Autonews février 2023

Autonews : Somaca a marqué l’histoire de l’industrie automobile marocaine. Pouvez-vous nous parler de cette Success story ainsi que l’écosystème dans lequel elle évolue, et quel a été l’impact de la Somaca sur cette industrie ? Mohamed Bachiri : Le Groupe Renault est présent au Maroc depuis 1928. Dans quelques années, nous allons fêter cent ans d’histoire de l’automobile au Maroc. Nous avons commencé à accompagner le secteur de la filière automobile à partir de 1965, quelques années après la création de l’Usine Somaca. Cette usine que moi j’appelle «La Zaouia de l’industrie automobile au Maroc». Elle est le berceau de cette industrie. Elle est également un vivier de formation, de développement de compétences, de nombreux cadres qui ont assumé des responsabilités extraor- dinaires dans la filière automobile. Donc, en 1965, nous avons commencé à fabriquer des véhicules dans cette usine. En 2005, Renault a racheté les parts de l’État et est devenue action- naire majoritaire de Somaca. C’est également à partir de cette année que nous avons lancé la gamme Dacia, ce que j’appelle aujourd’hui : la saga Dacia. À l’époque, nous produisions à peu près 10 000 véhicules. Mais, l’industrie automobile au Maroc s’est véritablement métamorphosée grâce à l’annonce du pro- jet Renault Tanger, en 2007. Nous sommes donc passés d’une capacité de production de 10 000 unités à pas moins de 440 000 véhicules par an. C’est à peu près un demi-million d’unités, ce qui est en soi une chose extraordinaire. Tout ceci a été réalisé grâce à la vision de Sa Majesté le Roi, Mohammed VI, que Dieu le glorifie. Et on le voit aujourd’hui, puisque les résultats sont là. Nous sommes aujourd’hui la première filière exportatrice du Maroc. C’est beaucoup de travail qui a été fait, et nous sommes fiers d’accompagner cette dynamique. L’autre point important qui explique ces résultats, c’est l’écosys- tème. Nous avons effectivement développé notre propre écosys- tème, à partir de 2016. Nous avions, à l’époque, signé un premier contrat avec l’État marocain, par le biais de notre ministère de tutelle, celui de l’Industrie et du Commerce, avec deux objectifs. Le premier, c’est qu’en 2023, nous devons avoir un taux d’inté- gration locale de 65% et un chiffre d’affaires d’achat de pièces à partir des usines des équipementiers qui se trouvent au Maroc, de 1,5 milliard d’euros par an. A fin 2021, nous avons un niveau d’intégration de 64% hors mécanique et le chiffre d’affaires a atteint 1,3 milliard d’euros. Nous sommes pratiquement en tra- jectoire pour respecter nos engagements en 2023. Il y a aussi un autre indicateur pour illustrer tout ce travail qui a été fait en partenariat avec les pouvoirs publics, c’est ce qu’on appelle les fournisseurs en 1, c’est-à-dire les fournisseurs qui nous livrent les pièces que l’on monte dans nos véhicules, qui étaient au nombre de 26 en 2016, et qui sont passés à 76 en 2020-2021. Nous avons donc triplé par trois sur quelques années le nombre de nos fournisseurs en 1. Tout cela a permis de créer des milliers d’emplois, beaucoup de valeur ajoutée, de dévelop- per les compétences des jeunes marocains et, surtout, de déve- lopper le chiffre d’affaires à l’export de la filière automobile. C’est pour cela qu’il ne faut jamais oublier tout le travail qui a été fait par nos prédécesseurs. C’est cette histoire que l’on doit perpétuer pour les générations futures. Et c’est ce qui fait que le Maroc est aujourd’hui visible sur les cartes de l’industrie auto- mobile mondiale. Autonews : L’année 2022 a été très bonne en termes de produc- tion et d’exportation. Comment expliquez-vous ces réalisations dans un contexte marqué par la crise ? M. B. : À cause du contexte Covid, beaucoup de choses ont été déréglées, notamment la partie logistique au niveau inter- national, la hausse des prix des matières premières, la crise des composants électroniques, les problèmes liés à l’énergie

Les modèles Dacia sont les numéros 1 de leur segment. Et les véhicules fabriqués à Tanger et à Somaca font partie du Top 10 des voitures les plus vendues au Maroc.

aussi. Tout cela a fait que nous avons vécu tous ces impacts au niveau du secteur industriel. Mais la force du Maroc, c’est que nous avons un outil industriel flexible. Cette flexibilité, nous l’avons grâce à plusieurs paramètres. D’abord, le Maroc est dans le Top 5 des pays qui fabriquent le plus de voitures chez le Groupe Renault. Ce que nous construisons entre Tanger et Casablanca constitue 17% de ce que le Groupe vend. Nous sommes devenus une plateforme incontournable du Groupe. Le deuxième point, c’est que nous avons réussi à instaurer depuis le début une qualité de dialogue social qui est très importante, ce qui nous a permis de trouver des solutions innovantes pour assurer la flexibilité et en même temps protéger les usines et les emplois. C’est grâce à ces acquis que nous avons réussi à produire plus de 15% par rapport à l’année précédente. Et à Somaca, nous avons réalisé une année historique avec 94 500 véhicules. Le dernier record datait de 2018. Et là, je tiens à rendre hommage aux équipes, au groupe, aux pouvoirs publics et à la tutelle qui nous ont accompagnés. C’est tout ce travail collectif qui a permis ces résultats extraordinaires. Autonews : Somaca contribue activement à la signature «Made in Morocco». Pourriez-vous nous éclairer sur ses spécificités pour assurer le leadership au niveau régional dans l’industrie automobile ? Et comment pérenniser cet exploit ? M. B. : Nous avons à peu près 70% des véhicules fabriqués à Somaca qui sont exportés, ce qui n’était pas le cas au début des années 2000. Il y a donc une transformation en profondeur de tout l’outil industriel, mais pas que, puisqu’il y a aussi un inves- tissement très important dans les ressources humaines, notam- ment l’investissement dans tout ce qui est industrie 4.0, sur le digital, le process d’automatisation, la robotisation avec un taux de 20%, ce qui est extraordinaire pour une usine de la taille de Somaca. Sans oublier que c’est une usine très agile. Elle est compacte, mais très agile, avec ce point important, c’est que les gens se sentent ici en famille. Il y a une âme dans cette usine. Une âme qui est transmise de génération en génération. Ce qui fait que les gens sont solidaires et travaillent pour l’intérêt géné- ral. Du coup, Somaca est aujourd’hui l’une des meilleures usines du Groupe au niveau international, à la fois en termes de qualité et de compétitivité. C’est pour cette raison que je répète tou- jours que s’il n’y a pas eu Somaca, il n’y aurait pas eu Tanger. Et s’il n’y avait pas Tanger, il n’y aurait pas nos amis à Kénitra. C’est pour cela aussi que je dis que Somaca est un bien collectif national. Car, rares sont les Marocains qui n’ont pas eu ou n’ont pas un lien direct ou indirect avec cette usine. Autonews : Avec le lancement de la nouvelle Sandero et la nou- velle Logan, Dacia poursuit sa percée sur le marché national. Quelle lecture faites-vous de ce succès et quelles sont les perspectives pour cette marque très prisée aujourd’hui ? M. B. : En effet, la marque Dacia, c’est la première marque au Maroc. Les modèles Dacia sont les numéros 1 de leur seg- ment. Et les véhicules fabriqués à Tanger et à Somaca font

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