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DEVELOPPEMENT DURABLE 34

FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025

projets immobiliers envahissants et la bétonisation de zones écologi- quement sensibles. Dans cette optique, une application stricte de la réglementation est de mise pour réussir à concilier ces deux pôles (économie et durabili- té). La loi 81-12 sur le littoral, adop- tée en 2015, constitue le cadre législatif de référence pour traduire cette vision en actions concrètes. Elle vise à encadrer l’urbanisation, protéger les écosystèmes côtiers et préserver le domaine public maritime. De l’autre côté, le Plan national du littoral, en cours de déploiement, cherche à concilier développement économique et préservation environnementale à travers des programmes régionaux d’aménagement, de gestion des ressources naturelles et de valori- sation des zones côtières. Les col- lectivités territoriales et les agences publiques sont donc appelées à renforcer leur coordination, tandis que les partenariats public-privé doivent intégrer des critères de durabilité dans les projets por- tuaires, industriels et touristiques. Dans le respect des 17 objectifs de développement durable que le Maroc s’évertue à appliquer dans divers secteurs d’activités tant au niveau national que régional, la prise en compte des populations concernées par les activités du littoral est une condition sine qua none pour une meilleure gouver- nance et pour garantir une justice sociale. «Car une économie bleue réellement durable ne peut être construite ni sur des écosystèmes affaiblis ni sans les populations qui vivent au rythme de la mer. Aucun projet ne peut réussir s’il margi- nalise les pêcheurs, les femmes rurales ou les artisans qui vivent sur les côtes depuis des généra- tions», insiste Boiti, rappelant que les modèles les plus pérennes sont souvent ceux qui associent moder- nité et savoir-faire ancestral. Des cas d’école à perpétrer Au Maroc, quelques lieux donnent déjà un aperçu de ce que pour- rait devenir une économie littorale inclusive. À Tafedna, près d’Es- saouira, un village de pêcheurs et

 Un littoral bien gouverné, c’est un littoral qui profite équitablement aux régions, pas seule- ment aux investisseurs.

Littoral marocain

le cadre d’une économie maritime nationale, génératrice de richesse et d’emplois». Une vision qui oriente les actions à entreprendre sur ce littoral maro- cain qui s’étire sur plus de 3.500 kilomètres de côtes, et dont 85% de l’activité économique nationale dépendent directement ou indirec- tement de la mer. La trajectoire est donc tracée. Il ne s’agit plus de développer le littoral selon une logique d’exploitation, mais de le gérer selon une approche intégrée, durable et résiliente. Entre souveraineté économique et responsabilité écologique Par Désy M. D Le littoral marocain n’est pas seulement une ligne sur la carte, c’est une interface vitale entre économie, écologie, culture et justice sociale. Et l’appel royal pour en faire un pilier du développement régional exige une vision à la fois ambitieuse, inclusive et durable.

ans son discours d’ouverture de la première session parlementaire de la cinquième année législative de la onzième législature, le Roi Mohammed VI a appelé les parties prenantes à «mener avec sérieux l’opérationnalisation optimale des leviers de développement durable du littoral national, y compris la loi relative au littoral et le Plan national du littoral. Le but est de contribuer à assurer l’équilibre nécessaire entre le développement accéléré de ces espaces et les exigences de leur protection et de mise en valeur de leurs grands atouts, dans

régénérer. Car la façade maritime du Royaume n’est plus seulement un espace géographique; elle est devenue une ligne de front où se déploient à la fois les promesses du développement et les menaces du changement climatique» , affirme- t-il. En effet, l’érosion gagne du terrain chaque année, pouvant atteindre 1,5 mètre dans certaines zones. La mer avance, poussée par une montée des eaux évaluée à 3,2 mm par an, tandis que la pollu- tion plastique et les rejets d’eaux usées, dont une partie reste encore non traitée, altèrent les écosys- tèmes marins. À ces pressions s’ajoute une urbanisation côtière qui, par endroits, a évolué sans cadre cohérent, laissant proliférer les constructions anarchiques, les

Le professeur Mohammed Boiti, spécialiste des questions environ- nementales, le rappelle avec une formule qui résume à elle seule l’en- jeu du moment : «le littoral maro- cain n’est pas qu’une ressource à exploiter, c’est un bien commun à

Le littoral marocain n’est pas qu’une ressource à exploiter, c’est un bien commun à régénérer.

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