tain nombre de challenges, dont le prin- cipal est le changement des habitudes du consommateur. En effet, l’appétence au cash dans notre pays reste très pro- noncée. Introduire un nouveau moyen de paiement soulève chez l’utilisateur un nombre conséquent de questionne- ments qui, somme toute, sont légitimes. Il est donc nécessaire de sensibiliser, et surtout de rassurer la population sur les enjeux que constitue l’arrivée des comptes de paiement et du paie- ment mobile, ainsi que les avantages que ceux-ci représentent. En parallèle, il est primordial de créer un écosys- tème «paiement mobile» qui soit le plus large possible afin que le consommateur puisse disposer d’un réseau commerçant acceptant de proximité. C’est un peu le paradoxe de l’œuf et de la poule, car nous devons autant équiper nos clients de ces nouveaux comptes et moyens de paiement qu’élargir le réseau des com- merçants acceptants. Les indicateurs à prendre en compte ne se résumeront donc pas seulement au nombre de comptes détenus, mais aussi aux points d’accès, au réseau d’accepta- tion et au nombre de transactions réali- sées par les détenteurs des M-wallets. Ces indicateurs sont en cours de mise en place dans le cadre de la stratégie nationale d’inclusion financière, afin de déterminer la meilleure manière de valo- riser l’impact de celle-ci. F. N. H. : Quels sont les moyens mis en place pour atteindre lesdits objectifs ? S. Kh. : Ce sujet est porté au plus haut point par l’ensemble des parties pre- nantes, dont notamment les autorités de tutelle que sont Bank Al-Maghrib et le ministère de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, mais également les instances représentatives de la profession que sont le GPBM et l’APEP. Les prérequis réglementaires et tech- niques sont finalisés et l’interopérabilité des solutions de place est aujourd’hui opérationnelle. Nous sommes entrés actuellement dans la phase de création, en accord avec Bank Al-Maghrib, de l’instance qui déploiera tous les moyens opérationnels de coordination, de com- munication, d’éducation et de mise en place des incitations pour réussir cette mission, sachant que chaque acteur de cet écosystème jouera un rôle actif dans la promotion de ces nouvelles activités.
Il est primordial de créer un éco- système «paie- ment mobile» qui soit le plus large possible afin que le consommateur puisse disposer
F. N. H. : Quel est le défi que rencontrent les établissements de paiement face au renforcement de l’inclusion financière ? S. Kh. : Nous nous trouvons face à l’intro- duction d’une démarche disruptive pour le renforcement des services financiers dans notre société, qui doit aboutir à l’améliora- tion du développement socioéconomique de notre pays. Cette finalité est le leitmo- tiv de l’ensemble des acteurs de la place. Un des défis que nous considérons pri- mordial est la confiance et la crédibilité que doit nous accorder le consommateur via son adhésion aux offres qui lui sont proposées. Cela touche autant les popu- lations bancarisées que celles en devenir, qu’elles soient peu ou pas familiarisées avec les services de paiement digitalisés. Cette même confiance est nécessaire vis- à-vis du réseau d’acceptation du paie- ment mobile. Les commerçants acceptants devront également bénéficier d’un temps d’adaptation, d’assimilation et d’accom- pagnement qui leur permettra de devenir acteurs dans la concrétisation de notre stratégie nationale. F. N. H. : La population rurale est-elle concernée par le sujet ? Et quelles sont les difficultés rencontrées face à l’inclu- sion de cette tranche de population ? S. Kh. : Dans le cadre de la stratégie natio- nale d’inclusion financière, la population
rurale est l’une des cibles prioritaires, au vu des résultats des études menées. Cette cible est tout naturellement concer- née par une nouvelle forme de banca- risation via les comptes de paiement, mais aussi par le paiement mobile. Elle devra bénéficier d’offres et d’actions spé- cifiques, adaptées à ses habitudes et à ses besoins. Le mobile est ainsi appelé à être le catalyseur de l’inclusion financière de la population rurale. F. N. H. : Quelles sont vos perspectives concernant l’activité des établissements de paiement au Maroc, ainsi que sur leurs rôles d’incubateurs de l’inclusion finan- cière au Maroc ? S. Kh. : A terme, je pense que les établis- sements de paiement deviendront des acteurs incontournables dans l’inclusion financière de par leur proximité avec les populations cibles d’une part, et de leur agilité dans la mise en place d’offres adap- tées, d’autre part. Ils auront à assurer un rôle de financiarisa- tion du segment des populations à faibles revenus et à accompagner les jeunes citoyens dans leur quête d’entreprendre et de créer des structures génératrices de valeur pour eux et pour notre pays. Dans ce sens, le paiement mobile deviendrait le catalyseur de l’éclosion d’un nouvel écosystème entrepreneurial. u
d’un réseau commerçant acceptant de proximité.
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FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°38 ]
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