FNH N° 1055

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 17 FÉVRIER 2022

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de commencer la hausse des taux. Mais elle a été rattrapée par la vitesse de l’inflation, et a changé sa pos- ture. Elle annonce désormais qu’une hausse des taux dès cette année est envisageable. Les marchés financiers la prédisent pour septembre, la BCE plutôt pour décembre. Réponse au mois de mars lorsque la BCE tiendra son Conseil des gouverneurs. La difficulté pour la BCE vient de la divergence des trajectoires éco- nomiques nationales. L’inflation la plus élevée a été enregistrée en Lituanie avec 12,2%, et la plus faible en France avec 3,3%. Les gouver- neurs des Banques centrales alle- mande, belge et autrichienne sont les premiers à demander un durcis- sement plus rapide de la politique monétaire. A peine Christine Lagarde a-t-elle annoncé qu’elle envisageait une hausse des taux, que les coûts d’emprunt pour la Grèce et l’Italie se sont envolés, atteignant leur niveau pré-pandémie. Si la BCE retire son soutien trop rapidement, les marchés pourraient liquider leur portefeuille de titres sur ces deux pays, provoquant un emballement des marchés. L’Italie et la Grèce sont très endettées, avec des dettes qui représentent respecti- vement 160% et 200% de leur PIB. Un autre facteur qui complique la donne pour la BCE, vient de la crise rus- so-ukrainienne. Si la Russie envahit l’Ukraine, le prix du pétrole grimpera, alors que les produits énergétiques sont le principal moteur de l’inflation observée actuellement, avec une pro- gression à deux chiffres. Ce resserrement de politique moné- taire, plus ou moins coordonnée, des grandes Banques centrales a un effet palpable sur le coût de financement des Etats. La dette souveraine à ren- dement négative avait fait son appa- rition dix ans auparavant en raison de la forte baisse des taux directeurs. Aujourd’hui, en raison du resserre- ment, la valeur de la dette mondiale à rendement négatif a déjà baissé de -70% ! Les Banques centrales des pays émergents ont agi en anticipation, pour éviter des flux de capitaux sor- tants trop importants et une baisse prononcée de leurs cours de change. Brésil, République Tchèque, Russie, Chili…tous ces pays ont commencé à augmenter leur taux dès 2021 pour

devancer la FED. Au final, 33 pays en voie de développement ont augmenté leur taux pour un total combiné de +84,55%. En Asie où l’inflation ne s’est pas envolée, plusieurs pays se sont permis de baisser leurs taux : Malaisie, Indonésie, Philippines. Au Maroc, la Loi de Finances 2022 prévoit un besoin de financement brut de 159 milliards de dirhams, en pro-

gression de +12% par rapport à 2021. Ce besoin devrait être financé à hau- teur des trois-quarts par un finance- ment intérieur, et le reste par un finan- cement extérieur (soit 40 milliards de dirhams, contre 40 milliards en 2021, et 60 milliards en 2020). Etant donné la trajectoire haussière sur les taux aussi bien en dollar qu’en euro, et l’élargissement des primes de risque

crédits des émetteurs, ces sorties devraient être avancées autant que possible, en vue d’optimiser le coût de financement. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez- le sur www.fassal.net.

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