FNH N° 1055

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 17 FÉVRIER 2022

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Industrie agroalimentaire

◆ Devant l’impossibilité de répercuter le niveau total de la hausse des prix des intrants sur les clients finaux, les entreprises du secteur voient leurs marges bénéficiaires se réduire. ◆ La tonne d'aluminium, un métal très utilisé par l’agroalimentaire, a atteint la semaine dernière 3.333 dollars sur le marché londonien des métaux de base. Grosse tension sur lesmarges des entreprises

finaux, les entreprises du sec- teur voient leurs marges béné- ficiaires se réduire. Le PDG du groupe Cartier Saada pousse la réflexion plus loin. «La hausse des prix des intrants, dont la conséquence est l’accrois- sement des prix de certains produits alimentaires, risque d’amener, à terme, les ménages à opérer des arbitrages d’achats et ainsi privilégier les produits de base (céréales, huile, sucre, thé…). Ce qui risque de pro- voquer le repli de la demande pour certains produits agroa- limentaires», analyse Hassan Debbagh. L’industriel ne manque pas de soulever la dif- ficulté de contrecarrer l’inflation des prix qui serait importée. «Les entreprises exportatrices du secteur font également face à la hausse des prix du fret qui oscille entre 20 et 25%. Ce qui corse les choses, sachant que les sociétés exportatrices sont contraintes d’investir afin d’être compétitives sur les marchés internationaux» , sou- tient pour sa part le patron de l’ASMEX. «Nous tenons le coup grâce à l’appui des banques qui jouent le jeu en contribuant au renforcement du fonds de rou- lement de notre groupe indus- triel» , poursuit-il. Notons qu’au regard du contexte international qui pré- vaut (exacerbation des tensions géopolitiques et crise pandé- mique toujours d’actualité), beaucoup d’industriels ne s’at- tendent guère à une contrac- tion des prix des intrants pour l’année 2022. ◆

susmentionnés aura au moins un impact minimal de 15% sur le prix de revient», confie le patron du groupe Cartier Saada. Et de révéler : «Nous situons l’augmentation de la facture énergétique à 30% et la hausse du prix de l’embal- lage métallique autour de 56%. Ce trend haussier devrait se poursuivre au cours des prochains mois» .

La hausse des prix des intrants aura au moins un impact minimal de 15% sur le prix de revient.

Pour sa part, Hassan Sentissi, président de l’ASMEX, qui dirige éga- lement la Fédération des industries de transfor-

mation et de valorisation des produits de la pêche (FENIP), explique que la hausse des intrants pour l’industrie agroa- limentaire est liée à la crise pandémique toujours d’actua- lité à l’échelle nationale et inter- nationale. «Le prix de la sar- dine a observé une trajectoire haussière. En tant qu’industriel, nous avons opéré un arbitrage afin d’absorber la hausse des prix des intrants» , soutient le patron de la FENIP. Et de confier : «Une infime partie de la hausse des prix des intrants a été répercutée sur les clients. Les décisions d’augmentation des salaires des ouvriers ont été gelées et reportées jusqu’à nouvel ordre» .

naturel, charbon, fioul), consta- tée depuis un certain temps, la tonne d'aluminium (métal très utilisé par l’agroalimentaire) a atteint la semaine dernière 3.333 dollars sur le marché lon- donien des métaux de base. Ce qui constitue un sommet depuis 14 ans et proche du record historique de juillet 2008 (3.380 dollars la tonne). «Il faut savoir que les intrants sont importés en partie ou en totalité, notamment les embal- lages métalliques, en carton et en bois. Il en est de même pour les différentes matières chimiques (acides, soude caus- tique, gluconate de fer, etc.)» , explique Hassan Debbagh, PDG du groupe Cartier Saada. L’entreprise cotée à la Bourse de Casablanca évolue dans l’industrie agroalimentaire en produisant depuis plus de 70 ans des conserves de fruits et légumes de premier choix. «La hausse des prix des intrants

L e secteur de l’agroa- limentaire constitue l’une des principales forces motrices de l’économie nationale. Les chiffres relayés par leCentre marocain de conjoncture (CMC) en novembre 2021 confortent amplement cette donne. En effet, la branche, qui s’acca- pare 22% des emplois formels et 25% de la production indus- trielle, est pourvoyeuse de 15% de l’export de produits transfor- més pour une production totale de plus de 102 Mds de DH. Ces quelques données constituent un prétexte pour s’intéresser à l’impact de la hausse des prix intrants sur la compétitivité d’une industrie dont les entre- prises représentent 27% du stock des sociétés industrielles que compte le Royaume. Outre la flambée des cours des com- bustibles fossiles (pétrole, gaz Par M. Diao

Hassan Debbagh :

«Nous situons l’augmentation de la facture énergétique à 30% et la hausse du prix de l’emballage métallique autour de 56%».

Une solution intenable sur le long terme ?

Hassan Debbagh et Hassan Sentissi sont formels. Devant l’impossibilité de répercuter le niveau total de la hausse des prix des intrants sur les clients

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