FNH N° 1165-1

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024

ECONOMIE

résilience. Sensibiliser, former et coordonner tous les acteurs impliqués sont des éléments clés pour une réponse effi- cace en cas de crise dans des contextes similaires. F.N.H. : Une formation plus approfondie au niveau des matériaux locaux et de l’architec- ture d’urgence s’impose pour les générations futures. En tant qu’en- seignant, qu’en pensez- vous ? Pr J. B. : Il est essentiel de former des architectes spécia- lisés dans les situations d'ur- gence, capables d'intervenir rapidement pour le relogement «du jour d’après» d’abord, et pérenne ensuite après une catastrophe. Les administra- tions font face à une pénurie de ces professionnels. La for- mation doit inclure des aspects théoriques et pratiques pour préparer les architectes aux crises. Il est important d'in- teragir avec diverses com- pétences pour apporter une expertise complète. Les écoles pourraient prévoir des actions de sensibilisation et des exer- cices pratiques pour sensibili- ser aux défis des catastrophes. L'objectif est de renforcer la résilience nationale et régio- nale face aux risques naturels. Une stratégie durable centrée sur la gestion des ressources locales et la prévention des catastrophes est nécessaire. Les architectes doivent jouer un rôle central, en proposant des solutions adaptées tout en tenant compte des aspects physiques, juridiques, psy- chologiques et logistiques. Au niveau de l'enseignement, une offre de sensibilisation et de préparation aux situations d'urgence doit être présentée sous forme de modules courts (2 ou 3 jours) pour les archi- tectes confirmés et en exer- cice, ainsi que des modules plus longs intégrés en fin de

cursus aux élèves architectes. A noter que la création d’un cycle de recherche et de for- mation post diplôme contri- buerait à appuyer les straté- gies et politiques publiques déjà mises en place en 2016 (avec l’appui de la Banque mondiale), du Programme de gestion intégrée des risques de catastrophes naturelles (PGIR). Depuis 2012, je m'investis dans la promotion de l'utilisation de matériaux locaux, notamment le pisé, dans la construction post-séisme. Mes actions se concentrent sur la formation des futurs architectes. En encadrant des étudiants dans leurs projets de fin d'études, je les sensibilise aux enjeux de la construction durable et les incite à expérimenter de nou- velles techniques construc- tives. En concertation avec Hakim Boulouiz, directeur de l'École nationale d'architec- ture d'Oujda, j'ai encouragé un de mes étudiants à mener des recherches sur la recons- truction d'urgence sur la base

d’enquêtes de terrain dans la région d’Al Haouz dans le cadre de son travail de fin d’études. L'objectif est de pro- poser une stratégie de recons- truction utilisant des matériaux locaux, en tenant compte des contraintes techniques, éco- nomiques et socioculturelles. La diffusion des connaissances est capitale. Ainsi, cours, conférences et ateliers per- mettent de partager les retours d’expériences de chantiers et d’opérations afin de sensibi- liser les futurs architectes et techniciens aux avantages de la construction en terre. Le rôle de la recherche et l’inno- vation est très important. A cet effet, des collaborations avec des universités nationales et internationales permettent de mener des recherches appli- quées sur la performance des matériaux locaux et de déve- lopper de nouvelles solutions

constructives adaptées aux contextes locaux. A ce titre, en 2019, 2023 et 2024 des collaborations avec la direction de l’IFMEREE d’Oujda ou encore l’école d’architecture de l'Université internationale de Rabat (UIR), à l’invitation de sa directrice Imane Bennani, et l’Université d’architecture et d’ingénierie le Lubeck en Allemagne, à l’in- vitation du professeur Lippe Heiner, ont permis d'organiser avec les étudiants des expéri- mentations à échelle réelle de prototypes en terre, adobe et pisé préfabriqués ou de murs en terre antisismiques. En 2019, le Solar Decathlon de Benguérir a été la plate-forme d'un consortium d'écoles d’architecture UIR (Maroc) et Lubeck (Allemagne), auquel j'ai participé à l'encadrement en tant qu'architecte-consul- tant. Notre projet a remporté le premier prix grâce à l'aspect contemporain du plan propo- sé et à l'innovation technique mettant en valeur les avan- tages du pisé moderne. ◆

Tirer des leçons du passé, améliorer les réponses et anticiper les crises à venir sont des priorités.

 Le cadre d'autoconstruction pose des défis majeurs, notamment dans des milieux isolés et montagneux.

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