Entretien nclusion financière I
Acteur incontournable de l’écosystème financier national, le Centre monétique interbancaire est aux premières loges dans la Stratégie nationale d’inclusion financière. Lancement d’une nouvelle offre dénommée Ibriz, ouverture du parc de 50.000 TPE à l’acceptation des paiements mobiles, plan de communication auprès des commerçants,… Mikael Naciri détaille la proposition de valeur du CMI pour accompagner la Stratégie nationale d’inclusion financière. Lancement prochaine de l’offre Ibriz destinée aux jeunes
Finances News Hebdo : La monétique, surtout depuis la décennie 2000, est l’une des activités ayant le plus contribué à accélérer l’inclusion financière au Maroc. Pouvez-vous retracer pour nos lecteurs les grandes étapes de la constitution de l’éco- système de la monétique, son évolution et sa contribution à l’inclusion financière ? Mikael Naciri : L’introduction de l’accepta- tion monétique au Maroc date du début des années 80. Elle s’adressait d’abord aux opérateurs touristiques – hôtels, baza- ristes, restaurants, etc. - pour répondre aux besoins d’acceptation des paiements effectués par les porteurs étrangers en visite au Maroc. Elle a permis, à cette époque, de participer à l’inclusion finan- cière des vendeurs de souvenirs, poteries,
le leitmotiv était d’équiper les clients en cartes pour désengorger les agences bancaires et les orienter vers les GAB pour leurs opérations de retraits et de consul- tations des soldes des comptes (le e-ban- king était encore à ses balbutiements). A partir de 2009, le CMI a vu les paiements par cartes bancaires marocaines dépasser les volumes réalisés par cartes étrangères. Depuis, nous enregistrons une croissance annuelle moyenne de 20% en volume et 22% en nombre de transactions en ce qui concerne les paiements chez les commer- çants. Le nombre de cartes en circulation a dépassé les 16 millions en septembre dernier et le parc de commerçants compte aujourd’hui plus de 48.000 points de vente. F. N. H. : Aujourd’hui, la bancarisation, et par extension l’inclusion financière, semble atteindre un plafond de verre. Quelle en est la raison à votre avis ? M. N. : Le secteur bancaire a «fait le job» comme on dit, pour ce qui est de la ban- carisation, notamment dans les zones urbaines et péri-urbaines. Le taux de bancarisation ne croit plus en effet aussi vite que durant la période 2000 – 2015. On parle d’un taux de ban- carisation de 40%, ce qui laisse à penser qu’il y a encore un très fort potentiel de bancarisation au Maroc. Les raisons de ce ralentissement sont multiples. Il y a d’abord une partie de la population marocaine pour laquelle l’offre bancaire classique est inadaptée et perçue comme trop chère (frais de tenue de compte, commissions sur virements, etc.). Il y a aussi une problématique de
articles en cuir, artisans divers, etc. qui devaient disposer d’un compte bancaire pour pouvoir accepter ces paiements. Durant les années 90, les banques ont participé activement à l’équipement de leurs clients domestiques en cartes ban- caires de paiement. Les évolutions des infrastructures informatiques du système bancaire, avec la mise en place de cartes online, avec contrôle du solde en temps réel, ont favorisé un équipement de masse en moyens de paiement électroniques. Les centres monétiques de l’époque (BCP, BMCE Bank, Interbank, Wafa monétique) ont commencé à proposer l’équipement en terminaux de paiement aux commer- çants recevant une clientèle marocaine (restaurants, enseignes de prêt-à-porter, stations-services, grande distribution, etc.), favorisant ainsi une plus grande inclusion des commerçants et des parti- culiers. A partir de 2004, après la «fusion» des activités des 4 centres monétiques au sein du CMI, l’équipement des commer- çants s’est accéléré et a ciblé l’ensemble des secteurs marchands. En parallèle, les banques poursuivaient leur politique d’équipement de masse de leur clientèle, de bancarisation soute- nue et d’ouverture de nouvelles agences bancaires. Cette période a connu une dynamique importante en matière d’inclu- sion financière, aussi bien des petits commerces que des particuliers, à travers notamment la démocratisation du crédit à la consommation, les offres de prêts immobiliers, principalement pour les per- sonnes à faibles revenus ou à revenus irréguliers, et l’équipement en cartes de retrait et de paiement. Il est utile de préciser qu’à cette époque,
Mikael Naciri, DG du CMI
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54 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°38 ]
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