ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
intégrées à de grands groupes qui seront les premières béné- ficiaires», avance-t-il. Il juge par ailleurs que la concerta- tion préalable a été insuffisante et souligne que «les TPE se financent à hauteur de 99% par leurs propres moyens». El Fergui met également en cause la difficulté d’accès au crédit bancaire. Selon lui, les garanties exigées par les éta- blissements financiers consti- tuent un frein majeur. «Les banques demandent des titres de logement ou de terrain. Même une entreprise cliente depuis dix ans peut se voir refuser un crédit», affirme-t-il. Il pointe enfin une perception «décalée» entre les déclara- tions optimistes des pouvoirs publics et la réalité du terrain pour les très petites structures. Toutefois, ces critiques inter- viennent alors que le disposi- tif n’a pas encore entamé sa phase opérationnelle et que les premiers dossiers doivent être examinés au niveau des régions. Le rôle déterminant des CRI Pour les pouvoirs publics, l’enjeu réside dans la capa-
Le gouvernement mise sur un effet d’entraîne- ment entre subventions publiques, financement
bancaire et création d’emplois formels.
La question se pose notam- ment pour les petites entre- prises informelles ou semi-for- melles, peu familières avec les procédures administratives. À ce stade, les contours du dispositif sont clairement défi- nis, mais son appropriation reste à observer. Les subventions ne seront accordées qu’après signature d’une convention d’investisse-
ment validée par les commis- sions régionales. L’accès à ces aides suppose également un apport en fonds propres d’au moins 10% du projet, un cri- tère qui pourrait constituer un filtre supplémentaire pour les entreprises les plus fragiles. Le gouvernement mise sur un effet d’entraînement entre subventions publiques, finan- cement bancaire et création d’emplois formels. Les repré- sentants des petites entre- prises, eux, soulignent les obstacles historiques liés au financement, à la concurrence des grandes structures ou à la capacité administrative. Les positions restent donc contras- tées, mais convergent sur un point : la réussite du dispositif dépendra de son application sur le terrain, de la clarté des procédures et de la capacité des régions à accompagner les très petites et petites entre- prises dans la formulation de projets viables. Le lancement d’Errachidia ouvre une phase d’obser- vation cruciale. Au-delà des annonces, c’est la mise en œuvre qui permettra de mesu- rer si ce nouvel outil peut répondre aux enjeux d’inves- tissement, d’emploi et de réé- quilibrage territorial qui lui sont assignés. ◆
cité à déployer ce dispositif de manière homogène sur l’en- semble du territoire. Le rôle des CRI sera déterminant : instruc- tion des projets, accompagne- ment des porteurs, évaluation de l’impact sur l’emploi. L’un des défis identifiés par plu- sieurs experts concerne l’ingé- nierie nécessaire pour structu- rer des dossiers répondant aux nouveaux critères d’éligibilité.
Les points clés du nouveau dispositif de soutien aux TPME
Le nouveau dispositif de soutien direct aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME) introduit une architecture profondément remaniée de l’aide publique à l’investissement. Il s’appuie sur trois piliers : territorialisa- tion, ciblage et performance. Les projets éligibles doivent représenter un investissement compris entre 1 et 50 mil- lions de dirhams et inclure un apport en fonds propres d’au moins 10%. Pour les jeunes entreprises créées depuis moins de trois ans, le critère de chiffre d’affaires est sup- primé afin de favoriser l’amorçage. Le mécanisme s’articule autour d’un système de primes modulables pouvant atteindre un plafond cumulé de 30% du montant total de l’investissement. La première prime est liée à l’emploi : elle peut représenter jusqu’à 10% du projet, sous condition de création de postes formels et durables. La deuxième est territoriale : de 10% en zone A et jusqu’à 15% en zone B, afin de renforcer l’attractivité des régions les moins dotées en infrastructures économiques. La troisième prime est sectorielle : elle peut ajouter 10% supplémentaires pour les activités jugées prioritaires au regard des orientations économiques nationales. Le volet opérationnel repose sur une territorialisation
poussée. Les Centres régionaux d’investissement (CRI) deviennent la porte d’entrée unique : instruction des dos- siers, accompagnement, validation et suivi. Les commis- sions régionales d’investissement auront la responsabi- lité de statuer sur les conventions, dont la signature condi- tionne le versement effectif des subventions. Cette gou- vernance décentralisée vise à rapprocher les décisions du terrain, mais suppose une capacité d’exécution équilibrée entre régions. Le dispositif comporte également plusieurs restrictions pour éviter les effets d’aubaine. Aucune entre- prise ne peut en bénéficier si plus de 25% de son capital sont détenus par une structure réalisant plus de 200 millions de dirhams de chiffre d’affaires. Par ailleurs, chaque emploi créé doit correspondre à un poste marocain en CDI main- tenu pendant au moins 18 mois. En filigrane, ce mécanisme introduit une logique de res- ponsabilisation : les subventions ne sont versées qu’après réalisation effective des engagements. Il offre aux TPME un cadre plus lisible que les dispositifs antérieurs, mais laisse ouverte la question de la capacité des plus petites structures à satisfaire les exigences administratives et financières nécessaires pour en bénéficier pleinement.
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