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ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025

TPME Un nouveau dispositif sous le regard attentif des acteurs économiques Le lancement du nouveau dispositif de soutien aux TPME intervient dans un contexte où l’investissement régional et l’accès au financement restent des enjeux centraux. Entre attentes élevées, mécanismes ciblés et adaptation des acteurs, son déploiement sera déterminant pour mesurer sa portée réelle sur le terrain.

l’investissement. Selon lui, ce soutien direct vise à «renforcer les capacités locales et valori- ser les ressources humaines et naturelles des régions», tout en encourageant l’émergence de projets dans des zones moins attractives. Il met également en avant la lisibilité des cri- tères d’éligibilité, conçus pour s’inscrire dans un cadre plus homogène que les dispositifs antérieurs. Du côté patronal, la CGEM a salué cette initiative. Son pré- sident, Chakib Alj, rappelle que 95% des membres de la Confédération sont des TPME et estime que la simplification des démarches, notamment via les représentations régionales, devrait faciliter le dépôt et la bancabilité des projets. Un dispositif qui suscite des réserves Le contexte sectoriel explique en partie les attentes susci- tées par cette mesure. Selon le dernier rapport de l’Obser- vatoire marocain de la TPME, près de 80% des entreprises actives ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à un million de dirhams et la moitié d’entre elle est concentrée dans trois régions. L’accès au finan- cement demeure limité : en 2018, 4,1% seulement des prêts bancaires étaient desti- nés aux microstructures. Ce diagnostic souligne les diffi- cultés récurrentes auxquelles sont confrontées les petites entreprises, qu’il s’agisse de formalisation, de garanties ou d’ingénierie financière. C’est dans ce cadre que les réserves de certains repré- sentants des petites struc- tures s’expriment. Mohamed El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME, estime que « la plu- part des TPME vont rester en dehors du dispositif », en raison notamment du seuil d’investis- sement d’un million de dirhams. Il considère que les conditions d’éligibilité risquent de favori- ser les entreprises les mieux structurées : «ce sont les TPME

Par R. Mouhsine

 Aziz Akhannouch a défendu une réforme destinée aux entreprises très petites et petites, avec des investis- sements allant de 1 à 200 millions de dirhams.

L

e lancement à Errachidia du dispositif de soutien direct aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) entre dans le cadre de la mise en œuvre du nouveau Pacte de l’investissement. Le gou- vernement veut en faire un levier d’ancrage territorial de l’investissement et de création d’emplois, dans la continuité des orientations royales. La mesure est présentée comme un outil de transformation de la dynamique entrepreneuriale nationale, mais suscite égale- ment des interrogations au sein

d’une partie des représentants des petites structures. Devant les acteurs écono- miques réunis lors de cette ren- contre, le mardi 11 novembre, le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a défendu une réforme «destinée aux entre- prises très petites et petites, avec des investissements allant de 1 à 200 millions de dirhams» . Il a souligné la volonté de territorialisation de la politique d’investissement : les décisions et financements doivent désormais être ins- truits au niveau régional, via les Centres régionaux d’inves- tissement. L’objectif affiché est de rapprocher l’action publique des réalités locales et de facili- ter l’accès au soutien pour les porteurs de projets.

Un complément aux outils existants Le dispositif repose sur un sys- tème de subventions modu- lables et cumulables pouvant atteindre jusqu’à 30% du mon- tant total de l’investissement. Trois types de primes sont pré- vus : une prime liée à l’emploi formel, une prime territoriale en fonction de la zone d’im- plantation, et une prime sec- torielle pour les projets jugés prioritaires. L’Exécutif pré- sente ce mécanisme comme un complément aux outils déjà existants, destiné à renforcer l’investissement productif dans l’ensemble des régions. Karim Zidane, ministre délégué chargé de l’Investissement, insiste sur l’articulation de ce dispositif avec le Pacte de

Près de 80% des entreprises actives ont un chiffre d’affaires annuel inférieur à un million de dirhams et la moitié est concentrée dans trois régions.

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