ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
tions se détournent d’un métier perçu comme contraignant et peu rentable. Pour Srairi, cette ten- dance doit être considérée avec attention : «beaucoup de jeunes quittent l’élevage. Le travail est lourd, la rémunération faible, et la sécheresse accentue le découra- gement. Le risque, c’est une rup- ture générationnelle». Ce facteur pèse directement sur la résilience du secteur et sur sa capacité à se transformer. Face à la gravité de la situation, l’État a engagé un programme de soutien exceptionnel. Près de 580.000 éleveurs ont déjà béné- ficié de 2,42 milliards de dirhams d’aides directes, dans le cadre d’une enveloppe totale de 12,8 milliards destinée à soutenir l’ali- mentation du cheptel, préserver les femelles reproductrices, alléger les dettes, vacciner les animaux et renforcer l’encadrement technique. Cette approche, inédite, marque un tournant. Pour Srairi, elle consti- tue une réponse nécessaire, mais à inscrire dans la durée : «le cheptel est un capital vivant. Sa reconstitu- tion prend du temps. Les effets ne seront pas immédiats».
«il n’y a pas de réponse rapide. La question est désormais celle de l’adaptation à un manque d’eau qui va s’installer dans le temps». Dans ce contexte, l’enjeu pour les politiques publiques dépasse la gestion de crise. Il s’agit d’ancrer une stratégie capable de stabiliser le cheptel, de sécuriser les revenus ruraux et de réduire la dépendance croissante aux importations. Les pluies offrent un répit. L’essentiel reste à construire. ◆
Les premières pluies offrent un répit, mais l’élevage marocain reste fragilisé par des années de sécheresse et une production en recul.
nomiques des éleveurs seront éga- lement décisives. Sans un minimum de visibilité, de rémunération et de soutien technique, la filière conti- nuera de perdre sa main-d’œuvre.
Les actuelles peuvent atténuer temporairement la pression, mais ne suffisent pas à elles seules à rétablir un équilibre durable. Comme le résume Srairi, précipitations
Recherche publique et investissement
Les pluies de ces derniers jours offrent une fenêtre d’opportunité, mais pas une solution. Le redres- sement du secteur passera par un travail de fond sur l’alimenta- tion animale, la gestion de l’eau et l’attractivité du métier. La question fourragère apparaît centrale. Le Pr. Srairi écarte les solutions présen- tées comme rapides, notamment le fourrage hydroponique, jugé inca- pable de fournir la matière sèche nécessaire aux besoins des ani- maux. «Ce système augmente la masse en ajoutant de l’eau, pas de matière sèche. Il ne répond pas aux besoins nutritionnels du trou- peau», explique-t-il. L’enjeu réside plutôt dans le développement de fourrages adaptés aux condi- tions arides, capables de valori- ser efficacement l’eau disponible, un chantier qui mobilise autant la recherche publique que l’investis- sement privé. La protection des reproductrices et l’amélioration des conditions éco-
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