FNH N° 1165-1

Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc

Du 19 septembre 2024 - 8 DH - N° 1165

PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC

Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli

Europe, le rêve d’une jeunesse en errance Crise migratoire à Fnideq P. 2/31

Les professionnels anticipent une nouvelle baisse du taux directeur POLITIQUE MONÉTAIRE

P. 7

Transferts des MRE Garants des équilibres macroéconomiques…  Entretien avec Hassan Edman, professeur en économie et gestion

Marché du ciment Un cycle bas propice aux opérations de concentration P. 9

De Lincoln à Trump La longue histoire de la violence politique aux USA

P. 26/27

P. 12 à 14

Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma

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JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

SOMMAIRE

Editorial

Voyons voir : Le Hezbollah, le Mossad et le bip mor- tel… des bipeurs Ça se passe au Maroc Ça se passe dans le monde 3 4 5 3 ACTUALITÉ

26 26 28 28 SANTÉ 24 24

L'UNIVERS DES TPME

Entretien avec Wafa Rhallam : SmartGlobe, «Le financement est un enjeu majeur en tant que startup»

Fatima Ouriaghli Directeur Général responsable de la Publication

POLITIQUE

Sebta

De Lincoln à Trump : La longue histoire de la vio- lence politique aux USA

L Si près, si loin

Point Bourse Hebdo : Le grand saut est-il pour bientôt ? Politique monétaire : Les professionnels anticipent une nouvelle baisse du taux directeur Endettement : Le profil type de l'emprunteur maro- cain Marché du ciment : Un cycle bas propice aux opéra- tions de concentration Maroc Telecom : Après le litige, cap sur la 5G et les nouveaux investissements 6 7 8 9 10 6 BOURSE & FINANCES 11 ECONOMIE Chômage des jeunes : Ce que recommande l’OCDE au Maroc

e week-end dernier, le Maroc a été témoin de scènes inouïes : des dizaines de jeunes, désespérés par l'ab- sence de perspectives et écrasés par un chômage endé- mique, ont tenté de franchir la frontière vers le préside occupé de Sebta. Ils ont choisi de quitter leur pays non par envie d’aventure, mais par nécessité. Le chômage des jeunes atteint en effet des sommets inquiétants : au second trimestre 2024, il a connu une hausse de 2,5

Les TROD désormais réalisables par les pharma- ciens : Quelles implications pour les officines et les labos ?

points parmi ceux âgés de 15 à 24 ans, passant de 33,6% à 36,1%, et de 1,6 point parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans, passant de 19,8 à 21,4%. Le diplôme, autrefois perçu comme un sésame vers l’emploi, est aujourd’hui dévalué : le taux de chômage des diplômés a enregistré une hausse de 0,2 point, passant de 19,2 à 19,4%. Les jeunes diplômés se retrouvent ainsi au même niveau que ceux qui n'ont jamais franchi les bancs de l'université, tous égaux dans la quête d'un emploi. Les politiques publiques visant à promouvoir l'emploi des jeunes semblent inefficaces. Les programmes d’intégration et les initiatives entrepreneuriales peinent à produire des résultats tangibles, surtout en l'absence de réformes structurelles capables de revitaliser le marché de l’emploi et de redonner espoir à une génération en pleine dérive. En conséquence, pour de nombreux jeunes, la seule issue semble être l'exil, même si cela signifie risquer leur vie. Ils ne voient rien d’autre que l’Europe. Et veulent s’y rendre par tous les moyens : forcer les frontières terrestres de Sebta ou Melila, tenter de traverser le Détroit à la nage ou encore s’engouffrer dans des embarcations de fortune. Et pour ceux qui parviennent à atteindre les côtes européennes, le rêve d’une vie meilleure se heurte souvent à la dure réalité : les politiques migratoires européennes se sont durcies et la xénophobie monte en flèche. Les sans-papiers vivent alors dans une précarité extrême, expo- sés à toutes les formes d’exploitation. L’Europe, perçue comme un Eldorado, devient vite une prison à ciel ouvert. Certains finissent dans des camps de rétention, d'autres sont expulsés vers un pays qu'ils ont cherché à fuir à tout prix. Ceux qui parviennent à rester vivent sous une épée de Damoclès permanente, dans la peur constante d'une arresta- tion ou d'une expulsion. Les plus chanceux parviennent à régulariser leur situation après des années de galère, mais au prix de sacrifices qui laissent des cicatrices indélébiles. Alors ? Alors, il faut redonner à ces jeunes la possibilité de rêver et de bâtir leur avenir chez eux, au Maroc. Encore faut-il que le gouvernement ne soit pas en décalage avec les citoyens. Car il y a une seule certitude : l’inac- tion ne fera qu’aggraver la situation. En cela, le silence de l’Exécutif face à ce qui s’est passé ce week-end interroge. Indifférence ? Laxisme ? Mépris ? L’on espère bien que non. Mais ce manque de réaction est perçu par beaucoup comme une forme de démission de l’État, un aban- don pur et simple de sa jeunesse. u

30 30 SOCIÉTÉ

Dialogue social : Le droit de grève au cœur des dis- cussions avec les partenaires sociaux Crise migratoire à Fnideq : Sebta, le rêve d’une jeunesse en errance Entretien avec Ghizlane Mamouni : Violences numériques à l’égard des femmes, «Les victimes sont souvent stigmatisées, ce qui les dissuade de se manifester»

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Entretien avec Pr Hassan Edman : Transferts des MRE, Contributeurs financiers, garants des équi- libres macroéconomiques et moteurs de dévelop- pement Entretien avec Pr Jamal Boudchiche : econstruction d’Al Haouz, «Une stratégie durable centrée sur la gestion des ressources locales et la prévention des catastrophes est nécessaire» Activité informelle : Quelles pistes pour lutter contre ce fléau persistant ? Compromis de vente : Accueil mitigé des profes- sionnels de l’immobilier sur les changements opérés Entretien avec Chakib Khayari : Légalisation du cannabis, «Les agriculteurs doivent en être les pre- miers bénéficiaires»

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DEVELOPPEMENT DURABLE

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Changement climatique : Une résilience à renfor- cer sur tous les fronts

HIGH-TECH

Coupe du monde 2030 : Le Maroc prêt à gagner le match de la 5G ?

• Directeur des rédactions & Développement : David William

• Mise en page : Zakaria Beladal • Assistantes de direction : Amina Khchai

• Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Malak Boukhari, Meryem Ait Ouaanna, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine

• Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage entre 15.000 et 18.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05

• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024

VOYONS VOIR

Le Hezbollah, le Mossad et le bip mortel… des bipeurs

L explosion simultanée, mardi 17 septembre, des bipeurs du Hezbollah à travers le Liban, provoquant la mort de neuf personnes et faisant près de 2.800 blessés, marque une nouvelle escalade inquiétante dans la guerre qui sévit dans la région. Que les bipeurs aient été piégés par le Mossad, le légendaire ser- vice de renseignement israélien, comme de nombreux observateurs le suggèrent, ou non, une chose est claire : cette opération porte la marque du cynisme et de la violence froide qui caractérisent les conflits modernes. Par D. William ’

notamment dans le cadre de l'opération Colère de Dieu, lancée en réponse au mas- sacre des athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich en 1972. Il y a encore dans l’affaire «Fakhrizadeh», l’assassinat du scientifique nucléaire iranien, où l'utilisation de technologies sophistiquées à distance a été décisive. L’histoire semble se répéter, cette fois-ci à travers des dispositifs aussi anodins que des bipeurs. Le Hezbollah, bras armé de l’Iran au Liban, ne manque pas d’ennemis. Israël le combat sur tous les fronts depuis des décennies, et l’enchevêtrement actuel avec la guerre à Gaza ajoute une complexité à la situation. L’ombre du Mossad, qui plane sur cette Une fois encore, des civils, des enfants et des innocents paient le prix de la guerre, tandis que les instigateurs se cachent derrière des discours

attaque, n’a rien d’inédit, mais illustre une tendance inquiétante : celle de l’utilisation systématique des outils technologiques pour éliminer les ennemis, tout en s’assurant de ne pas laisser de traces claires. La brutalité de l’événement est frappante. Non pas par la violence des explosions, mais par l’audace et la minutie avec lesquelles ces attaques sont orchestrées. Cependant, ce qui choque davantage, c'est l'hypocrisie des puissances qui soutiennent et protègent ces actions. Israël, avec le soutien implicite de certains pays occidentaux, se permet de mener des opérations clandestines qui frôlent le terrorisme d'État, tout en dénon- çant les attaques similaires de ses ennemis. Alors que le Hezbollah est souvent estam- pillé groupe terroriste, comment qualifier cette attaque, où des dispositifs civils ont été trans- formés en armes de destruction ? Est-ce que l’étiquette de terrorisme dépend uniquement du camp auquel on appartient ? Cette escalade rappelle une vérité fonda- mentale : la guerre moderne, dans toute sa technicité, n’est rien d’autre qu’une continua- tion des atrocités du passé, avec des outils plus sophistiqués. Le Hezbollah, tout comme Israël, est prêt à user de tous les moyens pour imposer sa domination dans une région où la vie humaine est souvent sacrifiée sur l'autel des ambitions politiques. Le cynisme réside dans cette réalité : une fois encore, des civils, des enfants et des inno- cents paient le prix de la guerre, tandis que les instigateurs se cachent derrière des dis- cours justifiant la «résistance» ou la «sécurité nationale». Que ce soit à travers des bipeurs, des drones ou des bombes cachées dans des produits de consommation, la violence conti- nue d'être la seule monnaie d’échange valable dans cette partie du monde. Le Hezbollah promet de riposter. Israël, silen- cieux pour l'instant, continuera sans doute ses opérations. La communauté internatio- nale, quant à elle, reste spectatrice, piégée dans ses intérêts stratégiques et incapables de condamner fermement les agissements des uns ou des autres. ◆

Israël, muet face à ces accusations, semble revendiquer sans le dire un coup de maître digne des méthodes qui ont forgé sa répu- tation d’impitoyable dans les cercles du ren- seignement mondial. Si les services secrets israéliens sont effectivement derrière cette série d'explosions, cela s'inscrit dans une longue tradition d'infiltration des infrastruc- tures adverses, remontant à la célèbre «affaire des boîtes d’orange» dans les années 1970. À l’époque, le Mossad avait utilisé des explosifs dissimulés dans des oranges pour assassiner des responsables palestiniens en Europe,

légitimant la «résistance» ou la «sécurité nationale».

oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série.

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JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ÇA SE PASSE AU MAROC

S elon le rapport d’exécution budgétaire et de cadrage macroéconomique triennal accom- pagnant le projet de Loi de Finances pour l’année prochaine, la croissance de l’économie marocaine devrait atteindre 4,6% en 2025, contre 3,3% prévu par le FMI. Cette augmentation est principalement due à un rebond de la valeur ajoutée agricole, attendue à 11% grâce à une campagne estimée à 70 millions de quintaux. La valeur ajoutée non agricole devrait croître de 3,7%. Les secteurs secondaire et tertiaire devraient également voir

Croissance

Le Maroc prévoit 4,6% en 2025

PLF 2025

des croissances de 2,9% et 4,1 % respectivement. Les exporta- tions devraient croître de 7,1 %, tandis que les importations aug- menteraient de 6,8 %. Estimée à 3,9 points de pourcentage, la consommation finale, principale- ment soutenue par les ménages à hauteur de 2,8 points, devrait contribuer significativement à la croissance. ■

Une révision majeure de l’impôt sur le revenu à compter du 1 er janvier a réforme de l'impôt sur le revenu (IR), en appli- cation de l'accord conclu en avril 2024 dans le cadre du dialogue social, entrera en vigueur à partir du 1er janvier 2025. Le gouvernement s'est engagé à améliorer les revenus des fonctionnaires et des salariés, notamment ceux de la classe moyenne. Cette révision sera opérée via le relèvement de la 1 ère tranche du barème relative au revenu net exonéré de 30.000 à 40.000 dirhams, ce qui entraînera l'exo- nération des revenus inférieurs à 6.000 DH/mois; la révision des autres tranches du barème afin de les élargir pour réduire les taux appliqués aux revenus de la classe moyenne, ce qui lui permettra de béné- ficier d'une réduction de ces taux d'environ 50% du taux en vigueur; la réduction du taux marginal du barème précité de 38% à 37%; le relèvement du montant annuel de la réduction de l'IR au titre des charges de famille, de 360 DH à 500 DH par per- sonne à charge. Au-delà de ces actions, figure le renforcement des actions d'intégration du secteur informel et de la lutte contre la fraude fiscale. A ce propos, l'Etat poursuivra les actions engagées depuis 2022, visant à améliorer le cadre juridique et institutionnel mis en place, afin d'assurer l'équité fiscale et mobiliser pleinement le potentiel fiscal. ■ L

IDE

Ciment : Le flux net grimpe de 46,8% à fin juillet 2024 L e flux net des investissements directs étran- gers (IDE) s'est établi à plus de 13,06 mil- liards de dirhams à fin juillet 2024, en hausse de 46,8% par rapport à la même période un an auparavant, selon l'Office des changes. Les recettes de ces investissements ont ainsi enregistré une augmentation de 9,5% à plus de 22,23 Mds de DH et les dépenses ont fléchi de 19,6% à 9,16 Mds de DH. S'agissant du flux net des investissements directs marocains à l'étranger, il s'est situé à 741 millions de dirhams, tandis que les recettes (cessions de ces investissements) ont progressé de 6,2% à 9,77 Mds de DH et les dépenses ont reculé de 35,5% à 10,51 Mds de DH. ■ L es livraisons de ciment ont atteint plus de 8,73 millions de tonnes (Mt) à fin août 2024, en hausse de 7,24% comparativement à la même période un an auparavant, selon l'Associa- tion professionnelle des cimentiers (APC). Pour le seul mois d’août, ces ventes ont enregis- tré 1,26 Mt contre 1,15 Mt pour la même période en 2023, soit une hausse de 9,69%. Par segment, les livraisons destinées à la distri-

Les livraisons dépassent 8,73 Mt à fin août

bution se sont situées à 5,05 Mt à fin août, suivies de celles adressées au BPE (béton prêt à l’em- ploi) avec 1,92 Mt, au Prefa (béton préfabriqué) avec 843.055 tonnes, à l'infrastructure (576.843 tonnes), au bâtiment (284.246 tonnes) et aux mor- tiers (42.398 tonnes). L'APC se compose de Asment Témara, Ciments de l’Atlas, Ciments du Maroc, LafargeHolcim Maroc et Novacim. ■

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ÇA SE PASSE DANS LE MONDE

Commission européenne

Allemagne

Zone Euro

Breton claque la porte, Macron propose Séjourné

12 milliards d'euros pour soutenir les startups d’ici 2030

Les nouvelles prévisions macroéconomiques de la BCE L a Banque centrale euro- péenne (BCE) a légèrement abaissé ses prévisions de croissance pour 2024 et 2025 et les a relevées pour l'inflation hors prix d'énergie et matières premières, au sortir d'une réunion décidant de la deuxième baisse des taux en trois mois. La prévision d'inflation globale a été maintenue sur l'horizon de pro- jection jusqu'en 2026. Mais concer- nant l'agrégat hors prix volatils de l'énergie et denrées alimentaires, il a été relevé pour 2024, à 2,9%, et 2025, à 2,3%, en raison des tensions sur les prix des services qui restent fortes, nourries par les hausses de salaires. La croissance du produit intérieur brut (PIB) a été légèrement abais- sée à 0,8% en 2024 contre 0,9% auparavant, et à 1,3% en 2025, contre 1,4% en juin. ■

L e gouvernement fédéral alle- mand, la Banque de déve- loppement allemande (KfW), le secteur financier et les acteurs de l'écosystème des start-ups ont signé, mardi, un accord visant à investir douze milliards d'euros dans les start-ups d'ici 2030. Ce projet s'inscrit dans le cadre de l'initiative WIN (capital de crois- sance et d'innovation) et vise à améliorer les structures de finan- cement pour les jeunes entre- prises, qui s'appuient souvent, dans les premières phases de leur

développement, sur des investis- seurs privés plutôt que sur des banques, rapportent les médias allemands. À cette occasion, le Chancelier Olaf Scholz a indiqué, dans un communiqué du minis- tère des Finances, que cette ini- tiative a pour objectif de mobiliser des investissements privés dans le capital-risque, les start-ups et les technologies innovantes. Il a expliqué que les financements de croissance sont essentiels pour la capacité d'innovation de l'Alle- magne et de l'Europe. ■

L’ ancien ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, a été proposé au poste de Commissaire européen repré- sentant la France après la démission de Thierry Breton, rapportent les médias de l’Hexagone citant l’Ely- sée. Ancien député européen, Séjourné a été proposé par le président fran- çais Emmanuel Macron comme Commissaire européen « centré sur les enjeux de souveraineté indus- trielle, technologique et de compé- titivité européenne », précisent les mêmes sources. A noter que le départ fracassant de Breton ne remet pas en cause la présentation prévue mardi des futurs commissaires et de leurs por- tefeuilles, en marge d'une plénière des eurodéputés à Strasbourg. ■

Moyen-Orient

P rès de 75,63 milliards de dol- lars devraient être investis, d'ici 2030, dans 116 projets d'énergie renouvelable dans la région du Moyen-Orient, indique un nouveau rapport publié par le Conseil des industries de l'éner- gie (EIC), l'une des plus grandes associations commerciales dans le domaine de l'énergie. Ces projets, qui devraient être mis en œuvre entre 2025 et 2030, selon la base de données «Datastream» de l'EIC, concernent la production d'énergie solaire, de l'éolien ter- restre, de l'hydroélectricité, de la production d'hydrogène, du cap- tage, de l'utilisation et du stockage du carbone, de la géothermie, ainsi que du stockage de l'énergie et des systèmes de batteries. ■ 75,6 milliards de dollars pour 116 projets d'énergie renouvelable d'ici 2030

France

La Banque de France relève à 1,1% sa prévision de croissance pour 2024

L a Banque de France a relevé mardi à 1,1% sa prévision de croissance pour l'économie française en 2024, contre 0,8% attendu jusqu'à présent, alors que la poursuite du ralentis- sement de l'inflation redonne progressivement du pouvoir d'achat aux ménages français.

La prévision pour 2025 est maintenue inchangée, avec une pro- gression attendue de 1,2% du produit intérieur brut (PIB), mais revue en légère baisse de 0,1 point à 1,5% pour 2026, a indiqué la Banque centrale en présentant ses nouvelles projections macro- économiques. Cette année, le produit intérieur brut (PIB) serait tiré par le commerce extérieur, tandis que la consommation des ménages, pilier traditionnel de la croissance française, resterait atone. Il devrait aussi bénéficier, mécaniquement, de la révision à la hausse des chiffres de 2023 et début 2024 effectuée par l'Institut national français de la statistique (Insee). ■

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BOURSE & FINANCES

Point Bourse Hebdo Le grand saut est-il pour bientôt ?

Evolution de l'indice Masi depuis début août 2023

C Grâce à un effort en fin de semaine, le marché actions a atteint ses plus hauts annuels. Les dépassera-t-il ? Éléments de réponse. ette semaine, la Bourse de Casablanca a terminé sur une note positive, avec un Masi qui grimpe de 0,63% à... 13.999 points. Un petit point ! Voilà tout ce qui sépare l'indice phare de la Bourse de la mythique barre des 14.000. Une question brûle désormais les lèvres : franchira-t-il ce cap sym- bolique la semaine prochaine ? Peut-être. Ou peut-être pas. Tout dépendra de la Banque centrale. Le 24 septembre, Bank Al-Maghrib pourrait bien décider de donner un petit coup de pouce au marché avec une nouvelle baisse du taux directeur. Après tout, une surprise de 50 points de base en juin a déjà montré que tout est possible. sée ou si le marché restera coincé à ce fameux 13.999 points... Les gagnants et les perdants de la semaine Par Y . Seddik

Du côté des champions, on ne peut que saluer la performance des sociétés de portefeuille-hol- dings qui ont explosé, avec une hausse de 14,56%, grâce notam- ment à Delta Holding qui a vu ses bénéfices semestriels s’envoler de…81%. L’immobilier suit avec une solide progression de 3,58%, tandis que le secteur de la santé affiche une croissance robuste de 3,31%. À l’opposé, le secteur du transport a connu une semaine mouvementée, reculant de 1,47%, suivi de près par les mines (-0,93%) et l’ingénierie (-0,89%). Mais pas de quoi sonner l’alarme, ces baisses restent bien maîtrisées, à croire que même les jours gris sont désormais des nuances de bleu. Les volumes échangés ne sont pas en reste, avec un total de 1,12 mil- liard de dirhams. Les projecteurs sont braqués sur le secteur immo- bilier, où Alliances domine les tran- sactions avec 128 MDH (21,07%

TOP Performances

FLOP Performances

Sothema CDM Lesieur Cristal

-4,93%

+18,33% +11,37%

Rebab Company Delta Holding Ciments du Maroc

-4,23%

-3,17%

+10,34%

des volumes hebdomadaires). Addoha n’est pas loin derrière avec 105 MDH (10,65%), suivi de la tou- jours solide Attijariwafa bank avec 100 MDH (10,18%). Force est de constater que le secteur immobilier continue d’attirer les foules et prouve qu'il reste l'un des paris favoris des investisseurs cette année. La semaine a également été ani- mée par les publications semes- trielles de Delta Holding, Sanlam Maroc et Taqa Morocco. L’autre nouvelle marquante : Ciments du

Maroc a annoncé un accord stra- tégique pour l’acquisition d’Asment de Témara, une transaction qui n’a pas manqué de secouer un peu le secteur. Quant au Trésor, il n’a levé que 3,5 milliards de dirhams lors de la dernière adjudication. Les taux ont donc marqué une nette baisse : 11,7 points de base en moins sur les bons à 5 ans et 18,2 pbs sur le 15 ans. Les investisseurs semblent déjà parier sur une nouvelle baisse du taux directeur. ◆

En attendant cette date fatidique, les investisseurs préfèrent jouer la carte de la prudence. Depuis la baisse surprise du taux directeur en juin dernier, une atmosphère de «wait and see» s’est installée. Mais que se passera-t-il si la Banque centrale refait le coup ? Une nou- velle baisse pourrait propulser le Masi au-delà de ses plus hauts annuels, voire historiques. Reste à savoir si l'attente sera récompen-

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024

BOURSE & FINANCES

Politique monétaire

3,3 %, à l’horizon des douze prochains trimestres. Les matières premières, sou- vent responsables des pous- sées inflationnistes, n'indiquent pas, pour leur part, de signes particuliers de surchauffe. Le charbon devrait poursuivre en 2024 sa tendance baissière, soutenue par une réduction de la demande à mesure que le prix du gaz continue de dimi- nuer, avant un redressement attendu en 2025. En ce qui concerne le gaz naturel sur le marché européen, les projec- tions de la Banque mondiale d'avril prévoient une contrac- tion de son prix en 2024, suivie d'une légère appréciation en 2025. Il en va de même pour l'acier, le ciment et le pétrole, qui se négocie actuellement à des niveaux historiquement bas depuis deux ans, entraînant la baisse des prix de ses dérivés, malgré un contexte géopoli- tique instable. Outre l'inflation, les anticipa- tions des opérateurs se justi- fient également par la nécessité de donner un coup de pouce supplémentaire à une économie qui subit une nouvelle année de sécheresse, au moment où l'État prévoit une augmenta- tion significative des investisse- ments dans les infrastructures. Ailleurs, dans le monde, les grandes Banques centrales ont amorcé un renversement de cycle, avec une Banque cen- trale européenne (BCE) bien engagée dans la réduction des taux. Les marchés anticipent un cheminement similaire pour la Réserve fédérale américaine (FED), dont le gouverneur a clairement indiqué cet été une orientation plutôt baissière. Au Maroc, en l'absence d'une communication claire sur la ligne directrice de la part du Conseil de BAM, il convient de rester prudent face aux pronos- tics et d'attendre la décision du Conseil, ainsi que les décla- rations de Abdellatif Jouahri, pour confirmer ou infirmer la

Les professionnels anticipent une nouvelle baisse du taux directeur

Le consensus du marché table sur une nouvelle baisse du taux directeur mardi, alors que l'inflation s'établit légèrement sous l'objectif fixé à 2%.

 Le niveau de l'inflation a chuté en dessous de l'objectif de la Banque centrale, atteignant 1,3% en juillet.

Par A. Hlimi U

n échantillon de 30 profession- nels, constitué d'opérateurs de salles des marchés, d'intermé- diaires en valeurs du Trésor (IVT), d'analystes financiers seniors, d'investisseurs ins- titutionnels et de gérants de fonds, a été consulté dans le cadre d'un sondage exclusif réalisé par Finances News - Boursenews sur les anticipa- tions de politique monétaire et la décision de Bank Al-Maghrib (BAM) pour le mois de sep- tembre. Il en ressort que plus de 76% des répondants s'at-

tendent à une baisse du taux directeur la semaine prochaine. Plus précisément, 64% anti- cipent une baisse de 25 points de base, tandis que 12% envi- sagent une réduction de 50 points de base. Le quart restant des répondants prévoit un statu quo. Le marché s'attend donc à une nouvelle initiative de la Banque centrale après la décision sur- prise de juin, destinée à soute- nir une économie en difficulté. Bien que le sondage n'interroge pas les professionnels sur les raisons de leur choix, plusieurs facteurs peuvent expliquer une telle anticipation. Le plus impor- tant reste le niveau de l'infla- tion, qui a chuté en dessous de l'objectif de la Banque centrale, atteignant 1,3% en juillet. En

outre, les prévisions d'inflation des acteurs du secteur finan- cier montrent depuis plusieurs trimestres un ancrage des anticipations, un phénomène cher au wali de la Banque cen- trale. Celui-ci a souligné qu'il est essentiel de ne pas crier victoire tant que les facteurs psychologiques et spéculatifs continueront d'alimenter la spi- rale inflationniste. Dans ce sens, l’enquête de Bank Al-Maghrib sur les anti- cipations d’inflation, menée auprès des experts du secteur financier au titre du deuxième trimestre 2024, révèle que ces derniers anticipent une infla- tion moyenne de 2,7% contre 3,4% au trimestre précédent, à l’horizon des huit prochains trimestres; et de 2,8% contre

64% des opérateurs du marché interro- gés anticipent une baisse de 25 points de base, tandis que 12% envisagent une réduction de 50 points de base.

tendance initiée en juin. Rendez-vous mardi ! ◆

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BOURSE & FINANCES

Endettement

ont généralement recours au crédit pour des projets de vie significatifs, tels que l’acquisition d’un logement ou le financement de l’éducation de leurs enfants. En comparaison, les individus de plus de 60 ans, qui représentent 22% des bénéficiaires, affichent un taux d’endettement moyen de 37%, souvent lié à des revenus de retraite. Bien que ces chiffres ne soient pas alarmants en eux-mêmes, ils sou- lignent l’importance, pour les plus âgés, de veiller à la gestion de leurs finances personnelles. De leur côté, les jeunes de moins de 30 ans sont moins présents sur le marché du crédit, puisqu'ils ne représentent que 11% des béné- ficiaires. Leur taux d’endettement moyen plus bas, de 27%, traduit une approche plus prudente ou une capacité d’emprunt limitée. Enfin, une part notable des emprun- teurs, soit 35% des bénéficiaires de nouveaux crédits en 2023, présente une charge d’endettement supé- rieure à 40% de leur revenu. Ce chiffre marque une progression par rapport aux 31% observés en 2022, bien qu'il demeure globalement maî- trisé. Les ménages ayant un taux d’endettement compris entre 41% et 50% représentent 36% de cette catégorie, tandis que ceux dont la charge dépasse 70% forment une minorité de 25%. Si ces niveaux d’endettement peuvent constituer un facteur de risque pour certains ménages, il est essentiel que les éta- blissements de crédit ajustent leurs critères d’octroi afin de préserver la stabilité du marché. En conclusion, l’endettement des particuliers au Maroc présente des évolutions contrastées selon les caté- gories de population, mais la situa- tion globale reste relativement stable. Bien que l’accès au crédit soit large- ment facilité pour les fonctionnaires et les salariés, il est primordial de surveiller les niveaux d’endettement des ménages les plus vulnérables. Dans ce contexte, le régulateur et les établissements de crédit devront poursuivre leurs efforts afin de garan- tir que l’endettement des ménages reste soutenable à long terme, évitant ainsi une accumulation excessive de dettes qui pourrait, à terme, peser sur l’économie nationale. ◆

Au Maroc, l'accès au crédit et le niveau d'endettement varient considérablement selon les catégories socioprofessionnelles, les tranches d'âge et les niveaux de revenu. Explications. Le profil type de l'emprunteur marocain

Par Y. Seddik

 En 2023, le taux d’endettement moyen ressort à 35%, soit un niveau comparable à celui observé au cours de l’année précédente.

D

epuis plusieurs années, l'accès au crédit s'est progressivement démo- cratisé au Maroc, en permettant à bon nombre de ménages de concré- tiser leurs projets. Cette dynamique s’est accompagnée d’une crois- sance plutôt mesurée de l’endette- ment, qui atteint un taux moyen de 35% en 2023, selon le dernier rap- port sur la stabilité financière. Cette analyse, basée sur l’examen de 233.000 dossiers de crédit accordés au cours de l’année, met en lumière des disparités notables selon les catégories socio-professionnelles, les tranches d’âge et les niveaux de revenu. Bien que la situation glo- bale demeure relativement stable, certains segments de la population méritent une attention particulière en raison de leur exposition accrue aux dettes. Dès lors, la question se pose: entre prudence et opportunités, où se situe la ligne de crête pour les ménages marocains ? Les fonctionnaires et salariés, principaux acteurs du crédit Les fonctionnaires et salariés occupent une place prépondérante sur le marché du crédit, puisqu’ils

représentent 67% des bénéficiaires et 58% du montant total des crédits octroyés. Avec un taux d’endette- ment moyen de 42,7% pour les fonc- tionnaires et de 32% pour les sala- riés, ces deux catégories demeurent les plus actives en termes d’accès au crédit. Cette tendance s’explique en grande partie par la stabilité de leurs revenus, qui en fait des pro- fils privilégiés par les établissements de crédit. Toutefois, les professions libérales et les retraités ne sont pas en reste, puisqu'ils cumulent res- pectivement 11% et 13% du volume total des crédits. Leur taux d’endet- tement moyen, qui se situe autour de 32% et 35%, montre une utilisa- tion mesurée du crédit. Cependant, les retraités, en particulier, doivent souvent composer avec des revenus fixes, ce qui peut limiter leur capacité à rembourser. Un accès au crédit proportionnel au revenu L’analyse des emprunteurs, selon leur revenu, révèle une réparti- tion inégale de l’endettement. En effet, les individus percevant plus de 10.000 dirhams mensuels acca-

parent 64% du montant global des crédits, avec un taux d’endettement moyen de 34%. Quant à ceux dont le revenu est compris entre 6.000 et 10.000 dirhams, ils affichent un taux d’endettement de 37%, tout en accédant à 21% des crédits. Pour les personnes gagnant entre 4.000 et 6.000 dirhams, 11% des prêts leur sont octroyés avec un taux d’endettement de 36%. À l’inverse, les ménages à faible revenu, gagnant moins de 4.000 dirhams, ne se voient accorder que 4% du volume des crédits, avec un taux d’endettement de 33%. Ce schéma montre que les ménages à plus hauts revenus contractent des dettes plus impor- tantes, mais sans pour autant se retrouver dans une situation de surendettement.

Les 31-50 ans, la tranche la plus endettée

Un autre point important issu de cette analyse concerne les per- sonnes âgées entre 31 et 50 ans, qui constituent le cœur des emprunteurs. Elles représentent près de 47% des bénéficiaires, avec des taux d’endet- tement moyens de 32% à 37%. Elles

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024

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sé, quant à lui, que l'acquisition d'Asment de Témara permettra à Ciments du Maroc de conso- lider sa couverture nationale et de mieux répondre aux besoins croissants de la région Rabat- Salé-Kénitra, une zone straté- gique pour l'économie nationale. Malgré nos sollicitations, le mana- gement ne s'est pas encore prononcé sur le montant de la transaction et ses modalités de financement. Les opérateurs de marché privilégient la piste d'un paiement où, au moins, une partie serait en actions. Concrètement, Ciments du Maroc opérerait une augmentation de capital au profit du propriétaire actuel de Asment Témara, Votorantim. Des informa- tions qui restent à confirmer. Cette acquisition intervient dans un contexte où le secteur du ciment au Maroc fait face à une surcapacité de production, exa- cerbée par une demande en retrait depuis plusieurs années. Plusieurs acteurs du marché s'interrogent d'ailleurs sur la pertinence d'une telle opération à ce moment pré- cis, d'autant que la consolidation du marché ne permettra pas de redresser significativement les prix du ciment à court terme. Cependant, malgré ce cycle bas, les perspectives à moyen terme restent prometteuses. En effet, la reprise des grands pro- jets d'infrastructures et l'essor prévu du secteur de la construc- tion, notamment dans les régions stratégiques comme Rabat- Salé-Kénitra, pourraient atténuer les effets de la surproduction actuelle. C'est peut-être le princi- pal pari de Ciments du Maroc, qui semble donc miser sur un rebond de la demande dans ces zones clés, en anticipant une dynamique de croissance soutenue par les investissements publics et privés dans les infrastructures. Asment de Témara opère dans ces régions-ci. L'achat d'une cimen- terie dans une région aussi stra- tégique pourrait ainsi se révéler un choix judicieux à long terme, contrebalançant les incertitudes actuelles. En attendant, le deal attend l'approbation des autorités de régulation. ◆

 Cette opération permettra à Ciments du Maroc de renforcer son dispositif dans les secteurs du ciment.

de se redresser avec une offre mieux organisée. Ciments du Maroc met la main sur son concurrent Asment de Témara au moment où le marché de la construction devrait se redresser. Un cycle bas propice aux opérations de concentration Par A. Hlimi C Marché du ciment Hausse des capacités de production

iments du Maroc, filiale du groupe Heidelberg Materials, vient d'an- noncer la signature d'un accord stratégique pour l'acquisition de 62,62% du capital d'Asment de Témara ainsi que 99,99% de Grabemaro, deux entités apparte- nant à Votorantim Cimentos. Cette opération permettra à Ciments du Maroc de renforcer son dispositif dans les secteurs du ciment, du béton prêt à l'emploi, et des gra- nulats, consolidant ainsi sa posi- tion en tant que l'un des leaders sur le marché marocain des maté- riaux de construction. En Bourse, cette opération a été bien accueillie au moment de son annonce vendredi, le cours du cimentier ayant pris 10% immé-

diatement après que l'informa- tion a été rendue publique. «La rumeur courait depuis quelques mois. Mais le marché attendait une confirmation pour réagir» , nous dit un analyste en banque qui couvre particulièrement le secteur. Selon lui, le marché se fait régulièrement l'écho de rap- prochements dans le secteur du BTP, particulièrement dans le ciment et l'acier qui connaissent des cycles bas, où les acteurs tournent à bas régime et écoulent leur production à faible marge. Les acteurs moins solides sont tentés de s'arrimer à des opéra- teurs plus grands et disposant de liquidités. Mais les deals n'abou- tissent pas toujours et les négo- ciations peuvent être rudes. Voir donc celui-ci aboutir peut être un bon signal sur le démarrage d'une vague de concentrations qui per- mettrait globalement au marché

Cette acquisition porte sur une cimenterie à Ain Attig, d'une capa- cité de 1,4 million de tonnes, huit centrales à béton et deux sites de production de granulats. De plus, Ciments du Maroc prendra une participation significative dans la Société marocaine de broyage et de recyclage de matière, un acteur clé dans la gestion durable des déchets industriels, une ini- tiative alignée avec les objectifs environnementaux de l'entreprise. Selon Mohamed Chaïbi, président du Conseil d'administration de Ciments du Maroc, cette opéra- tion s'inscrit dans une stratégie de renforcement à long terme sur le marché marocain. Le Directeur général, Severin Weig, a préci-

Malgré ce cycle bas, les perspectives à moyen terme restent prometteuses.

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Maroc Telecom

D'ailleurs, au premier semestre, Maroc Telecom a soutenu la croissance de ses activités par des investissements significa- tifs, représentant plus de 17% du chiffre d'affaires, et a mis en œuvre des programmes d’opti- misation des coûts afin d’assu- rer une profitabilité élevée. Fin 2023, le management a donné un signal au marché en proposant un dividende bien plus élevé que les prévisions des analystes, provoquant une vive réaction en Bourse. Le message serait que Maroc Telecom dispose des moyens nécessaires pour faire face aux aléas tout en rémunérant ses actionnaires. La rapidité avec laquelle Maroc Telecom a exécuté le jugement apporte également un signal fort tant au marchés qu’aux potentiels investis- seurs locaux et étrangers non seulement sur la capacité du groupe à faire face aux vents contraires, mais également, de manière globale, sur le sérieux des acteurs nationaux. BKGR souligne que le côté positif du dernier jugement contre Maroc Telecom est qu'il marque la fin d'une période d'incertitude ayant pesé sur le titre en Bourse ces der- niers mois. Sur le plan comp- table, cette affaire est désor- mais close. Même si Maroc Telecom a fait appel auprès de la Cour de cassation contre la décision de la Cour d’appel, deux issues sont possibles : la confirmation du verdict pré- cédent, dans le scénario le moins favorable, ou une nou- velle instruction avec un retour en première instance, ce qui pourrait potentiellement mener à un dénouement plus favo- rable pour l’opérateur. Ainsi, la volatilité et l’incertitude causées par ce litige devraient s’atténuer. L'évolution du cours en Bourse devrait désor- mais être davantage corrélée aux perspectives de dévelop- pement du Groupe, selon les analystes de BKGR. ◆

n rapide examen des comptes de Maroc Telecom révèle que le Groupe avait anticipé cette situation en renforçant ses provisions de 5,9 milliards de dirhams au premier semestre 2024. Le second semestre devrait être plus stable, tandis que l'opérateur a confirmé son intention de se pourvoir en cas- sation contre le verdict de la Cour d’appel. Après s'être acquitté des 6,3 milliards de DH de dommages à Wana, Maroc Telecom peut envisager l'avenir plus sereinement, fort d'une structure financière solide. Par A. Hlimi U Après le litige, cap sur la 5G et les nouveaux investissements

vision liée au litige avec Wana. Hors provision, le résultat net part du groupe reste quasi- ment stable à 2,9 milliards de dirhams, avec même une très légère progression. Après ce litige, l'opérateur devra désormais relever les défis des investissements futurs, notamment ceux liés à la 5G, qui nécessitent des Capex considérables. Selon les ana- lystes de BMCE Capital Global Research (BKGR), qui com- mentaient récemment les réa- lisations du premier semestre, la question du financement sera cruciale pour Maroc Telecom.

Des fondamentaux solides Malgré les impacts financiers à court terme sur la rentabilité, le groupe dispose clairement des moyens pour poursuivre son développement, grâce à des fondamentaux solides et une signature qui lui permettrait de lever des fonds à court et moyen terme si nécessaire, sur- tout que sa structure financière saine permettrait d'activer le levier financier. Actuellement, les fonds propres de Maroc Telecom représentent 3 fois son endettement à long terme. Autant dire que la marge de manœuvre est élevée.

Les marges et bénéfices de Maroc Telecom sont passés tempo- rairement en territoire négatif suite à l’intégration de la pro-

 Au premier semestre, Maroc Telecom a soutenu la croissance de ses activités par des investissements significatifs, représentant plus de 17% du chiffre d'affaires.

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ECONOMIE

Chômage des jeunes

d’achèvement du secondaire reste faible, et seulement 27% des élèves maîtrisent les bases en lecture, mathématiques et sciences à l’âge de 15 ans.​ En parallèle, l'OCDE souligne l'importance de renforcer la formation professionnelle pour répondre aux besoins des sec- teurs en croissance, tels que l’aéronautique et l’automo- bile. Le plan de formation de l’OFPPT (Office de la formation professionnelle et de la promo- tion du travail), qui a permis de former plus de 400.000 jeunes en 2023, doit être davantage axé sur les secteurs porteurs.

Ce que recommande l’OCDE au Maroc Éducation, formation professionnelle, flexibilité du marché du travail : l’OCDE propose plusieurs solutions concrètes pour pallier la problématique du chômage des jeunes au Maroc, l'un des plus élevés de la région MENA. Par Y. Seddik B

ien que résolument engagé dans une dynamique de réformes économiques, le Maroc fait face à un problème persistant : le chômage des jeunes. Ce dernier atteint un niveau préoccupant, avec un taux qui oscille autour de 30,3% pour les 15-24 ans, selon les dernières données de l’OCDE. Un chiffre bien au-des- sus de la moyenne nationale, illustrant la difficulté pour les jeunes à s’insérer dans le mar- ché du travail. Ce phénomène est accentué par des faiblesses structurelles dans le système éducatif et un marché du travail encore trop rigide. Dans son rapport 2024, l’OCDE propose plusieurs solutions concrètes pour inverser cette tendance et

assurer un meilleur avenir à la jeunesse marocaine. Le rapport de l'OCDE souligne que près de 26,6% des jeunes Marocains sont classés dans la catégorie NEET (ni en emploi, ni en études, ni en formation), ce qui est l'un des pourcentages les plus élevés de la région MENA. Cela reflète les failles du système éducatif, qui n'équipe pas suffisamment les jeunes des compétences recherchées par les employeurs. En effet, 12% des élèves du secondaire quittent l’école sans qualifica- tion, tandis que les résultats des tests PISA de 2022 placent le Maroc parmi les derniers rangs en mathématiques, lecture et sciences. Renforcer les politiques actives du marché du travail Pour faire face à cette situation, l’OCDE recommande de mieux coordonner et cibler les poli-

tiques actives du marché du travail, qui sont actuellement fragmentées. Par exemple, le programme Awrach, qui a créé 250.000 emplois tempo- raires depuis son lancement, montre que de tels dispositifs sont utiles, mais insuffisants par rapport aux 1,1 million de jeunes qui cherchent active- ment un emploi. L’Anapec (Agence nationale de promotion de l'emploi et des compétences) ne parvient à toucher que 10% des jeunes chômeurs, ce qui est largement en deçà des taux observés dans d’autres pays. L'OCDE propose d'améliorer l'accès à l'Anapec et de mettre en place des programmes plus inclusifs et structurés. Le rapport insiste aussi sur la nécessité de mieux aligner le système éducatif marocain avec les besoins du marché du travail. Actuellement, le taux

Réduire les rigidités du marché du travail

Le marché du travail marocain reste rigide, avec une protec- tion excessive des contrats permanents et des contrats temporaires qui représentent déjà 21% des emplois. Cela décourage les entreprises de recruter et incite au développe- ment de l'économie informelle, où plus de 67% des emplois sont classés comme informels. L'OCDE préconise un assou- plissement des règles d’em- bauche, accompagné d’une meilleure protection des tra- vailleurs pour favoriser l’emploi formel. Au final, les réformes propo- sées par l'OCDE offrent une feuille de route précise pour le Maroc. Si elles sont mises en œuvre, elles pourraient per- mettre de réduire significative- ment le chômage des jeunes, d’améliorer l'efficacité du mar- ché du travail et de dynami- ser l’économie. L'avenir du Maroc repose sur sa jeunesse, et des actions ciblées doivent être entreprises pour garantir leur inclusion dans la dyna- mique économique du pays, afin d'éviter que la frustration et le manque de perspectives n'entraînent des dérives tra- giques, comme cela a été le cas ce week-end à Fnideq, avec des tentatives d'immigra- tion clandestine en masse vers l'Espagne. ◆

L’Anapec ne parvient à toucher que 10% des jeunes chômeurs, ce qui est largement en deçà des taux observés dans d’autres pays.

 Le principal constat de l'OCDE est que les jeunes Marocains ren- contrent d'énormes difficultés à s'insérer durablement dans le marché du travail.

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