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DEVELOPPEMENT DURABLE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025

d'agriculteurs a misé sur un tou- risme communautaire et écores- ponsable où les habitants sont actionnaires des infrastructures locales. L’énergie solaire, la ges- tion partagée des revenus et la valorisation des produits du littoral offrent un contraste frappant avec les approches descendantes qui ont longtemps dominé l’aménage- ment côtier. Toutefois, cette vision ne pourra se généraliser sans une réforme pro- fonde de la gouvernance maritime. Boiti pointe un problème struc- turel. Plus d’une quinzaine d’ins- titutions interviennent aujourd’hui sur le littoral, créant des décisions fragmentées, parfois incompa- tibles. Cette dispersion rend dif- ficile toute planification durable et ouvre la voie à des arbitrages locaux souvent influencés par la pression foncière. Le professeur plaide ainsi pour un pilotage unifié et transparent, capable d’articu- ler les impératifs environnemen- taux, les nécessités économiques et les réalités sociales. «Un littoral bien gouverné, c’est un littoral qui profite équitablement aux régions, pas seulement aux investisseurs», note-t-il. L’enjeu est désormais de construire un modèle où l’économie bleue ne soit ni un slogan ni une simple extension de l’économie classique vers la mer. Le Maroc dispose des ingrédients essentiels, à savoir des ressources naturelles, une stratégie nationale de développe- ment durable, des acteurs privés en transition, et surtout une vision politique affirmée. Mais la réussite dépendra de la capacité à associer toutes les parties prenantes, des élus aux chercheurs, des investis- seurs aux habitants des villages côtiers. Dans un Maroc qui regarde vers la mer comme vers un horizon de développement, trois piliers sont indissociables : l’écologie, l’équité et l’économie. Boiti résume d’ail- leurs cette équation avec une luci- dité qui sonne comme un avertis- sement : «si l’un manque, le littoral s’effondre». Cette assertion pour- rait bien devenir la feuille de route des prochaines années. ◆

Un partenariat énergétique renforcé à l’occasion de la COP30 Maroc-Pays-Bas

À l’occasion de la 30 ème Conférence des Nations unies sur le climat (COP30) à Belém, au Brésil, Leïla Benali, ministre de la Transition éner- gétique et du Développement durable, a ren- contré Steven Collet, vice-ministre néerlandais pour la Coopération internationale. Les discussions ont souligné la solidité des liens entre les deux pays, notamment dans les secteurs des éner- gies renouvelables, de l’hydrogène vert et de l’innova- tion technologique. Le Maroc a présenté sa Contribution déterminée au niveau national (CDN 3.0), récemment mise à jour, mettant en avant des méthodes innovantes pour renforcer la crédibilité, la transparence et l’effica- cité de ses politiques climatiques. Benali a rappelé que le Royaume place la coopération internationale au centre de sa stratégie énergétique, «fondée sur la crédibilité et la création de valeur parta- gée». Les deux parties ont également salué les résultats du cadre bilatéral signé en 2023 dans le domaine des renouvelables et de l’hydrogène vert, qui a permis un

échange d’expertises, un renforcement des compé- tences et une participation commune à des événe- ments internationaux comme le Power‑to‑X Summit de Marrakech et le World Hydrogen Summit de Rotterdam. Dans un contexte où les défis énergétiques et clima- tiques exigent des réponses collectives, le Maroc et les Pays-Bas cherchent à consolider leurs complémentari- tés pour développer une coopération durable, innovante et tournée vers l’avenir. ◆

Le Maroc accède au nouvel outil climatique de la BEI Transition verte L a Banque européenne d’in- vestissement (BEI) élargit l’accès à son outil numé- rique «Green Checker» au-

delà des frontières de l’Union euro- péenne, en l’ouvrant notamment au Maroc. Gratuit et simple d’usage, cet outil permet d’évaluer la perfor- mance environnementale d’un pro- jet et de vérifier sa conformité aux critères des financements verts de la BEI. D’abord destiné aux établis- sements financiers, il est désormais accessible aux TPME comme aux acteurs publics engagés dans des investissements durables. L’annonce a été faite le 11 novembre, en marge de la COP30 à Belém, au Brésil. Elle marque une volonté de renforcer l’appui aux investissements climatiques dans plusieurs régions, dont l’Afrique du Nord. Le «Green Checker» propose un parcours guidé pour mesurer les bénéfices climatiques d’un pro- jet économie d’énergie, baisse des émissions et attester son aligne- ment avec la taxinomie européenne et les standards de la Banque. Pensé pour s’adapter aux condi- tions locales, l’outil simplifie la sai- sie des données et ajuste auto-

matiquement ses paramètres aux spécificités des marchés maro- cain et régionaux. Pour Adrien de Bassompierre, chef de la repré- sentation de la BEI au Maroc, cet outil constitue un levier précieux pour faciliter l’accès des PME aux financements verts et accélérer la transition écologique en s’appuyant sur le secteur privé. Au Maroc, cette ouverture repré- sente une opportunité pour stimuler la finance verte et attirer des capi- taux internationaux de plus en plus sensibles aux risques climatiques. Elle s’inscrit dans la stratégie euro-

péenne «Global Gateway» et com- plète les programmes de conseil déployés par la BEI pour accom- pagner l’écologisation du système financier et renforcer la résilience climatique. Partenaire du Maroc depuis plus de quarante ans, la BEI a déjà mobilisé plus de 10 milliards d’euros dans le pays, notamment dans l’énergie, l’eau, les transports, l’éducation et le soutien aux entreprises. Cette nouvelle étape confirme son inten- tion d’ancrer davantage le finance- ment durable au cœur du dévelop- pement économique marocain. ◆

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