’Initiative IMAL pour le climat et le dévelop- pement, intitulé «Le potentiel des systèmes énergétiques renouve- lables décentralisés au Maroc», a révélé une analyse détaillée de ce gisement insoupçonné, notam- ment celui du potentiel solaire

décentralisé sur les toitures. Ces millions de mètres carrés de surfaces urbaines et rurales qui pourraient, selon les auteurs, produire une part majeure de l’électricité nationale et remode- ler le rapport du pays à l’énergie. Un potentiel à ciel ouvert Le Maroc fait face à une hausse continue de la demande éner- gétique, portée par l’industria- lisation et la modernisation des infrastructures. Dans ce contexte, les SERD apparaissent comme un levier essentiel pour renforcer la souveraineté énergétique du Royaume, tout en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Selon le rapport IMAL, le poten- tiel de production solaire sur les

toitures bâties entre 2000 et 2035 atteindrait, dans le scénario le plus ambitieux, 66,8 TWh d’élec- tricité par an pour 28,6 GW de capacité installée, soit un marché estimé à 31 milliards de dollars et 48 millions de tonnes de CO 2 évi- tées. Le scénario médian évoque 40,1 TWh et 17,1 GW, tandis que le scénario prudent table encore sur 20 TWh et 8,6 GW. Autrement dit, même la projection la plus modeste permettrait de couvrir près de la moitié de la demande nationale actuelle. Pour le Dr Saïd Guemra, consul- tant en énergie et observateur averti du secteur, ces chiffres ne sont pas une utopie. «Le rap- port Imal répond brillamment à la question de la croissance de

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