POLITIQUE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
Sahara marocain L’heure de vérité pour l’Algérie et le polisario
transmettra sa version actualisée du plan d’autonomie à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU. Ce document sera simulta- nément transmis aux trois autres parties : la Mauritanie, l’Algérie et le polisario. Une rencontre est ensuite prévue aux États-Unis, sous supervision de l’ONU, mais aussi des Américains qui se positionnent désormais comme acteurs centraux dans ce dossier. La question est donc claire : l’Al- gérie et le mouvement séparatiste seront-ils prêts ou contraints à se réinscrire dans le processus tel que défini par la résolution 2797 ? F. N. H. : Est-ce que l'Algérie va répondre favorablement à la main tendue du Roi et peut-on s’attendre à une normalisation des relations entre les deux pays ? M. S. : La main tendue du Roi, for- mulée à plusieurs reprises depuis des années, n’a jamais reçu de réponse concrète d’Alger. Ainsi, rien ne permet encore d’affirmer que la dynamique actuelle condui- ra à une normalisation entre les deux capitales. L’Algérie demeure enfermée dans une posture idéo- logique rigide. Sa politique étran- gère semble se résumer à l’hostilité envers le Maroc. Elle est absente des grands dossiers régionaux : peu active en Afrique, margina- lisée au Moyen-Orient, presque inaudible sur la question palesti- nienne ou les autres crises régio- nales. Son isolement diplomatique s’accentue et son influence inter- nationale s’étiole. Reste à savoir si cette marginalisation la poussera vers plus de pragmatisme ou au contraire vers une rigidité accen- tuée. L’hypothèse la plus plausible est celle de pressions américaines pour favoriser, non pas une nor- malisation immédiate, mais au moins un climat de dialogue et de participation constructive au pro- cessus de paix. ◆
La résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU marque une avancée significative pour le Maroc, tant sur le plan diplomatique qu’institutionnel. Mustapha Sehimi, politologue et fin connaisseur du dossier, décrypte les enjeux de cette nouvelle phase.
Propos recueillis par C. Jaidani
Finances News Hebdo: Après l’adoption de la résolution 2797, quels sont les enjeux pour le Maroc ? Mustapha Sehimi : L’adoption de la résolution 2797 constitue indéniablement une victoire diplo- matique pour le Maroc au Conseil de sécurité. Aucun membre ne s’y est opposé : 11 voix favo- rables, trois abstentions et une non-participation. Aucun vote contre, ce qui est en soi significa- tif. Premier acquis donc : un large soutien sans opposition formelle. Deuxième élément favorable : la résolution fait explicitement réfé- rence au plan d’autonomie du Sahara, présenté comme solution politique réaliste et sérieuse dans le cadre de la souveraineté maro- caine. Troisième atout : le texte fixe désormais un cadre procédu- ral clair, notamment avec l’implica- tion renforcée des Etats-Unis, tra- ditionnel «porte-plume» des réso- lutions sur le Sahara. Washington a piloté la rédaction du projet de résolution et s’est même proposé pour accueillir les futures négocia- tions, marquant ainsi une implica- tion diplomatique plus active. F. N. H. : Quelles sont les étapes à venir ? M. S. : Le Conseil de sécurité a invité le Maroc à actualiser sa proposition de 2007. Un plan qui comporte une trentaine d’articles
définissant les principes généraux, mais qui nécessite aujourd’hui une traduction plus précise, notam- ment en matière institutionnelle: statut du chef du gouverne- ment régional, compétences du Parlement, articulation entre les institutions régionales et l’Etat central, répartition des pouvoirs, etc. C’est dans cet esprit que, sur décision du Roi, une réunion a eu lieu le 10 novembre entre ses conseillers, les partis poli- tiques représentés au Parlement ainsi que les ministres concer- nés (Intérieur et Affaires étran- gères). L’objectif est d’enrichir la proposition marocaine à travers une démarche de concertation nationale qui renforce l’adhésion collective autour d’une question nationale consensuelle et ouvre la voie à un document institutionnel plus abouti. F. N. H. : La partie adverse va-t-elle rejoindre le proces- sus politique et entamer des négociations pour trouver une issue finale ? M. S. : La réintégration de l’Algérie et du Polisario dans le processus de négociation demeure une incer-
titude. Les dernières discussions, organisées sous forme de tables- rondes à l’initiative de l’envoyé personnel Horst Köhler, avaient eu lieu en Suisse en décembre 2018 et mars 2019. Mais ce pro- cessus a été interrompu après sa démission en mai 2019. L’Algérie a ensuite annoncé qu’elle ne par- ticiperait plus aux tables-rondes, estimant qu’elles faisaient du dos- sier du Sahara une question régio- nale, alors qu’elle considère qu’il relève exclusivement des Nations Unies. Or, le Maroc partage cette approche : le dossier est bien ins- crit à l’ordre du jour de l’ONU, mais les négociations doivent impliquer les parties directement concer- nées, au premier rang desquelles figure l’Algérie. Autre interrogation : celle de la participation du mouvement sépa- ratiste, notamment depuis sa déci- sion de rompre le cessez-le-feu en novembre 2020 après l’opération marocaine de sécurisation du pas- sage de Guergarate. F. N. H. : Le Maroc est prêt. Les autres suivront-ils ? M. S. : Le calendrier est désormais fixé. D’ici fin décembre, le Maroc
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