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JEUDI 19 SEPTEMBRE 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
ECONOMIE
Légalisation du cannabis
«Les agriculteurs doivent en être les premiers bénéficiaires»
Le développement de l’activité doit créer tout un écosystème au profit de l’économie locale. Il est indispensable de maintenir, et même de renforcer les activités alternatives à la culture du cannabis. Entretien avec Chakib Khayari, coordinateur du Collectif national pour l’usage médical et industriel du cannabis.
Propos recueillis par C. Jaidani
l’économie légale, leur offrant ainsi une meilleure intégra- tion. En soutenant directe- ment ces acteurs locaux, nous pourrions créer une économie alternative durable où les exploitants seraient les premiers bénéficiaires, plutôt que de concentrer les avan- tages uniquement sur les industries pharmaceutiques et cosmétiques. F.N.H. : Quelle serait sa portée sociale et éco- nomique ? Ch. Kh. : La légalisation du cannabis pourrait avoir une portée sociale et écono- mique considérable, à condi- tion qu'elle soit bien enca- drée et qu'elle inclue tous les acteurs concernés. D’un point de vue économique, cette initiative pourrait ouvrir la voie à une nouvelle indus- trie légale, générant des reve- nus substantiels pour l’État par le biais des taxes et des impôts. Le développement de ce secteur pourrait attirer des investissements natio- naux et étrangers et créer
Finances News Hebdo : L’initiative de légalisa- tion du cannabis pour une utilisation cos- métique ou médicale répond-elle à vos aspi- rations ? Chakib Khayari : L’initiative de légalisation du cannabis à des fins cosmétiques et médicales représente une avancée importante, mais elle reste incomplète. Bien qu’elle réponde en partie à nos attentes en permettant l’exploitation légale de cette plante à fort potentiel éco- nomique et médical, il est nécessaire de renforcer la position des cultivateurs tra- ditionnels dans cette chaîne de valeur. Pour que cette initiative soit pleinement satisfaisante, il est crucial de mettre en place des programmes de subven- tion et une fiscalité adaptée, afin d’aider les coopératives de cultivateurs à réduire leurs charges de production, tout en augmentant leurs gains. Ces mesures permettraient de consolider leur rôle dans
de nombreuses opportunités d’emploi, notamment dans les régions traditionnellement dépendantes de la culture du cannabis. Ces emplois ne se limiteraient pas à la culture elle-même, mais englobe- raient également la transfor- mation, la distribution, etc. Faudrait-il maintenir les activités alternatives à la culture du cannabis ? F.N.H. : Ch. Kh. : Oui, il est indispen- sable de maintenir et même de renforcer les activités alternatives à la culture du cannabis. La diversification agricole doit rester une priori- té pour éviter que les régions dépendantes du cannabis ne
subissent les fluctuations du marché ou les effets d’une régulation plus stricte. Les initiatives de cultures alter- natives, bien que souvent peu efficaces dans le passé, doivent être revisitées et intégrées dans une stratégie globale de développement durable. Le cannabis peut jouer un rôle central, mais il ne doit pas être la seule solu- tion économique pour ces régions. Selon le communiqué du ministère de la Justice concernant la grâce royale accordée aux cultivateurs de cannabis, l'objectif n'est pas uniquement de permettre aux habitants de se limiter à des activités de culture,
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