BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 30 MAI 2025
robuste que transparent. «Je vous rappelle également qu’en février de l’année dernière, le régulateur a mis en consultation publique un projet de circulaire visant à opérationnaliser les amendements apportées à loi 45-12. Ce projet clarifie les règles de fonctionne- ment, les exigences d'agrément pour les plateformes, et aussi les modalités de reporting, ce qui va sans doute aider à professionnaliser davantage ce marché», explique le professionnel de la gestion d’actifs.
Quoi qu’il en soit, l'activité des prêts de titres ne fait plus figure de mécanisme opaque ou marginal. En l’espace de trois ans, il s’est imposé comme un levier de gestion structuré, suivi et assumé par ses acteurs. La discipline imposée par le col- latéral semble avoir redéfini les règles du jeu, sans casser la dynamique. Toutefois, dans un marché où l’ingéniosité finan- cière n’a jamais manqué, ce sont souvent les marges de tolérance qui finissent par écrire les prochains épisodes. À suivre, donc. ◆
«Avant la réforme, le marché des prêts de titres ressemblait un peu à une zone grise. Certaines banques utilisaient ce mécanisme pour se refinancer sans col- latéral, et certains OPCVM pilotaient leurs ratios en toute discrétion. On se retrou- vait alors avec un effet de levier extrême et une opacité totale sur le pricing des prêts. C'est précisément pour remédier à ces excès que la réforme est interve- nue» , nous rappelle un professionnel du marché. Des indicateurs de maturité L’effet le plus marquant de cette tran- sition est sans doute l’allongement de la durée moyenne des prêts. Pour les bons du Trésor, qui restent de loin les titres les plus utilisés (90,5% du volume total prêté), la durée moyenne atteint 29 semaines en 2024, contre seulement 5,3 semaines en 2023. Un basculement net vers des positions plus longues, qui tra- duisent une gestion plus stratégique des portefeuilles et des garanties. La répartition des prêteurs confirme éga- lement la stabilité des grands équilibres : les OPCVM conservent leur statut de principaux fournisseurs de titres (84,4%), tandis que les banques représentent désormais 15% des opérations de prêt. Du côté des emprunteurs, les banques restent en tête avec 42,1%, suivies par les sociétés non financières (24,7%) et les sociétés de gestion (15,9%). Les OPCVM, eux, représentent 3,2% des emprunteurs, en recul par rapport à 2023. «La réforme d’août 2021 a clairement apporté une sécurité supplémentaire. L’obligation de collatéral a donné lieu à une sélection plus rigoureuse des tran- sactions, et n'a surtout pas freiné la dynamique du marché, puisque l’encours était de 189 Mds de DH en 2021 contre 327 Mds de DH en 2024» , commente notre source. Une dynamique à surveiller Ce retour à l’équilibre ne doit pas mas- quer certaines fragilités persistantes. Les transactions sans collatéral, bien qu’encadrées, n’ont pas disparu. Même si les chiffres 2024 ne sont pas encore détaillés à ce sujet, la tendance observée en 2023 avec une remontée à 14,9% de transactions non garanties invite à la prudence. Ces opérations, bien que per- mises dans certains cas, peuvent mas- quer des risques systémiques si elles se multiplient. «J’estime aussi que les exceptions pré- vues pour les transactions intragroupes ou avec les teneurs de marché laissent
une certaine flexibilité, pour maintenir la fluidité des opérations entre entités d'un même groupe, d’où la hausse également des opérations chez certaines banques» , précise-t-il. Le régulateur, de son côté, reste actif : un projet de circulaire, mis en consultation en février 2024, précise les modalités d’agrément des plateformes, les règles de fonctionnement et les obligations de reporting. Cette démarche confirme la volonté de renforcer les fondations d’un marché qui, désormais, se veut aussi
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