FNH N° 1198 FF

DEVELOPPEMENT DURABLE 40

FINANCES NEWS HEBDO VENDREDI 30 MAI 2025

 Ce méga deal représente un grand programme de cohésion sociale, de développement territorial et de transfert de technologies.

Big deal eau-énergie

mutualiser les risques, d’opti- miser les délais et d’attirer des capitaux internationaux. Là où un montage purement public aurait pris des années de pro- cédures, le PPP permet ici un gain estimé de 24 mois dans la mise en service, prévue dès 2028. Rappelons que ce n’est pas une première pour le Maroc. Le pays capitalise sur ses pré- cédentes réussites en PPP, à l’image de la centrale thermique de Safi, mise en service en 2017, grâce à une co-entreprise entre Nareva, Engie et Mitsui, avec l’ONEE comme maître d’ouvrage. Un exemple cité en référence pour son efficacité, son transfert de compétences et la mobilisation de 9 milliards de dirhams d’investissements privés. Le projet de relance de la cen- trale à gaz de Tahaddart (400 MW) s’inscrit dans cette conti- nuité. Développée initialement avec Endesa et Siemens, la centrale sera désormais pilotée par le trio Taqa-Nareva-FM6I, avec un investissement estimé à 1 milliard de dollars pour aug- menter les capacités à cycle combiné à 1.100 MW. Un levier de souveraineté hydrique et énergétique Pour Abdelmajid Iraqui Houssaini, du Directoire de Taqa Morocco, président

L’État impulse et le privé propulse L’urgence climatique et la raréfaction de l’eau imposent aujourd’hui d’aller vite, tout en mutualisant les forces. Ce montage, où l’État fixe le cap et sécurise les flux financiers, et le privé apporte innovation et réactivité, pourrait devenir le modèle pour d’autres grands chantiers durables au Maroc.

Par Désy M. L

e 19 mai 2025, le Maroc et ses partenaires émiratis ont signé trois protocoles d’accord de près de 150 milliards de dirhams. Ce partenariat a pour objectif d’assurer la produc- tion, d’ici 2030, de 900 millions de m³ d’eau dessalée par an, le transport de 800 millions de m³ via une «autoroute de l’eau» et l’intégration de 1.200 MW d’énergie propre, couplés à une ligne électrique à haute ten- sion (HVDC) de 3.000 MW entre Dakhla et Casablanca.

Ce projet d‘envergure sera réa- lisé via un partenariat public- privé (PPP) inédit. Plus qu’un outil financier, ce modèle appa- raît aujourd’hui comme la clé d’un développement durable et accéléré, à même de répondre aux défis climatiques et hydriques du Royaume. Le Maroc s’appuie sur la loi n°86-12 relative aux contrats de PPP, qui établit un cadre rigou- reux fondé sur la transparence, la gouvernance responsable, le suivi et la répartition équitable des risques. Cette loi permet à l’État de garantir des services publics aux standards interna- tionaux, tout en valorisant l’ex- pertise, la capacité financière et la réactivité du secteur privé. En optant pour ce modèle, ce partenariat garantit un apport de capitaux, un partage des risques, un transfert de compé- tences et une rapidité de mise

en œuvre.

Qui fait quoi ? Porté par le gouvernement marocain, l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) et les géants privés Taqa Morocco et Nareva, en consor- tium avec le Fonds Mohammed VI pour l’investissement (FM6I), ce méga-programme réin- vente la manière de concevoir les infrastructures. Tandis que l’État garantit les concessions foncières et la structuration réglementaire, l’ONEE sécurise les garanties d’achat d’énergie et d’eau, le FM6I, avec une par- ticipation de 15%, joue le rôle de caution souveraine. Les par- tenaires privés, Taqa et Nareva (chacun 42,5%), assurent les études techniques, les avant- projets et les levées de fonds d’emprunt. Cette répartition permet de

Le choix du PPP ne relève pas d’un simple pragmatisme financier, mais d’une vision stratégique de faire du Maroc une «plateforme» de solutions hydriques et énergétiques, où synergie public-privé rime avec efficacité et souveraineté.

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