FNH N_ 1216 (1)

BOURSE & FINANCES

13

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025

La gestion d’actifs s’est imposée, en presque trois décennies, comme l’un des moteurs les plus solides du financement de l’économie marocaine. Gestion d’actifs Un pilier central dans le financement du Maroc

tissement aux OPCI et aux produits dérivés. Par ailleurs, elle introduit les OPCVM à des règles allégées, desti- nées aux investisseurs plus sophisti- qués souhaitant disposer de stratégies plus souples. Ces avancées créent un environnement propice à la montée en gamme de l’industrie et à une meilleure adaptation aux besoins des investis- seurs institutionnels comme particuliers. Un rôle stratégique pour les grands projets du Royaume Le thème de la conférence, «Cap 2030 : Mobiliser l’épargne nationale pour financer les grands projets de demain» , résume parfaitement le positionne- ment actuel du secteur. Les prochaines années verront converger des besoins de financement massifs liés à la Coupe du monde 2030, à la transition éner- gétique et hydrique, à la décarbona- tion industrielle, au développement des infrastructures régionales, à la digitali- sation et à l’inclusion financière. Pour l’ASFIM, la gestion d’actifs est natu- rellement appelée à accompagner cet élan national en orientant davantage l’épargne vers ces projets structurants. La CDG, par la voix de son Directeur général, Khalid Safir, renforce ce mes- sage en soulignant que l’épargne est une ressource de souveraineté. Elle garantit la continuité de l’investisse- ment, réduit la dépendance aux capi- taux étrangers et donne au Maroc la capacité de financer son propre déve- loppement. Si les perspectives sont prometteuses, l’AMMC insiste sur les responsabilités accrues des gestionnaires. Le nouveau cadre réglementaire s’accompagne d’obligations renforcées : les sociétés de gestion doivent agir exclusivement dans l’intérêt des épargnants, renfor- cer leurs ressources humaines et tech- niques pour une gestion des risques plus robuste, et assurer un suivi continu des portefeuilles et des risques opéra- tionnels. Après 30 ans d’évolution, la gestion d’actifs marocaine arrive à maturité. Elle est aujourd’hui un canal majeur de formation de capital, un acteur indis- pensable du financement public, un levier stratégique pour les infrastruc- tures, un vecteur de mobilisation de l’épargne populaire et un outil d’inclu- sion et de souveraineté financière. En consolidant ce socle, le Maroc se dote d’un atout précieux pour financer ses ambitions à l’horizon 2030 et au-delà. ◆

significative des projets, schémas classiques de préfinancement bancaire adossés au nantissement des marchés, et recours plus inno- vant à des «project bonds» pour certains grands chantiers, comme le port de Dakhla. Une opération populaire L’autre particularité de cette IPO est sa structuration. Elle porte sur 20% du capital, cédés par la famille Kabbaj, pour une valorisa- tion de 26,7 milliards de dirhams (445 dirhams par action selon la méthode DCF) et un prix d’intro- duction fixé à 420 dirhams. La répartition des tranches illustre la volonté d’en faire une opération populaire : • une tranche dédiée aux salariés, d’environ 190 millions de dirhams, avec une décote de 19% (prix de 340 dirhams) et une capacité de souscription allant jusqu’à 24 mois de salaire; • une tranche pour les personnes physiques souscrivant moins de 5 millions de dirhams, dotée d’envi- ron 1,66 milliard de dirhams, avec une décote de 9,5% sur le prix d’introduction; • des tranches dédiées aux inves- tisseurs qualifiés (personnes phy- siques fortunées, institutionnels, OPCVM) au prix plein de 420 dirhams. Au total, près de 60% de l’opéra- tion sont réservés aux personnes physiques, un ratio inédit pour une IPO de cette taille sur la place de Casablanca. L’idée est de permettre aux Marocains qui se reconnaissent déjà dans les ouvrages livrés par SGTM – barrages, ports, stades, hôpitaux, infrastructures – de se retrouver aussi dans le capital de l’entreprise. Cette ouverture intervient dans un contexte macroéconomique quali- fié de «cycle d’investissement his- torique» : plus de 1.000 milliards de dirhams d’investissements publics prévus à l’horizon 2031, une montée en puissance des grands programmes industriels et énergétiques, et une projec- tion affirmée de l’expertise maro- caine en Afrique et sur les marchés régionaux, selon le top manage- ment de SGTM. ◆

L Par A. Hlimi

a conférence annuelle de l’AS- FIM, organisée le 13 novembre à Rabat, a apporté une nou- velle démonstration du poids grandissant de la gestion d'actifs dans notre économie. Et ceci devrait s'accélérer du fait que l’industrie des OPCVM

ce qui fait d’eux l’un des principaux apporteurs de financement de l’État. Ils constituent également une source majeure de financement des infrastruc- tures publiques et privées : 28% des encours obligataires du secteur ferro- viaire, 47% de ceux du secteur por- tuaire, 69% du secteur aéroportuaire, 80% pour l’eau et l’électricité, et jusqu’à 8% pour le secteur des télécommuni- cations. Leur rôle est tout aussi déter- minant sur le marché actions, puisqu’ils détiennent 43% de la capitalisation flot- tante et représentent 37% des volumes Du côté de l’ASFIM, son président Mostafa Hassani rappelle que l’indus- trie a gagné 230 milliards de dirhams d’encours en deux ans, une progres- sion exceptionnelle alimentée par une combinaison d’acteurs complémen- taires. Les investisseurs institutionnels ont renforcé leurs placements de 76 milliards de dirhams, les entreprises ont ajouté 27 milliards, et les ménages marocains ont également accru leur épargne investie de plus de 10 milliards.

est entrée dans une nouvelle phase récemment, marquée par une montée en puissance historique, une réforme structurante et un rôle élargi dans les grands chantiers nationaux. Le Maroc a posé les bases de la ges- tion d’actifs moderne en 1995, avec la création des premiers OPCVM par cinq banques. La promesse était d'offrir aux épargnants un produit liquide, trans- parent et géré par des professionnels soumis au contrôle du régulateur. Les premiers encours restaient modestes - moins de 3 milliards de dirhams en 1996 -, mais le mouvement était lancé. Le véritable décollage intervient à par- tir de la fin des années 1990, jusqu’à franchir en 2006 la barre symbolique des 100 milliards de dirhams d’actifs sous gestion. Depuis, la dynamique n’a plus ralenti. En octobre 2025, l’indus- trie affiche 790 milliards de dirhams d’encours, soit l’un des secteurs finan- ciers les plus massifs du Royaume. Cet essor n’est pas qu’un succès sectoriel. Il a transformé la manière dont l’écono- mie marocaine se finance. Les OPCVM jouent aujourd’hui un rôle de premier plan dans la mobilisation de l’épargne nationale et dans l’accompagnement des politiques publiques. Les chiffres cités par le président de l’AMMC, Tarik Senhaji, sont éloquents. Les OPCVM détiennent près de 40% de l’encours total des Bons du Trésor,

La loi 03-25, une réforme structurante

Votée il y a quelques semaines, la loi 03-25 marque un tournant profond pour le secteur. Pour l’AMMC, elle offre «un cadre réformé et modernisé» capable de soutenir l’innovation et l’élargisse- ment de l’offre. Elle introduit ainsi de nouveaux véhicules d’investissement, comme les ETF (Exchange Traded Funds), qui permettront de démocrati- ser davantage l’accès au marché bour- sier. Elle ouvre aussi la voie aux OPCVM participatifs pour renforcer l’inclusion financière, autorise la création de fonds en devises et élargit l’univers d’inves-

www.fnh.ma

Made with FlippingBook flipbook maker