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JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ECONOMIE
lioration du pouvoir d’achat. En effet, les transferts de liquidité entraînent une augmentation des dépenses cou- rantes, ce qui améliore le niveau de vie des ménages migrants. Le même impact se propage à la population des ménages non migrants par effet multiplicateur. L’apport en fonds des MRE prend souvent la forme de projets entrepre- neuriaux implantés dans leurs régions d’origine. Bien qu’ils soient limités et peu diversifiés (principalement dans l’immobilier et le commerce), ces investissements contribuent au développement local par la création d’emploi et l’élévation des recettes fiscales, particulièrement locales (taxe d’habitation, taxe de services com- munaux, taxe sur les opérations de construction, taxe sur les opérations de lotissement, taxe professionnelle, débits de boissons…). De même, des revenus de plus sont injectés dans le circuit économique local, ce qui amé- liore le pouvoir d’achat des citoyens locaux. En réponse à la deuxième question, je dirais que la place des MRE dans l’économie nationale est de taille. Au-delà des répercussions immé- diates sur l’économie locale de leurs régions d’origine ou de résidence au Maroc, leurs transferts en devises jouent un rôle crucial en agissant comme une soupape de sécurité et un gage de stabilité des réserves de change. Ainsi, les MRE se pré- sentent non seulement comme de simples contributeurs financiers, mais également des garants des équilibres macroéconomiques et des moteurs de développement. Toutefois, je dois signaler que les transferts des MRE ne portent pas que des bienfaits à l’économie nationale. Ils peuvent provoquer des compor- tements rentiers et un effet inflation- niste, par le mécanisme du «syndrome hollandais» (Dutch disease), entraînant ainsi une surévaluation du taux de change, ce qui aggrave le déficit com- mercial. F.N.H. : Certains experts pré- voient que ces flux pourraient représenter à moyen terme plus de 10% du PIB. Quelle est votre analyse par rapport à cela ? Pr H. E. : Les données des rap-
Bank Al-Maghrib a prévu une augmentation des transferts des Marocains résidant à l'étranger de 1,9% en 2024, soit 117,34 milliards de dirhams, et de 5,3% en 2025, pour atteindre 123,7 milliards de dirhams. Selon une répartition faite en 2020, près de 10% des transferts des MRE sont orientés annuellement vers l'investissement, principalement dans le foncier et l'immobilier. Environ 15% de ces transferts sont captés par l'épargne, alors que l'essentiel de ces envois est orienté vers la solidarité et le soutien aux familles. En outre, à peine 2% vont vers le secteur productif. Entretien avec Hassan Edman, professeur en économie et gestion à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales d’Agadir. Contributeurs financiers, garants des équilibres macroéconomiques et moteurs de développement Transferts des MRE
Propos recueillis par Désy M.
Finances News Hebdo : Comment les transferts de fonds des MRE soutiennent- ils le pouvoir d’achat des Marocains ? Et quelle place occupent les MRE dans le pay- sage économique du Maroc ? Pr Hassan Edman : Il convient de rappeler d’abord que la diaspora marocaine compte plus de 5,5 millions de membres répartis sur plus de 120 pays appartenant aux 5 continents. Ce réseau international de Marocains, ses moyens, son expertise et son attache- ment à la patrie forment un capital et des opportunités pour le développe- ment économique du Maroc. Il importe également de signaler que la valeur des fonds transférés par les MRE est plus élevée que les autres flux financiers en direction du Maroc, tels que les investissements directs étran- gers, l'aide publique au développe- ment et les prêts privés. Ces transferts ont un effet direct et important sur la réduction de la pauvreté, notamment des familles et de l’entourage proche des MRE, via le mécanisme d’amé-
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