BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
la volatilité des marchés finan- ciers africains, l’amélioration de l’environnement et du cli- mat des affaires et une inté- gration plus forte des marchés africains sont essentielles. Sur ce dernier volet, le projet de l’AELP (African Exchanges Linkage Project) va dans la bonne direction, même si 59% des financiers sondés sont sceptiques quant à l’impact de ce projet. Ensuite, il faut par- venir à développer la collecte de l’épargne et son orientation vers les marchés financiers locaux. Comme il a été souli- gné à de nombreuses reprises pendant l’Africa Financial Summit à Casablanca, les capitaux existent en Afrique mais ne sont pas orientés vers les endroits productifs, soit pour des raisons régle- mentaires, soit par aversion au risque. ◆
en font une priorité stratégique. Il faut noter que c’est beaucoup moins le cas pour les assureurs, pour qui la croissance sur un marché encore peu développé reste prioritaire. Les banques concentrent aussi leurs efforts sur l'expérience client, vue comme un facteur de différen- ciation important sur un marché très concurrentiel. La confor- mité et la gestion des risques restent centrales, 66% des diri- geants interrogés par AFIS et Deloitte les plaçant au cœur de leur stratégie. F. N. H. : L'intégration financière en Afrique est difficile, car les pays n'ont pas les mêmes règles. Comment peut-on rendre les règles de change plus similaires entre les pays africains, sachant que 87% des institutions trouvent ce point urgent ? AFIS-Deloitte : Jules Ngankam, le patron d’African Guarantee Fund, a eu cette analyse pendant l’AFIS : «Plus de 40 devises et des règles fragmentées; ce pat- chwork représente une double imposition sur l'investissement: coût et risque. L'unification libère les capitaux». On ne sau- rait dire mieux. Pour renforcer l’intégration financière, il faut renforcer le rôle des institutions régionales (comme l’UEMOA ou la CEMAC) en centralisant la politique de change avec des règles partagées. Il est égale- ment nécessaire de mettre en place un cadre continental de convergence réglementaire en définissant des principes com- muns (convertibilité partielle, gestion prudente des réserves, flexibilité graduée) et introduire des normes minimales de trans- parence, de reporting et de supervision des flux transfronta- liers. Il faut aussi encourager le rapprochement entre Banques centrales : accords de swaps régionaux, partage d’informa- tions sur les réserves, cadres de gestion des flux de capitaux. La promotion de l’interopérabili- té des paiements est également fondamentale pour le dévelop-
pement de l’industrie financière et pour réduire la dépendance au Dollar ou à l’Euro. Les avan- cées de PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System) en la matière sont essentielles. F. N. H. : Les technolo- gies comme l'intelligence artificielle (IA) sont vues comme la clé pour amélio- rer les services bancaires. Pourtant, l'étude montre que les banques manquent d'infrastructures solides et de personnel qualifié. Comment les institutions peuvent-elles utiliser l'IA de manière efficace et en toute sécurité ? AFIS-Deloitte : L’utilisation des technologies de pointe comme l’IA requiert des prérequis tech- nologiques et règlementaires. Le premier de ces prérequis c’est le recours à grande échelle au cloud. Il demeure limité en Afrique pour diverses raisons (souveraineté de la data, règle- mentation…), et plus largement des infrastructures et des capa- cités techniques qui restent insuffisantes. Ensuite, la data doit être disponible et fiable. Enfin, il faut un cadre réglemen- taire permettant de sécuriser le déploiement de l’IA dans un contexte légal évolutif. La mise en place de ces prére- quis vient également faciliter la mise en place de dispositifs de cybersécurité plus performants. F. N. H. : Vous notez une situation étonnante : les acteurs financiers locaux et panafricains sont de plus en plus confiants en l'avenir, mais les inves- tisseurs étrangers, eux, le sont moins. Pourquoi cette différence ? AFIS-Deloitte : Le niveau de confiance global affiché par l’ensemble des acteurs de l’in- dustrie reste élevé, mais il est vrai qu’il est en recul pour les acteurs internationaux. La note de confiance pour les acteurs panafricains est ainsi de 8.44/10 contre 7.45/10 pour les inter-
Les 100 premières banques africaines détiennent ensemble 126 milliards de dollars de capitaux, soit moins que Citigroup à elle seule (175 milliards de dollars).
nationaux (-0.66). Ce n’est pas réellement une surprise : depuis une dizaine d’années, plusieurs groupes bancaires internatio- naux ont réduit leur présence en Afrique. Cela a permis à de nou- veaux acteurs locaux d’émerger. F. N. H. : Que doit faire le secteur pour rendre les marchés financiers africains moins volatils et moins dépendants des décisions des investisseurs étrangers qui peuvent par- tir rapidement ? AFIS-Deloitte : Pour réduire
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