FNH N° 1198 FF

BOURSE & FINANCES

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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 30 MAI 2025

Paiements électroniques L'ouverture du marché ouvre la voie à une révolution du cashless au Maroc

catégorie de commerçants privilé- giés.

F. N. H. : Le Maroc, par le biais de la Banque centrale, œuvre à la réduction de la circula- tion du cash et à l’instaura- tion d’une bancarisation dans les échanges commerciaux en vue de lutter contre l’éco- nomie informelle. Pensez- vous que cette ouverture entre dans cette ambition, et dans quelle mesure peut-elle encourager la digitalisation de l’économie nationale ? R. E. F. : Comme déjà mentionné, l’ouverture du marché des TPE ne pourrait que démocratiser l’accès aux paiements électroniques et dynamiser l’orientation des marchés vers des transactions transparentes et contrôlables, loin de toute mani- pulation massive du cash. Avec des transactions électroniques d’environ 1% des paiements au Maroc, le wali de BAM a toujours tiré la sonnette d’alarme sur la tendance haussière des transactions en espèces qui alimentent l’économie informelle et souterraine ces dernières années. Le manque à gagner par ces pra- tiques en termes de revenus fis- caux, de modernisation du système des paiements et de points de crois- sance économique est donc indé- niable; et la dernière régularisation fiscale volontaire témoigne du poids du cash qui tourne loin du système bancaire. Avec l’ouverture du marché des TPE, BAM et les autres acteurs monétaires comptent tirer leur épingle du jeu de l’instauration d’un écosystème de paiement moderne, où les transactions digitales prônent dans toute opération économique. L’amélioration du taux de bancari- sation et la mise à disponibilité de services alternatifs fiables à faible coût ne pourraient que marginali- ser la circulation fiduciaire entre les agents économiques au Maroc et limiter les risques qui en découlent. Avec une économie où le petit com- merce est l’un de ses grands piliers, l’intégration des petits commer- çants au système du paiement élec- tronique réduirait la dépendance au cash avec les facilités de paiement que pourrait offrir le système ban- caire à ses clients. Ainsi, l’option pour un paiement

La levée du quasi-monopole du Centre monétique interbancaire ouvre la voie à une concurrence accrue sur le marché des paiements électroniques au Maroc. Au-delà des enjeux économiques et technologiques, cette réforme pourrait jouer un rôle déterminant dans la lutte

contre l’économie informelle. Entretien avec Rachid El Fakir, expert en économie monétaire.

Propos recueillis par Désy M.

Finances News Hebdo : Expliquez-nous succincte- ment comment fonctionne le marché des terminaux de paiements électroniques au Maroc et en quoi l’ouverture de ce marché est bénéfique pour les acteurs concernés par cette décision, à savoir les établissements de paie- ment, les filiales bancaires spécialisées, les commer- çants et même les startups fintech ? Rachid El Fakir : Le marché des terminaux de paiement électronique (TPE) demeure une pierre angu- laire, à connotation moderniste, dans l’édifice d’un écosystème des paiements dans toute économie moderne. La distribution, la gestion et l’innovation autour des appareils qui permettent aux commerçants d'accepter des paiements par carte bancaire ou par mobile demeurent les principaux services qui mobi- lisent ce marché, loin de toute uti- lisation du cash. Du fabricant des TPE au commerçant, tout un pro- cessus de services se déclenche dans cet écosystème. Ainsi, si d’une part les fabricants conçoivent les appareils et les distributeurs proposent ces biens aux commerçants, d’autre part, les acquéreurs bancaires interviennent

pour traiter les transactions effec- tuées par les commerçants via les TPE. Ces transactions se basent sur d’autres incontournables inter- venants qui offrent des solutions et des innovations en matière de hardware et software des systèmes des TPE, en l’occurrence les fintech et les établissements de paiement. Grâce à son expertise et maî- trise des technologies de pointe, le centre monétique interbancaire (CMI, depuis sa création en 2001 par des banques sous l’égide de Bank Al-Maghrib, avait initié et accompagné le développement et la gestion des échanges monétaires électroniques entre particuliers, commerçants, e-commerçants, établissements bancaires et admi- nistrations publiques. Cependant, à partir du 1er mai 2025, avec l’autori- sation du Conseil de la concurrence aux établissements de paiement et aux filiales des banques dédiées à opérer sur le marché de l’acquisi- tion des paiements électroniques au Maroc, on assiste à un grand tour- nant dans l’édifice d’un écosystème de paiement électronique capable de booster le développement du système de paiement et d’accom-

pagner le processus de digitalisa- tion de l’économie marocaine. Et ce, loin des transactions classiques où la circulation fiduciaire demeure le principal moyen de transaction, notamment pour les petits commer- çants. Dans ce sens, en tant qu’opérateur historique sur le marché des TPE, le CMI, avec toute une gamme de produits, du plus simple au plus sophistiqué, se voit obligé de faire face à l’ouverture de ce marché à d’autres opérateurs pour satisfaire une demande à tendance exponen- tielle et de plus en plus exigeante en matière de nouvelles modalités de paiement, basées sur l’effica- cité en rapidité, sécurité et fiabilité. Avec cette ouverture du marché des TPE à d’autres acteurs, un bon souffle de concurrence va alimenter la qualité et la diversification des services, avec toutes les retombées qui en découlent sur le coût des transactions via les TPE. Et ce, loin du contexte de quasi-monopole du CMI qui régnait auparavant sur ce marché. La banalisation de ce mode de paiement ne peut que renforcer la démocratisation de l’utilisation des TPE, autrefois dédiés à une

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