FNH N° 1198 FF

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 30 MAI 2025

dont à peine 2.300 industrielles. En ligne de mire, un socle de 22 pays jugés prioritaires, 200 pro- duits à fort potentiel identifiés, et un gisement de 12 milliards de dirhams ciblés sur le marché africain. Mais pour transformer l’essai, il faudra articuler cette feuille de route avec les autres leviers du développement : for- mation, compétitivité logistique, efficacité fiscale et stabilité réglementaire. Dans ce sens, le commerce devient un fil conducteur entre réindustrialisation, diplomatie économique et souveraineté productive. Le pari est d’en faire un «secteur tremplin» pour les PME, souvent bridées par les coûts d’accès au marché inter- national et une bureaucratie

encore dissuasive. Le message est clair : l’État est prêt à «outiller» l’export. Mais sans l’implication du privé, rien ne sera pérenne. Omar Hejira ne s’en cache pas : «Aujourd’hui, la balle est dans le camp du sec- teur privé. L’État a mobilisé tous les instruments disponibles». À travers cette feuille de route, le Maroc affirme son choix de l’ouverture maîtrisée face aux tensions protectionnistes glo- bales. Il revendique une place plus visible dans les chaînes de valeur internationales, sans renoncer à son ambition sociale. «Le navire de l’export est prêt à lever l’ancre. Reste à le charger de produits, à l’armer de compé- tences, et surtout, à ne pas rater la marée», conclut Hejira. ◆

 Omar Hejira, secrétaire d’État au Commerce extérieur

vers les services publics, les incitations, les marchés cibles ou les instruments de soutien. Ensuite, le lancement d’un dis- positif d’assurance-crédit à l’export, avec un budget initial de 100 MDH. Ce mécanisme couvrira jusqu’à 7,5 milliards de dirhams d’export additionnel par an, avec une priorité donnée aux destinations africaines. Troisièmement, un accompa- gnement renforcé des entre- prises, à travers un programme d’actions promotionnelles tota- lisant pas moins de 27 mis- sions, ainsi que la création d’une société d’agrégation et d’expor- tation spécialisée dans le déve- loppement à l’export. Par ailleurs, le plan prévoit la généralisation de bureaux régio- naux d’appui à l’export dans toutes les régions administra- tives du pays, pour briser le déséquilibre nord-centrique actuel et assurer une meilleure

équité territoriale. Cinquièmement, la stratégie s’appuie sur une digitalisation accélérée avec deux nouvelles plateformes : Trade.ma, pour la valorisation de l’offre exportable, et TijarIA, fondée sur l’intelli- gence artificielle pour accom- pagner les entreprises dans leur stratégie d’internationalisation. Enfin, le lancement d’un guichet national unifié du commerce extérieur marque une avancée majeure. Ce portail consolidera l’accès à l’ensemble des gui- chets et institutions impliquées (Tanger Med, ONP, banques, douanes, Office des changes…), avec une interface orientée utili- sateur, simplifiée et intégrée. Un écosystème à synchroni- ser Au-delà des instruments, c’est tout un écosystème qu’il faut activer. Le tissu exportateur reste étroit : 6.000 entreprises,

Les opérateurs enfin soulagés Guichet national unique

Jusqu’ici, les entreprises exportatrices devaient jongler entre une multitude d’in- terfaces administratives : douanes, banques, opérateurs portuaires, Office des changes, agences sectorielles... Le nouveau guichet national unifié du commerce extérieur veut en finir avec ce maquis bureaucratique. Il intégrera l’ensemble des services liés à l’export sur une seule plateforme numérique. Objectif : réduire les délais, fluidifier les échanges d’informations, et offrir un parcours export simplifié et sécurisé. Selon Omar Hejira, ce portail digital permettra d’éviter les allers-retours intermi- nables entre services souvent cloisonnés, tout en offrant une visibilité en temps réel sur l’état des procédures, les opportunités d’appui, les dispositifs assurantiels ou les alertes réglementaires. Le projet sera piloté en coordination avec l’ensemble des opérateurs publics concernés, notamment Tanger Med, les banques, les douanes et les ministères économiques. Sa mise en service est annoncée pour le second semestre 2025. «Ce sera un point d’entrée unique et intelligent. Il ne fait pas que centraliser, il oriente, conseille et sécurise», a souligné Hejira. Une véritable rupture administra- tive à fort potentiel transformateur.

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