BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 30 MAI 2025
électronique facilement acces- sible, fiable et sécurisé, ne pourrait qu’améliorer le taux de bancarisa- tion au Maroc en incitant une large masse de citoyens qui agissent loin du système bancaire. L’engouement escompté vers les TPE ne pour- rait que consolider la performance et l’efficacité du système bancaire marocain, tout en limitant son besoin chronique en matière de liquidité. En outre, l’amélioration de la transparence des transactions, la centralisation de l’information et la traçabilité de celles-ci ne pourraient qu’être un gage de bonnes prises de décisions et de planification de pertinentes politiques économiques sur le court et le long terme. En outre, l’amélioration de l’assiette fiscale générée par ladite centrali- sation des transactions ne pourrait que limiter la fraude fiscale, amélio- rer l’efficacité et la justice fiscale, et partant, booster les ressources de l’État et réduire l’endettement public qui fait pression sur les équilibres macroéconomiques du Royaume. F. N. H. : La multiplication des acteurs par l’ouverture de ce marché autrefois monopolisé par le CMI ne présente-t-elle pas des défis en matière de régulation ? Si oui, lesquels et comment les éviter ? R. E. F. : Comme déjà évoqué, le CMI demeure l’opérateur historique au Maroc sur le marché des TPE depuis 2004. Même avec une petite tentative d’ouverture de ce mar- ché, initiée en 2015 par BAM avec l’ouverture de l’activité de l’acqui- sition à la concurrence, le quasi- monopole de ce marché par le CMI était jusqu’à aujourd’hui une réa- lité à double face. Si, d’un côté, on peut évoquer ces entraves à toute concurrence pleine d’innovations et de banalisation des produits offerts sur le marché des TPE, d’un autre côté, elle avait facilité le contrôle et la régulation de ce marché, portant sur des services stratégiques dont la maîtrise favorise la stabilité du système financier marocain, où les banques constituent son principal pilier. Cependant, avec l’ouverture pous- sée de ce marché à d’autres inter- venants, le régulateur devra faire face à plusieurs défis. Encadrer les risques qui découlent de cette
L’engouement escompté vers les TPE ne pourrait que consolider la performance et l’efficacité du système bancaire marocain, tout en limitant son besoin chronique en matière de liquidité.
libéralisation ne peut se faire sans un cadre pertinent capable d’ac- compagner la dynamique future des transactions électroniques au Maroc. Des failles sécuritaires, des manipulations de données person- nelles, des fraudes ou piratages des ressources de la clientèle des banques que pourrait générer le système des TPE, mettraient sans doute le système des paiements marocain en danger. D’ailleurs, les dernières attaques cybernétiques ayant touché le Maroc témoignent de la vulnérabilité de tout système cybernétique. Avec la multiplication des acteurs en matière de services des TPE, la commercialisation de produits non conformes en matière de normes sécuritaires risque de mettre en jeu la confiance des clients et com- promettre toute tentative de digi- talisation prometteuse des tran- sactions économiques au Maroc. Plus d’acteurs est synonyme de plusieurs canaux de paiement à contrôler par les autorités de régu- lation. L’harmonisation des tech- nologies utilisées pour limiter toute incompatibilité avec les normes légales exigées en la matière est donc d’une grande importance pour toute régulation des TPE. Une sorte de concurrence déloyale entre les différents offreurs de services des TPE est un autre défi à surmonter pour toute régulation efficace. En outre, l’encadrement des com- merçants et des particuliers en matière d’optimisation de l’uti-
lisation des transactions élec- troniques est d’une grande mise. Accompagner les commerçants les moins informés et les moins ins- truits en termes de manipulation des nouvelles technologies est la pierre angulaire pour la réussite du chan- tier des paiements électroniques. La mise en place d’un cadre réglemen- taire efficace, moderne, capable de maîtriser les risques et saisir les opportunités qu’offrent les TPE est sûrement le pilier de toute régulation réussie. Enfin, l’instauration de normes tech- nologiques sévères alignées aux standards internationaux en matière de sécurisation des transactions électroniques, le recensement exhaustif des offreurs des services TPE et la centralisation du suivi de toute transaction transitant par ces services pourraient bien renforcer la supervision et limiter tout risque de dysfonctionnement du marché. F. N. H. : Au vu de cette déci- sion du Conseil de la concur- rence et de Bank Al-Maghrib, comment le CMI peut-il se réinventer ? R. E. F. : En tant que centralisa- teur historique des opérations sur le marché des TPE, le CMI se voit faire
face à un nouveau contexte restruc- turant le système des paiements au Maroc. L’ouverture de ce marché à d’autres acteurs doit sûrement pousser cet organisme à se réin- venter afin de garantir sa pertinence et sa pérennité dans le domaine des TPE. Pour faire face à la concur- rence des nouveaux arrivants, des changements stratégiques doivent gouverner la politique du CMI. De ce fait, adossé à son expérience et son savoir-faire, avec la libéra- lisation du marché des TPE, cet opérateur historique doit s’attendre à l’incontournable baisse de sa part de marché dépassant les 97%. Une orientation vers des niches à fortes valeurs ajoutées (innovations, solutions modulables, cybersécu- rité, etc.) ou à forte teneur capitalis- tique et technologique, notamment l’ouverture poussée à l’internatio- nal, pourrait garantir au CMI un fort prolongement de sa place comme opérateur historique sur le marché des TPE au Maroc. Enfin, mettre son expérience et son savoir-faire à la disposition des nouveaux arrivants pourrait davan- tage renforcer sa place comme plateforme technologique ouverte sur l’écosystème des paiements au Maroc, tout en se basant sur une vision anticipative des besoins futurs de la monétique. Par effet d’émulation au bénéfice de l’éco- nomie nationale et du bien-être des consommateurs, le CMI pourrait être une référence pour les nouveaux acteurs du marché des TPE. ◆
La banalisation de ce mode de paiement ne peut que renforcer la démocratisation de l’utilisation des TPE, autrefois dédiés à une catégorie de commerçants privilégiés.
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