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BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025

Finance africaine «Il faut mettre en place un cadre continental de convergence réglementaire»

La 5 ème édition du Baromètre de l’industrie financière africaine réalisée par Deloitte et AFIS (Association française pour l'information scientifique) révèle un regain de confiance sur les marchés locaux, malgré la volatilité et les obstacles persistants à l’intégration financière du continent. Le secteur mise sur une discipline budgétaire renforcée, une meilleure expérience client et une gestion des risques modernisée, portée par l’essor de l’intelligence artificielle. Frédéric Maury, DG délégué d’AFIS, et Ziad Baddou, Directeur Deloitte Conseil Maroc, co-auteurs dudit baromètre, nous en donne les détails. Entretien.

 Ziad Baddou

 Frédéric Maury

bilisation de l'inflation a offert une visibilité accrue aux acteurs économiques. Cette stabilité se traduit par une confiance ren- forcée, comme en témoigne la note de confiance impression- nante de 8/10 attribuée par les dirigeants du secteur que nous avons interrogés. Les progrès technologiques sont aussi notables, avec des avancées en matière de digi- talisation. Les services finan- ciers ont considérablement évolué, avec le développement du mobile banking, des plate- formes électroniques et des innovations dans la gestion des paiements. Cette transformation digitale se reflète concrètement dans les résultats financiers: plus de 80% des dirigeants constatent une hausse de leurs revenus, concernant aussi bien les banques traditionnelles que les assurances et les fintechs. Pour autant, les défis sont nom- breux. Le premier, c’est la taille

des acteurs africains de l’in- dustrie financière. Comme l’a rappelé Jérémy Awori, le CEO d’Ecobank, pendant AFIS 2025, «les 100 premières banques détiennent ensemble 126 mil- liards de dollars de capitaux, soit moins que Citigroup à elle seule (175 milliards de dollars) et bien moins que les grandes banques chinoises (300 à 500 milliards de dollars)». Ensuite, parmi les autres défis économiques, il faut noter que la volatilité des marchés des capitaux persiste, freinée par la persistance des défis struc- turels et la forte exposition aux flux d’investissements étran- gers. Enfin, le continent gagne- rait à développer l’intégration financière à travers l’harmo- nisation réglementaire et les régimes de change. Des pro- jets ont été lancés dans ce sens, mais ils nécessitent une convergence pour progresser efficacement.

F. N. H. : Le baromètre de l’industrie indique que les banques africaines se concentrent moins sur la simple croissance et plus sur la rentabilité. Qu'est-ce que cela change concrètement pour les clients et pour les straté- gies des banques ? AFIS-Deloitte : En effet, selon les conclusions de ce baro- mètre Deloitte - AFIS, dont le rapport final sera publié en jan- vier 2026, la période récente a été marquée par une inflexion stratégique pour les banques africaines. Elles passent d'une logique de croissance pure à une approche centrée sur la rentabilité et l'efficacité opé- rationnelle. Cette mutation se traduit par des investissements plus sélectifs et une discipline budgétaire renforcée. Les chiffres sont éloquents: 46% des acteurs priorisent désormais la rentabilité, et 85%

Propos recueillis par Désy M.

Finances News Hebdo : Que retenir de l’édition 2025 de l’AFIS ? Quelles avancées et quels défis restent-ils encore à rele- ver pour booster l’indus- trie financière africaine afin qu’elle réponde aux besoins des différents acteurs économiques du continent ? AFIS-Deloitte : L'année 2025 marque une période de sta- bilisation et de transformation pour l'industrie financière afri- caine. Les avancées sont signi- ficatives à plusieurs niveaux. Sur le plan économique, la sta-

La promotion de l’interopérabilité des paiements est également fondamentale pour le développement de l’industrie financière et pour réduire la dépendance au Dollar ou à l’Euro.

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