Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 20 novembre 2025 - 8 DH - N° 1216
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
SGTM Une IPO record pour ancrer un champion du BTP dans la durée
Cash Plus en Bourse «Nous sommes une fintech intégrée…»
Entretien avec Nabil Amar, PDG de Cash Plus
P. 10/11
P.12/13
● Réservé et rigoureux jusqu’au bout des lunettes, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger a donné un rythme nouveau à la diplomatie marocaine, en cohérence permanente avec la stratégie royale.
P. 30/31
Élevage Comment stopper l’hémorragie ?
Anatomie d’un changement d’ère Maroc Telecom
Soutien aux TPME Un nouveau dispositif sous le regard attentif des opérateurs
P.14/15
P.22 à 24
P. 18 à 21
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
ACTUALITÉ
26 L'UNIVERS DES TPME
Editorial
Entretien avec Hicham Mouti : Experio, «Redonner du temps au comptable, c’est transformer sa valeur ajoutée»
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Voyons voir : Campagne agricole : Vigilance économique Ça se passe au Maroc
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BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : Le souffle retombe Bourse : Les particuliers s’installent durablement au cœur du marché Entretien avec Nabil Amar : Cash Plus en Bourse, «Nous ne sommes pas une société de transfert d’argent, mais une fintech intégrée au service de l’inclusion» SGTM : Une IPO record pour ancrer un champion du BTP dans la durée Gestion d’actifs : L’essor d’un pilier devenu central dans le financement du Maroc Maroc Telecom : Anatomie d’un changement d’ère Entretien avec AFIS-Deloitte & Frédéric Maury : Finance africaine, «Il faut mettre en place un cadre continental de convergence réglementaire»
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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Du retour de Mohammed V à la résolution 2797 Fête de l’indépendance
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28 PORTRAIT
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Cosumar : Imad Ghammad au centre de la nouvelle dynamique du Groupe
C
POLITIQUE
haque 18 novembre, le Maroc ne célèbre pas seulement une date inscrite dans un calendrier. Il revisite un acte fondateur. Un pacte moral entre un Trône, un peuple et une histoire qui continue d’irriguer le présent. Soixante- dix ans après la fin du protectorat français et le retour triomphal de feu Sa Majesté Mohammed V, la commémoration de l’indépendance demeure l’un des rares moments où la nation marocaine, dans sa diversité et sa cohésion, se rassemble autour d’une histoire partagée, faite de luttes et de sacrifices. Car le 18 novembre n’est pas une simple halte mémorielle. C’est une manière de se rappeler d’où l’on vient pour mieux mesurer le chemin parcouru. Et ce chemin, nul ne l’ignore, fut long et heurté. Il fut surtout porté par une conviction fermement ancrée : celle que l’unité du Maroc, notamment son identité, son territoire et sa souveraineté, ne pouvait être ni négociée, ni abandonnée. Il faut savoir que la quête marocaine de souveraineté commence bien avant 1956. Elle s’est construite, entre autres, dans la résistance politique, dans le Manifeste de l’indépen- dance de 1944 et dans l’insistance à rappeler au monde que le Maroc n’était ni un espace sans mémoire ni un territoire sans droits. Cette résistance trouve son souffle dans le courage de Mohammed V, qui affronta l’exil plutôt que de rompre le lien historique qui l’unit à son peuple. Les manifestations de Casablanca, l’engagement des cellules secrètes, les opérations de l’Armée de libéra- tion… sont autant d’initiatives qui ont façonné une nation qui refuse la fatalité. Et lorsque le Sultan revient d’exil en novembre 1955, ce n’est pas une simple figure monarchique qui rentre au pays, mais le symbole vivant d’un Maroc qui reprend possession de son destin. Et dès les premières années de l’indépendance, le projet s’articula autour de la construc- tion de l’Etat moderne, la réforme administrative, la décentralisation ou encore l’émer- gence d’un pluralisme politique. L’indépendance n’était pas seulement une rupture avec un passé imposé, elle devint le socle d’une transformation profonde. Elle ouvrit la voie à une ambition nationale, à savoir offrir aux Marocains une vie digne, dans le respect de leurs droits et la préservation de leurs valeurs. Cette indépendance n’a pas cependant clos le cycle des luttes. Elle a, au contraire, inau- guré une nouvelle bataille : celle de l’intégrité territoriale. De la récupération de Tarfaya en 1958 et de Sidi Ifni en 1969, à celle d’Oued Eddahab en 1979, en passant par la Marche Verte de 1975, le Royaume s’est engagé dans une entreprise patiente et déterminée, où diplomatie et légitimité historique s’entremêlaient. Aujourd’hui encore, cette continuité se lit dans l’initiative marocaine d’autonomie, la seule voie sérieuse, réaliste et durable pour résoudre le différend artificiel autour du Sahara marocain. La récente résolution 2797 du Conseil de sécurité vient, une nouvelle fois, confirmer la pertinence de cette vision et le rôle du Maroc comme acteur régional stable, constructif et crédible. Ce n’est donc pas un hasard si le 18 novembre résonne toujours avec la même intensité. L’indépendance n’est pas un souvenir figé : c’est un projet politique qui se prolonge. Avec un Maroc qui continue de défendre ses constantes nationales tout en se moder- nisant, ancrant ses choix dans la continuité historique qui relie Mohammed V, Hassan II et Mohammed VI. u
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Nasser Bourita : L’enfant de Taounate qui séduit les chancelleries Entretien ave Mustapha Sehimi : Sahara marocain, L’heure de vérité pour l’Algérie et le polisario
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ECONOMIE
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TPME : Un nouveau dispositif sous le regard attentif des acteurs économiques Soutien aux entreprises : Armer les TPME pour gagner la bataille de l’investissement et de l’emploi Élevage : Comment stopper l’hémorragie ? Entretien avec Mohamed Taher Srairi : Élevage, «Le cheptel est un capital vivant, il faut des politiques de long terme» Entretien avec Tarik Dbilij : Location de voiture, «Nous plaidons pour un nouveau cahier des charges»
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33 HIGH-TECH
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Cyberfraudes : Deepfakes, IA et usurpations d’identité, la nouvelle vague qui frappe le Maroc
Littoral marocain : Entre souveraineté écono- mique et responsabilité écologique 34 DEVELOPPEMENT DURABLE
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• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
Campagne agricole
Vigilance économique
stabiliser une activité qui soutient des centaines de milliers de ménages ruraux. Malgré ces efforts et l’amélioration récente des conditions climatiques, l’équation reste fragile. Les premières pluies ne suffisent pas à effacer les déficits accumulés, et la réussite de la cam- pagne dépendra autant de la quantité de préci- pitations que de leur régularité dans les mois à venir. Une météo capricieuse et des pluies mal réparties dans le temps et dans l’espace pour- raient influencer les rendements, et par consé- quent l’ensemble du scénario macroéconomique sur lequel repose la trajectoire budgétaire de 2026. Il y a ainsi de l’appréhension dans l’air. Car même si le Maroc n’a pas fait d’économie dans l’effort pour booster le PIB non agricole afin de réduire la dépendance historique de l’économie au cycle hydrique, la saison qui s’ouvre rappelle que la résilience du secteur agricole reste un chantier en construction et que la consolidation d’un modèle moins vulnérable nécessitera encore du temps et de la cohérence dans les politiques publiques. A l’évidence donc, pour cette campagne, rien n’est écrit. Les champs reverdiront peut-être. Les rendements suivront peut-être aussi. En clair, soit la pluie permettra à l’économie de tenir son cap en 2026, soit elle chahutera les prévisions gouvernementales. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
plet pour accompagner la nouvelle campagne : 1,5 million de quintaux de semences certifiées, vendues à des prix subventionnés et étendues à de nouvelles espèces; plus de 650.000 tonnes d’engrais phosphatés disponibles aux mêmes niveaux tarifaires que l’année précédente; et un programme de semis direct qui couvre déjà 400.600 hectares, avec un objectif d’un million d’hectares à horizon 2030. A cela s’ajoutent la poursuite de l’irrigation de complément, une assurance multirisque couvrant près d’un million d’hectares, ainsi que des incitations du Fonds de développement agricole pour encourager l’inves- tissement dans un secteur qui demeure l’un des principaux amortisseurs sociaux du pays. Le gouvernement mise également sur la recons- truction du cheptel national, un chantier doté de 12,8 milliards de dirhams. L’aide directe aux éleveurs, la prime pour les femelles ovines et caprines, le rééchelonnement des dettes et les campagnes de vaccination doivent permettre de
L es pluies tombées ces derniers jours ont redonné un souffle d’optimisme au monde rural, après plusieurs campagnes marquées par une plu- viométrie faible et irrégulière. Cette accalmie hydrique arrive à un moment où l’agriculture, affaiblie par 6 années successives de séche- resse, s’apprête à entamer une nouvelle saison décisive. Le lancement officiel de la campagne 2025/2026 dans la région Tanger–Tétouan–Al Hoceima illustre d’ailleurs l’importance accordée à cette séquence, tant sur le plan économique que social. Les attentes sont fortes parce que la Loi de Finances 2026 associe une grande partie de ses prévisions à la performance du secteur. Pour atteindre une croissance annoncée de 4,6% et ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB, le gouvernement retient une hypothèse de produc- tion céréalière de 70 millions de quintaux et un prix du gaz butane stabilisé autour de 500 dollars la tonne. Autant de paramètres sensibles, tribu- taires du climat et d’une conjoncture internatio- nale encore marquée par les incertitudes chez les principaux partenaires commerciaux du Maroc. Sur le terrain, l'Etat a déployé un arsenal com- Par D. William
Soit la pluie permettra à l’économie de tenir son cap en 2026, soit elle chahutera les prévisions gouvernementales.
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
Dakhla
Des accords majeurs signés dans l'IA D eux accords stratégiques dans l’intelligence artifi- cielle et la transition énergétique ont été signés à Dakhla par Amal El Fallah Seghrouchni (D), ministre
déléguée auprès du chef du gouvernement, chargée de la Transition numérique et de la Réforme de l'Administration, et Leila Benali, ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, aux côtés des autorités régionales et des responsables universitaires. Alignée sur les hautes orientations du Roi Mohammed VI, l’initiative vise à renforcer la souveraineté numérique et énergétique du Maroc et à positionner les provinces du Sud comme pôle d’innovation durable. Le premier accord porte sur le lancement des data centers verts «Igoudar Dakhla», une plateforme ali- mentée à 100% par les énergies renouvelables, destinée à l’hébergement et au traitement de données, avec des solutions de refroidissement naturel pour réduire la consommation énergétique. Le second acte la création de l’Institut Jazari de l’IA et de la transition énergétique, dédié à la formation avancée, à la recherche appliquée et à l’accompagnement des startups dans les domaines de l’IA et des technologies énergétiques propres. ■
Lancement officiel de la campagne agricole 2025-2026
L’ Office national marocain du tourisme (ONMT) a conclu un partenariat straté- gique de cinq ans avec EasyJet pour ren- forcer durablement la connectivité internationale du Maroc. Au cœur de cet accord, la compagnie ouvrira sa première base hors Europe à l’aéroport de Marrakech, issue de négociations menées par l’ONMT. Trois Airbus y seront déployés dès le lancement, pour un investissement de plus de 150 millions d’euros. EasyJet prévoit une hausse de 17% de son offre La campagne prévoit aussi le renforcement de l’irrigation de complément, l’assurance multi- risque couvrant près d’un million d’hectares et la poursuite des incitations du Fonds de dévelop- pement agricole. Le ministre a également pré- senté le programme de reconstitution du cheptel, doté de 12,8 milliards de dirhams, incluant aides directes, vaccination et allégement des dettes. En marge de la cérémonie, El Bouari a inauguré une unité oléicole et signé des conventions avec des coopératives pour appuyer le semis direct. ■ L e ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari, a lancé à Ayacha (province de Larache), la campagne agricole 2025/2026, dans un contexte marqué par plusieurs années de sécheresse et la hausse des coûts des intrants. Le ministère déploie un ensemble de mesures pour soutenir les agriculteurs dans le cadre de Génération Green : mobilisation de 1,5 million de quintaux de semences certifiées à prix sub- ventionnés, élargissement de la subvention à de nouvelles espèces, approvisionnement du marché en 650.000 tonnes d’engrais et pour- suite du programme national de semis direct sur 400.600 ha.
ONDA
Les aéroports se mettent aux couleurs de la CAN 2025 L’ Office national des aéroports (ONDA) lance une vaste campagne immersive pour habiller les aéroports marocains aux couleurs de la Coupe d’Afrique des Nations 2025 Total Energies. En partenariat avec la CAF et le Comité d’organisation local, l’ONDA transforme les espaces de transit en véritables lieux de célébration, avec arches monumentales, trophées XXL, tunnels immersifs et fan-zones interactives. L’objectif est de faire vivre aux voyageurs, dès leur arrivée ou leur départ, l’émotion de cette grande fête africaine du football, en faisant des aéroports les premières arènes de partage, d’unité et de fierté afri-
caine. Cette initiative s’inscrit dans la stratégie de l’ONDA axée sur l’amélioration de l’expérience client, tout en assu- rant fluidité et sécurité grâce à une coordination avec les autorités nationales (Intérieur, DGSN, gendarmerie royale, douanes...). La campagne a accompagné l’accueil des délégations, légendes, officiels et médias venus pour les CAF Awards 2025, et se déploiera progressivement jusqu’à la CAN (21 décembre 2025 – 18 janvier 2026). En toile de fond, un même message : le Maroc accueille l’Afrique avec passion et fierté. ■
Aérien : L’ONMT muscle la connectivité internationale du Royaume
vers le Maroc dès 2026 ainsi qu’un développement des séjours via EasyJet Holidays, soutenant la stratégie de diversification touristique du Royaume. L’implantation générera près de 100 emplois directs et plusieurs milliers d’emplois indirects, chaque avion représentant environ 30 millions d’euros de valeur ajoutée pour l’économie locale. Avec cette alliance, l’ONMT consolide son rôle moteur dans l’ouverture de nouvelles capacités aériennes et confirme l’ancrage du Maroc comme destination majeure à l’horizon 2030. ■
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Le Directeur Général du Groupe Barid Al-Maghrib et l’ensemble de la famille postière ont l’insigne honneur de présenter leurs vœux les plus déférents à NOTRE AUGUSTE SOUVERAIN, À l’occasion du 70 ème anniversaire de la Fête de l’Indépendance
SA MAJESTÉ LE ROI MOHAMMED VI QUE DIEU L’ASSISTE
et renouvellent leur indéfectible attachement au Glorieux Trône Alaouite. Puisse Dieu accorder longue vie à Sa Majesté le Roi et le combler en la personne de Son Altesse Royale le Prince Héritier Moulay El Hassan, de Son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid ainsi que de tous les membres de l’Illustre Famille Royale.
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Point Bourse Hebdo Le souffle retombe
Evolution de l'indice Masi depuis début novembre 2024
L Le marché casablancais a de nouveau calé. Le Masi s’installe dans une phase de consolidation où prudence et prises de bénéfices prennent le dessus. En attendant, les investisseurs ont choisi la prudence. Les prises de bénéfices se sont multipliées, accompagnées d’une volonté de générer un peu de liquidité (chez les particuliers surtout) avant certaines opérations sur capi- tal, notamment l’introduction en Bourse de Cash Plus, très atten- due par le marché. Par Y . Seddik ’ fond. Tant que le seuil des 18.200 points tient, la structure haussière reste préservée.
18496.12
accès de faiblesse observé la semaine dernière s’est prolon- gé. Après un rebond timide fin octobre, le marché a de nouveau perdu de l’altitude. Le Masi recule de 3,23% à 18.645,53 points, enre- gistrant ainsi sa deuxième plus forte baisse hebdomadaire de l’année (après celle de la semaine du 4 avril 2025). En effet, sur les dix dernières semaines, l’indice n’a connu que trois périodes fran- chement positives, et encore, davantage de rebonds techniques que de véritables vagues haus- sières. Le Masi s’est-il rassasié ? Le mar- ché va-t-il se contenter de ses 26% de gains annuels à un mois et demi de la fin de l’année ? La question se pose, d’autant que les signaux actuels pointent vers le maintien d’une phase de consoli- dation. Le manque de catalyseurs, le creux d’actualité et la prudence de fin d’année n’aident pas à relan- cer l’élan. Mais pour l’instant, rien ne remet en cause la tendance de
TOP Performances
FLOP Performances
SBM Minière Touissit Risma
-9,83%
+15,14% +9,81%
Promopharm S.A Zellidja Maroc Leasing
-8,48%
-7,6%
+5,46%
Le reflux ne s’est pas fait dans l’indifférence. Les échanges ont totalisé 1,4 milliard de dirhams sur le marché central, un niveau d’ac- tivité convenable dans le contexte actuel. TGCC s’impose comme la valeur la plus échangée, concen- trant plus du tiers du volume total (33,86%), soit 474 MDH, en grande partie grâce à des opérations de reclassement. Le jeu des grandes capitalisations évolue Dans le palmarès des poids lourds
de la cote, le classement a bougé; Managem grimpe sur le podium et s’installe à la troisième place, tan- dis que BCP recule à la cinquième. Marsa Maroc, pour sa part, gagne une marche et prend la quatrième position. Au total, la capitalisa- tion boursière repasse sous les 990 milliards de dirhams, consé- quence logique de la correction de la semaine. Les publications d’indicateurs tri- mestriels commencent à tomber. Ils devraient réintroduire un peu
de volatilité, absente ces der- niers temps, et offrir de nouveaux repères au marché. Pour relancer la dynamique, il faudra toutefois des arguments plus frais : des annonces macroéconomiques claires, des résultats solides ou des signaux sectoriels porteurs. En dehors de cela, le marché reste en phase de wait and see. Une pause ordonnée, plus technique que fondamentale, où les investis- seurs semblent préférer patienter plutôt que forcer le mouvement. ◆
BOURSE & FINANCES
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à la culture financière et connectée en permanence, ne se contente plus de suivre, mais participe, analyse et prend ses décisions avec beaucoup plus de méthode.
2024, le véritable point d’inflexion
Si le T2-2025 marque une accéléra- tion, l’année 2024 a été le véritable moment charnière. Le nombre de comptes-titres détenus par des parti- culiers a franchi la barre des 200.000 pour atteindre plus de 215.000 en fin d’année. Ce seuil symbolique, jamais effleuré auparavant, illustre un regain d’intérêt sans équivalent pour la Bourse de Casablanca. De son côté, le nombre de clients actifs sur les plateformes digitales a doublé, tandis que les investisseurs actifs au sens large progressaient de 26%. Le rôle des introductions en Bourse a été déterminant. L’IPO de CMGP Group a agi comme un catalyseur, avec une demande multipliée par 37 et une participation massive des par- ticuliers. À cela s’ajoute un environ- nement boursier favorable, avec un Masi en hausse significative et des perspectives économiques renfor- cées par l’approche d’événements comme la CAN 2025 ou la Coupe du monde 2030. La détente monétaire de Bank Al-Maghrib a par ailleurs contribué à redonner du souffle au marché actions, facilitant les arbi- trages et les prises de positions. Ce qui surprend le plus les pro- fessionnels, c’est la maturité pro- gressive des particuliers. Leurs arbi- trages se concentrent désormais sur des thèmes sectoriels précis. L’immobilier, la santé ou encore le BTP ont monopolisé une large part de leurs transactions, révélant une lecture plus fine des cycles et des opportunités. Au lieu de comporte- ments impulsifs ou opportunistes, les sociétés de Bourse observent une montée en gamme des approches, où coexistent vision long terme, ges- tion active et arbitrages tactiques. En définitive, le retour massif des par- ticuliers modifie l’équilibre des forces et redonne de la profondeur au mar- ché. Pour la première fois depuis près d’une décennie, les profils d’inves- tisseurs se rapprochent d’une forme d’équilibre, où institutionnels, corpo- rate et particuliers contribuent chacun à la dynamique des échanges. ◆
Les particuliers reviennent en force, mais différemment : informés, connectés, formés et pleinement
intégrés dans la mécanique du marché.
Bourse Les particuliers s’installent durablement au cœur du marché L Grâce à la digitalisation, à un marché porteur et à des IPO très suivies, les particuliers prennent une place qu’ils n’avaient plus occupée depuis des années. Les chiffres du T2 2025 publiés par l’AMMC montrent un rééquilibrage net des forces en présence. Par Y. Seddik
e marché central reste un terrain d’institutionnels, mais plus comme auparavant. Les OPCVM dominent toujours les échanges avec un peu plus du tiers des transactions, mais la vraie rupture se situe désormais du côté des particuliers, qui captent près de 28% du volume. Un pour- centage qu’on n’avait plus observé depuis 2017 et qui, surtout, dépasse pour la première fois depuis des années les flux générés par les insti- tutionnels traditionnels. Cette montée est visible dans la dynamique des flux. Les OPCVM restent nettement acheteurs, avec des achats qui atteignent 11,4 mil- liards de dirhams pour 9,3 milliards de ventes, soit des volumes plus que doublés en un an. Les particu- liers marocains affichent, eux, des niveaux d’activité presque équili- brés entre 7,7 milliards d’achats et 8 milliards de ventes, avec des pro- gressions annuelles exceptionnelles.
Les personnes morales marocaines basculent davantage en position vendeuse, tandis que les investis- seurs étrangers, beaucoup plus présents qu’à l’accoutumée, triplent leurs achats et renforcent aussi leurs ventes. Même les flux transitant par le réseau bancaire s’inscrivent en nette hausse sur un an, malgré un repli technique par rapport au pre- mier trimestre. Dans son ensemble, le marché central a connu une acti- vité foisonnante. Le nombre d’ordres bondit de plus de 70%, les contrats suivent la même cadence et les volumes échangés dépassent désor- mais les 28 milliards de dirhams. Tous les indicateurs convergent : la Bourse n’avait pas été aussi animée depuis longtemps. Ce retournement ne relève pas du hasard. Il accompagne un mou- vement plus profond, celui de la démocratisation du trading en ligne. Pour la première fois, les canaux
digitaux deviennent le passage natu- rel pour la majorité des particuliers. Dans certaines sociétés de Bourse, plus des deux tiers des ordres des investisseurs individuels transitent désormais par les plateformes élec- troniques, un changement de para- digme que peu d’acteurs anticipaient à ce rythme. Hicham Oudghiri, directeur front office de CDG Capital Bourse, observe un phénomène très net. Il nous expliquait il y a quelques mois qu’une vague de nouveaux inves- tisseurs arrive, souvent des jeunes actifs, des cadres et des salariés, qui considèrent la Bourse comme un outil crédible de valorisation de leur épargne. Leur comportement se distingue par une meilleure compré- hension des cycles de marché, une capacité à arbitrer plus finement et une attitude sensiblement plus disci- plinée face à la volatilité. La génération montante, sensibilisée
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Cash Plus en Bourse «Nous ne sommes pas une société de transfert d’argent, mais une fintech intégrée au service de l’inclusion»
projet de transformation pour les prochaines années. D’abord, nous voulons être encore plus proches des Marocains, physiquement et digitalement. Notre réseau compte déjà 20% d’agences en zones rurales, mais le besoin y reste immense, tant sur les services financiers que non financiers. Ensuite, nous allons accélérer notre transformation techno- logique. Nous avons 2 millions de porteurs de comptes : l’en- jeu maintenant est de les équi- per massivement de moyens de paiement. Or, le marché marocain est sous-adressé : 70.000 commerçants équipés de TPE sur un potentiel de 1,5 million. Ce gisement est énorme. Nous voulons donc élargir notre base d’utilisateurs, mieux équiper ceux qui le sont déjà et accélérer l’adoption du paiement dans le pays. F. N. H. : Justement, pourquoi le rural consti- tue-t-il un levier de crois- sance important pour Cash Plus ? N. A. : Parce que 40% de la population marocaine vivent en zone rurale. Ce sont des territoires où les besoins d’ac- cès, de désenclavement et de services sont très forts. Nos agences y jouent un rôle pra- tique, social, parfois même administratif. La majorité de nos porteurs de comptes est issue du monde rural. L’objectif est clair : leur offrir des outils de paiement modernes qui leur permettent de payer, retirer, recevoir, de manière simple et fluide.
À la veille de l’ouverture des souscriptions pour son introduction en Bourse, Cash Plus finalise un roadshow dense auprès des investisseurs institutionnels. Son PDG, Nabil Amar, revient pour Finances News Hebdo sur la transformation du groupe, son positionnement réel dans l’écosystème financier marocain, ses perspectives de croissance et les raisons pour lesquelles les petits porteurs pourraient s’intéresser à cette fintech désormais incontournable.
Propos recueillis par A Hlimi
F. N. H. : Vous l’avez dit : pour beaucoup, Cash Plus reste associé au transfert d’argent. Qui êtes-vous vraiment aujourd’hui et que n’êtes-vous pas ? N. A. : Cash Plus n’est pas ou plutôt n’est plus une simple société de transfert d’argent, et ce depuis longtemps. La socié- té est née il y a 20 ans avec une mission claire : rendre les services financiers accessibles à tous. Nous avons grandi au gré des évolutions régle- mentaires. D’abord société de transfert de fonds, puis éta- blissement de paiement agréé par Bank Al-Maghrib. Ensuite, nous avons accueilli un fonds d’investissement en 2014, puis un family office en 2020. Aujourd’hui, Cash Plus est une
plateforme technologique qui traite 400 millions d’opérations par an, un réseau de 5.000 points de services, plus de 2 millions de comptes de paie- ment actifs et 1,5 milliard de dirhams qui tombent chaque mois sur ses comptes, entre salaires, allocations familiales ou aides sociales. Nous sommes, en réalité, une fintech intégrée, au service des personnes, des entreprises pri- vées, des institutions publiques et de l’inclusion financière. F. N. H. : Parlons de l’opé- ration. Vous levez 750 MDH, dont 400 MDH en augmentation de capi- tal. À quoi serviront ces fonds ? N. A. : Ils soutiendront notre
Finances News Hebdo : Vous venez de bou- cler votre roadshow. Comment l’opération a-t- elle été accueillie par les investisseurs profession- nels ? Nabil Amar : Très favorable- ment. Cash Plus intrigue sou- vent, car le public connaît sur- tout la marque et le réseau, mais beaucoup ignorent la profondeur technologique de l’entreprise et la dynamique dans laquelle nous nous ins- crivons. Le roadshow a été l’occasion d’expliquer ce que nous faisons réellement, com- ment nous opérons et où nous allons. Les institutionnels ont apprécié cette transparence et ont bien accueilli notre vision de long terme.
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vée, qui transforme depuis dix ans le paysage financier du pays. Nous sommes une valeur de ren- dement parce que notre activité est récurrente, solide et bien maî- trisée. Mais nous sommes aussi une valeur de croissance, car de nombreux chantiers vont trans- former le marché des paiements au Maroc. Nous comptons sur- prendre positivement le marché dans les prochaines années. ◆
F. N. H. : Pour 2025, quelles sont vos attentes en matière de perfor- mance financière ? N. A. : Nous prévoyons un chiffre d’affaires d’environ 1,8 milliard de dirhams et un résultat net autour de 240 mil- lions de dirhams. Le business plan présenté au marché reste volontairement conservateur. Il ne reflète que le périmètre actuel, sans intégrer toutes les transformations que nous allons mener. Le potentiel est donc plus important que ce qui est affiché. F. N. H. : Quelles sont aujourd’hui les grandes familles de revenus de Cash Plus ? N. A. : Deux piliers. 1. Les services financiers : transferts d’argent nationaux et internationaux, opérations liées au compte de paiement (cash-out, paiement de fac- tures, paiements par carte…). 2. Les services non finan- ciers : télécoms, colis, e-com- merce, services de proximité variés. Au total, plus de 150 services sont proposés dans nos agences. F. N. H. : Le marché semble très concurren- tiel. Qu’est-ce qui vous distingue réellement ? N. A. : D’abord, nous sommes indépendants, ce qui est rare dans ce secteur. Ensuite, notre ADN est très proche du citoyen. Nos franchisés - car une grande partie du réseau est en franchise - sont eux- mêmes des entrepreneurs. Leur réussite est directement liée à la richesse de notre por- tefeuille de services. Ensuite, notre force réside dans la diversité des clients : les par- ticuliers, les entreprises privées (assureurs, BTP, intérim…), les institutions publiques. Beaucoup de grands acteurs utilisent aujourd’hui les ser- vices de Cash Plus : indemni- sation d’assurance, paiement de travailleurs journaliers, distribution d’aides sociales,
F. N. H. : Quel message adressez-vous aux petits porteurs qui envisagent de participer à l’IPO ? Cash Plus est-elle une valeur de croissance, de rende- ment… ou les deux ? N. A. : Les deux. Cash Plus est une entreprise marocaine, régulée, rentable et solidement gérée. Rejoindre Cash Plus, c’est rejoindre une équipe jeune, moti-
Fondée il y a plus de vingt ans, Cash Plus a progressivement développé sa gamme de services ainsi que son infrastructure digitale, pour devenir une fintech de référence.
gestion de dossiers maladies, remboursements CNSS… Nous sommes devenus un pont opérationnel entre les ins- titutions et le citoyen.
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vilégient de plus en plus des EPC (Engineering Procurement and Construction) «de bout en bout». Sur ce terrain, SGTM insiste sur un point : être aujourd’hui la seule entreprise marocaine à avoir livré des unités industrielles complètes, incluant le process technologique (cimenterie, usine d’engrais, etc.), avec toutes les compétences nécessaires en interne. Une posi- tion stratégique au moment où se profile un cycle d’investissements dans l’hydrogène vert, le dessale- ment, les renouvelables et l’indus- trie lourde. Un carnet de commandes de 37 milliards de dirhams Sur le plan financier, le discours repose sur la continuité et la robustesse. Le groupe affiche un chiffre d’affaires passé d’environ 8,7 milliards de dirhams en 2022 à 10 milliards en 2024, avec un objectif de 14 milliards en 2025; une marge d’EBITDA autour de 17% en moyenne sur les trois der- nières années, avec une projection à 16,9% en 2025; un résultat net retraité (hors éléments non récur- rents) qui se situe en moyenne à 8,5% du chiffre d’affaires sur la période récente, avec un objectif de 7,7% en 2025, soit près de 2 milliards de dirhams; un endette- ment net d’environ 830 millions de dirhams à fin 2024, correspondant à un gearing de l’ordre de 32%, projeté à 45% en 2025. Tout cela laisse une capacité de levier signi- ficative. Le carnet de commandes contrac- tuel s’élève à 37 milliards de dirhams à l’horizon 2028, composé à près de 38% de commandes publiques, 60% semi-publiques et 5% privées. La visibilité est forte : le chiffre d’affaires 2025 est sécu- risé à 100%, celui de 2026 à 72%, 2027 à 46% et 2028 à 23%. La direction insiste d’ailleurs sur le caractère conservateur de ces pro- jections, fondées sur des hypo- thèses de croissance inférieures à celles anticipées pour l’ensemble du secteur. Sur la gestion du BFR, sujet cri- tique dans les métiers du BTP, SGTM détaille une palette d’outils: avances de démarrage prévues contractuellement sur une partie
Le management de SGTM présentant l'IPO.
SGTM Une IPO record pour ancrer un champion du BTP dans la durée A En s’ouvrant au public à travers une cession de 20% de son capital, SGTM fait d’abord un choix de pérennité, de gouvernance et de transmission pour un groupe familial qui revendique un rôle d’«entreprise citoyenne» au service des grands chantiers du Royaume. Par A. Hlimi conservent 80% du capital après l’opération, et l’objectif central est d'institutionnaliser la gouvernance, ouvrir le capital à de nouveaux publics et inscrire le groupe dans le temps long, au-delà de la géné- ration des fondateurs. L’endettement du groupe est maî- trisé et largement constitué de cré- dit-bail affecté aux engins. Dans ce contexte, une augmentation de capital aurait surtout abouti à faire «dormir» de la trésorerie excéden- taire, explique Idriss Berrada, DG d’Attijari Finances, conseiller finan- cier de l'opération.
vec un montant d’environ 5 mil- liards de dirhams, l’opération est la plus importante IPO réalisée au Maroc depuis l’introduction de Maroc Telecom en 2004 et la plus grande jamais menée par un émetteur privé. Elle marque aussi l'arrivée sur le marché d’un «grand nom» de l’économie réelle, dans un secteur – la construction et les infrastructures – au cœur du cycle d’investissement public à venir. Fondée en 1972 par les frères Ahmed et Mohamed Kabbaj, SGTM s’est construite à contre- courant d’un secteur alors dominé par les entreprises étrangères. Plus de cinquante ans plus tard, le raisonnement qui conduit à l’IPO est assumé. Il ne s’agit pas de «sortir», mais d’organiser la suite. Les actionnaires historiques
indique que l’entreprise n’a pas véritablement d’alter ego couvrant tout son spectre d’activités. SGTM se présente comme un «multispé- cialiste» couvrant l’ensemble des grands métiers de la construction et des infrastructures, allant de l'hydraulique à l’énergie et l'indus- trie, en passant par le bâtiment et les transports. Au-delà de cette diversification sectorielle, SGTM revendique une intégration tech- nique avancée : fondations spé- ciales, charpentes, levage lourd, exécution de projets industriels complexes… Autant de fonctions que le groupe internalise plutôt que de les confier à un écosys- tème dispersé. Cette intégration est présentée comme un avantage compétitif clé, dans un contexte où les grands donneurs d’ordres pri-
Un multi spécialiste intégré, difficile à comparer Interrogée sur ce qui différencie SGTM de ses concurrents, Hamza Kabbaj, DG de SGTM, nous
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La gestion d’actifs s’est imposée, en presque trois décennies, comme l’un des moteurs les plus solides du financement de l’économie marocaine. Gestion d’actifs Un pilier central dans le financement du Maroc
tissement aux OPCI et aux produits dérivés. Par ailleurs, elle introduit les OPCVM à des règles allégées, desti- nées aux investisseurs plus sophisti- qués souhaitant disposer de stratégies plus souples. Ces avancées créent un environnement propice à la montée en gamme de l’industrie et à une meilleure adaptation aux besoins des investis- seurs institutionnels comme particuliers. Un rôle stratégique pour les grands projets du Royaume Le thème de la conférence, «Cap 2030 : Mobiliser l’épargne nationale pour financer les grands projets de demain» , résume parfaitement le positionne- ment actuel du secteur. Les prochaines années verront converger des besoins de financement massifs liés à la Coupe du monde 2030, à la transition éner- gétique et hydrique, à la décarbona- tion industrielle, au développement des infrastructures régionales, à la digitali- sation et à l’inclusion financière. Pour l’ASFIM, la gestion d’actifs est natu- rellement appelée à accompagner cet élan national en orientant davantage l’épargne vers ces projets structurants. La CDG, par la voix de son Directeur général, Khalid Safir, renforce ce mes- sage en soulignant que l’épargne est une ressource de souveraineté. Elle garantit la continuité de l’investisse- ment, réduit la dépendance aux capi- taux étrangers et donne au Maroc la capacité de financer son propre déve- loppement. Si les perspectives sont prometteuses, l’AMMC insiste sur les responsabilités accrues des gestionnaires. Le nouveau cadre réglementaire s’accompagne d’obligations renforcées : les sociétés de gestion doivent agir exclusivement dans l’intérêt des épargnants, renfor- cer leurs ressources humaines et tech- niques pour une gestion des risques plus robuste, et assurer un suivi continu des portefeuilles et des risques opéra- tionnels. Après 30 ans d’évolution, la gestion d’actifs marocaine arrive à maturité. Elle est aujourd’hui un canal majeur de formation de capital, un acteur indis- pensable du financement public, un levier stratégique pour les infrastruc- tures, un vecteur de mobilisation de l’épargne populaire et un outil d’inclu- sion et de souveraineté financière. En consolidant ce socle, le Maroc se dote d’un atout précieux pour financer ses ambitions à l’horizon 2030 et au-delà. ◆
significative des projets, schémas classiques de préfinancement bancaire adossés au nantissement des marchés, et recours plus inno- vant à des «project bonds» pour certains grands chantiers, comme le port de Dakhla. Une opération populaire L’autre particularité de cette IPO est sa structuration. Elle porte sur 20% du capital, cédés par la famille Kabbaj, pour une valorisa- tion de 26,7 milliards de dirhams (445 dirhams par action selon la méthode DCF) et un prix d’intro- duction fixé à 420 dirhams. La répartition des tranches illustre la volonté d’en faire une opération populaire : • une tranche dédiée aux salariés, d’environ 190 millions de dirhams, avec une décote de 19% (prix de 340 dirhams) et une capacité de souscription allant jusqu’à 24 mois de salaire; • une tranche pour les personnes physiques souscrivant moins de 5 millions de dirhams, dotée d’envi- ron 1,66 milliard de dirhams, avec une décote de 9,5% sur le prix d’introduction; • des tranches dédiées aux inves- tisseurs qualifiés (personnes phy- siques fortunées, institutionnels, OPCVM) au prix plein de 420 dirhams. Au total, près de 60% de l’opéra- tion sont réservés aux personnes physiques, un ratio inédit pour une IPO de cette taille sur la place de Casablanca. L’idée est de permettre aux Marocains qui se reconnaissent déjà dans les ouvrages livrés par SGTM – barrages, ports, stades, hôpitaux, infrastructures – de se retrouver aussi dans le capital de l’entreprise. Cette ouverture intervient dans un contexte macroéconomique quali- fié de «cycle d’investissement his- torique» : plus de 1.000 milliards de dirhams d’investissements publics prévus à l’horizon 2031, une montée en puissance des grands programmes industriels et énergétiques, et une projec- tion affirmée de l’expertise maro- caine en Afrique et sur les marchés régionaux, selon le top manage- ment de SGTM. ◆
L Par A. Hlimi
a conférence annuelle de l’AS- FIM, organisée le 13 novembre à Rabat, a apporté une nou- velle démonstration du poids grandissant de la gestion d'actifs dans notre économie. Et ceci devrait s'accélérer du fait que l’industrie des OPCVM
ce qui fait d’eux l’un des principaux apporteurs de financement de l’État. Ils constituent également une source majeure de financement des infrastruc- tures publiques et privées : 28% des encours obligataires du secteur ferro- viaire, 47% de ceux du secteur por- tuaire, 69% du secteur aéroportuaire, 80% pour l’eau et l’électricité, et jusqu’à 8% pour le secteur des télécommuni- cations. Leur rôle est tout aussi déter- minant sur le marché actions, puisqu’ils détiennent 43% de la capitalisation flot- tante et représentent 37% des volumes Du côté de l’ASFIM, son président Mostafa Hassani rappelle que l’indus- trie a gagné 230 milliards de dirhams d’encours en deux ans, une progres- sion exceptionnelle alimentée par une combinaison d’acteurs complémen- taires. Les investisseurs institutionnels ont renforcé leurs placements de 76 milliards de dirhams, les entreprises ont ajouté 27 milliards, et les ménages marocains ont également accru leur épargne investie de plus de 10 milliards.
est entrée dans une nouvelle phase récemment, marquée par une montée en puissance historique, une réforme structurante et un rôle élargi dans les grands chantiers nationaux. Le Maroc a posé les bases de la ges- tion d’actifs moderne en 1995, avec la création des premiers OPCVM par cinq banques. La promesse était d'offrir aux épargnants un produit liquide, trans- parent et géré par des professionnels soumis au contrôle du régulateur. Les premiers encours restaient modestes - moins de 3 milliards de dirhams en 1996 -, mais le mouvement était lancé. Le véritable décollage intervient à par- tir de la fin des années 1990, jusqu’à franchir en 2006 la barre symbolique des 100 milliards de dirhams d’actifs sous gestion. Depuis, la dynamique n’a plus ralenti. En octobre 2025, l’indus- trie affiche 790 milliards de dirhams d’encours, soit l’un des secteurs finan- ciers les plus massifs du Royaume. Cet essor n’est pas qu’un succès sectoriel. Il a transformé la manière dont l’écono- mie marocaine se finance. Les OPCVM jouent aujourd’hui un rôle de premier plan dans la mobilisation de l’épargne nationale et dans l’accompagnement des politiques publiques. Les chiffres cités par le président de l’AMMC, Tarik Senhaji, sont éloquents. Les OPCVM détiennent près de 40% de l’encours total des Bons du Trésor,
La loi 03-25, une réforme structurante
Votée il y a quelques semaines, la loi 03-25 marque un tournant profond pour le secteur. Pour l’AMMC, elle offre «un cadre réformé et modernisé» capable de soutenir l’innovation et l’élargisse- ment de l’offre. Elle introduit ainsi de nouveaux véhicules d’investissement, comme les ETF (Exchange Traded Funds), qui permettront de démocrati- ser davantage l’accès au marché bour- sier. Elle ouvre aussi la voie aux OPCVM participatifs pour renforcer l’inclusion financière, autorise la création de fonds en devises et élargit l’univers d’inves-
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