BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 20 NOVEMBRE 2025
à la culture financière et connectée en permanence, ne se contente plus de suivre, mais participe, analyse et prend ses décisions avec beaucoup plus de méthode.
2024, le véritable point d’inflexion
Si le T2-2025 marque une accéléra- tion, l’année 2024 a été le véritable moment charnière. Le nombre de comptes-titres détenus par des parti- culiers a franchi la barre des 200.000 pour atteindre plus de 215.000 en fin d’année. Ce seuil symbolique, jamais effleuré auparavant, illustre un regain d’intérêt sans équivalent pour la Bourse de Casablanca. De son côté, le nombre de clients actifs sur les plateformes digitales a doublé, tandis que les investisseurs actifs au sens large progressaient de 26%. Le rôle des introductions en Bourse a été déterminant. L’IPO de CMGP Group a agi comme un catalyseur, avec une demande multipliée par 37 et une participation massive des par- ticuliers. À cela s’ajoute un environ- nement boursier favorable, avec un Masi en hausse significative et des perspectives économiques renfor- cées par l’approche d’événements comme la CAN 2025 ou la Coupe du monde 2030. La détente monétaire de Bank Al-Maghrib a par ailleurs contribué à redonner du souffle au marché actions, facilitant les arbi- trages et les prises de positions. Ce qui surprend le plus les pro- fessionnels, c’est la maturité pro- gressive des particuliers. Leurs arbi- trages se concentrent désormais sur des thèmes sectoriels précis. L’immobilier, la santé ou encore le BTP ont monopolisé une large part de leurs transactions, révélant une lecture plus fine des cycles et des opportunités. Au lieu de comporte- ments impulsifs ou opportunistes, les sociétés de Bourse observent une montée en gamme des approches, où coexistent vision long terme, ges- tion active et arbitrages tactiques. En définitive, le retour massif des par- ticuliers modifie l’équilibre des forces et redonne de la profondeur au mar- ché. Pour la première fois depuis près d’une décennie, les profils d’inves- tisseurs se rapprochent d’une forme d’équilibre, où institutionnels, corpo- rate et particuliers contribuent chacun à la dynamique des échanges. ◆
Les particuliers reviennent en force, mais différemment : informés, connectés, formés et pleinement
intégrés dans la mécanique du marché.
Bourse Les particuliers s’installent durablement au cœur du marché L Grâce à la digitalisation, à un marché porteur et à des IPO très suivies, les particuliers prennent une place qu’ils n’avaient plus occupée depuis des années. Les chiffres du T2 2025 publiés par l’AMMC montrent un rééquilibrage net des forces en présence. Par Y. Seddik
e marché central reste un terrain d’institutionnels, mais plus comme auparavant. Les OPCVM dominent toujours les échanges avec un peu plus du tiers des transactions, mais la vraie rupture se situe désormais du côté des particuliers, qui captent près de 28% du volume. Un pour- centage qu’on n’avait plus observé depuis 2017 et qui, surtout, dépasse pour la première fois depuis des années les flux générés par les insti- tutionnels traditionnels. Cette montée est visible dans la dynamique des flux. Les OPCVM restent nettement acheteurs, avec des achats qui atteignent 11,4 mil- liards de dirhams pour 9,3 milliards de ventes, soit des volumes plus que doublés en un an. Les particu- liers marocains affichent, eux, des niveaux d’activité presque équili- brés entre 7,7 milliards d’achats et 8 milliards de ventes, avec des pro- gressions annuelles exceptionnelles.
Les personnes morales marocaines basculent davantage en position vendeuse, tandis que les investis- seurs étrangers, beaucoup plus présents qu’à l’accoutumée, triplent leurs achats et renforcent aussi leurs ventes. Même les flux transitant par le réseau bancaire s’inscrivent en nette hausse sur un an, malgré un repli technique par rapport au pre- mier trimestre. Dans son ensemble, le marché central a connu une acti- vité foisonnante. Le nombre d’ordres bondit de plus de 70%, les contrats suivent la même cadence et les volumes échangés dépassent désor- mais les 28 milliards de dirhams. Tous les indicateurs convergent : la Bourse n’avait pas été aussi animée depuis longtemps. Ce retournement ne relève pas du hasard. Il accompagne un mou- vement plus profond, celui de la démocratisation du trading en ligne. Pour la première fois, les canaux
digitaux deviennent le passage natu- rel pour la majorité des particuliers. Dans certaines sociétés de Bourse, plus des deux tiers des ordres des investisseurs individuels transitent désormais par les plateformes élec- troniques, un changement de para- digme que peu d’acteurs anticipaient à ce rythme. Hicham Oudghiri, directeur front office de CDG Capital Bourse, observe un phénomène très net. Il nous expliquait il y a quelques mois qu’une vague de nouveaux inves- tisseurs arrive, souvent des jeunes actifs, des cadres et des salariés, qui considèrent la Bourse comme un outil crédible de valorisation de leur épargne. Leur comportement se distingue par une meilleure compré- hension des cycles de marché, une capacité à arbitrer plus finement et une attitude sensiblement plus disci- plinée face à la volatilité. La génération montante, sensibilisée
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