DEVELOPPEMENT DURABLE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 6 NOVEMBRE 2025
pératives ou commerces par- tagés sont exclus. En pratique, seule une minorité aisée, habi- tant des villas, peut y accéder. Il appelle à une réforme complète désormais indispensable : «il faut une nouvelle loi juste, qui protège les intérêts du distributeur tout en libérant ceux des citoyens. Aujourd’hui, les refus et blocages ne profitent qu’aux distributeurs. Je propose une compensation renouvelable de 5 à 10 cen- times par kWh autoproduit, pour rémunérer le service de secours
lages, ses écoles et ses routes. Si la transition énergétique est une course de fond, les systèmes décentralisés en sont désormais le moteur collectif. Ils offrent la possibilité à chaque citoyen de produire, consommer et parta- ger son énergie. «Le Maroc a tout pour devenir un laboratoire africain de l’énergie décentrali- sée. Encore faut-il transformer la volonté politique en cadre opé- rationnel clair», conclut Rachid Ennassiri, directeur d’IMAL, cité dans le rapport. ◆
Véhicules électriques, réseaux intelligents : la boucle de l’au- tonomie L’avenir du modèle énergétique marocain ne se jouera pas seule- ment sur les toits, mais aussi sur les routes. D’ici 2035, la Stratégie bas-carbone 2050 prévoit 2,5 millions de véhicules électriques en circulation. S’ils sont équipés de recharge bidirectionnelle, ces véhicules offriraient une capa- cité de stockage de 39.420 GWh, soit 91% de la demande natio- nale projetée. Couplés au solaire sur toitures, ils formeraient une infrastructure énergétique mobile et intelligente, capable de renfor- cer la stabilité du réseau. Selon les projections du rapport, les installations photovoltaïques pourraient couvrir entre 59% et 98% des besoins de recharge, transformant chaque foyer et chaque voiture en maillon actif du système électrique. Mais la route vers cette autonomie reste semée d’embûches réglemen- taires. Le Dr Guemra rappelle que le principal obstacle n’est plus technique ni financier : «nos banques sont prêtes à financer la transition, mais il y a très peu de projets. La loi 82-21 de 2023 est d’une complexité excessive : elle nécessite quatorze textes régle- mentaires, dont à peine deux ont été produits». L’expert déplore également que l’injection d’électricité dans le réseau soit limitée à 20% de la production, ce qui réduit drasti- quement la rentabilité des instal- lations. «Un ménage qui produit son énergie solaire doit souvent en injecter plus de 60% dans le réseau, mais ne peut en vendre qu’une infime part. Il perd jusqu’à 40% de sa production, et le retour sur investissement double. Le même problème se pose pour l’industrie lors des week-ends ou arrêts de production. Ce n’est pas un modèle viable» , déplore- t-il. Au-delà des aspects écono- miques, il estime que la loi actuelle freine une dynamique sociale. L’autoproduction collective n’est pas prévue : les immeubles, coo-
électrique. Le distributeur doit devenir un partenaire, pas un adversaire». Ces remarques rejoignent les recommandations d’IMAL, qui appellent à opérationnaliser la loi 82-21, investir dans les réseaux intelligents, réviser les codes du bâtiment et créer un fonds national SERD pour soutenir les ménages et les PME. La souveraineté énergétique du Maroc ne se construira pas seu- lement dans le désert, mais sur les toits de ses villes, ses vil-
5 GW d’électricité verte au profit de l’industrie marocaine Energies renouvelables
L e chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, le lundi 3 novembre 2025 à Rabat, la cérémonie de signature d’une convention réunissant le gouvernement, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN), ainsi que l’Agence nationale de gestion stratégique des parti- cipations de l’État et de suivi de la performance des établissements et entreprises publics (ANGSPE). Cette convention vise la réalisation de projets inté- grés de production d’électricité à partir des énergies renouvelables, dans le cadre des efforts du gouverne- ment pour renforcer l’efficacité énergétique au Maroc, conformément aux hautes orientations royales. Cet accord s’inscrit dans la volonté d’insuffler une nouvelle dynamique à la mise en œuvre du Programme national des énergies renouvelables (PNER), tout en constituant une étape importante dans la refondation
d’un partenariat efficace entre le gouvernement et les établissements et entreprises publics opérant dans le secteur des énergies renouvelables, afin de garantir une transition énergétique souveraine, efficiente et durable. La convention permettra d’accélérer la mise à dispo- sition de 5 gigawatts d’électricité verte au profit de l’industrie marocaine d’ici 2030, tout en rationalisant les coûts sur l’ensemble de la chaîne de valeur et en assurant un partage équitable des responsabilités entre l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et l’Agence marocaine pour l’énergie durable (MASEN). Elle garantit également la stabilité contractuelle et éco- nomique des projets liés aux énergies renouvelables, conformément aux objectifs de la politique de partici- pation de l’État, visant à renforcer la complémentarité et la convergence entre les établissements et entre- prises publics. ◆
51 milliards d'euros pour le climat et le développement durable en 2024 BEI L e Groupe Banque européenne d'investissement (BEI) a enga- gé un montant record de 51 milliards d'euros en faveur de
De même, le rapport souligne que l’intensité moyenne des émissions de gaz à effet de serre des projets de production d’électricité du por- tefeuille du Groupe BEI a diminué d’environ 75% entre 2018 et 2024, rappelant qu’en 2020, la BEI a pro- gressivement cessé de soutenir les projets de production d’électricité à partir de combustibles fossiles non captés, tout en renforçant «considé- rablement» son soutien aux énergies renouvelables. «Depuis 2021, le Groupe BEI a soute- nu des investissements estimés à 563
milliards d’euros, ce qui lui permet de rester en bonne voie d’atteindre son objectif de soutenir 1.000 milliards d’euros d’investissements dans l’ac- tion climatique et le développement durable au cours de la décennie cru- ciale qui s’achèvera en 2030», affirme le groupe dans un communiqué. Au-delà du climat, la BEI continue d’investir dans l’impact social, à travers des projets qui soutiennent des communautés inclusives et rési- lientes, les infrastructures sociales, l’éducation, la santé, l’égalité des genres et le logement abordable. ◆
l'action climatique et du développe- ment durable en 2024, selon un rap- port de l'institution publié mardi. Cette somme représente environ 60% des investissements totaux du groupe, et les investissements approuvés en 2024 devraient créer environ 1,5 mil- lion d’emplois d’ici 2028, relève le document, qui constitue le premier rapport annuel consolidé de la BEI dédié au développement durable.
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