Ère magazine, édition décembre 2020

Votre travail consiste donc à anticiper au maximum les problèmes qui peuvent se poser sur le Léman. Sur un plan plus personnel, vous êtes aussi prévoyant? Oui, bien sûr, je pense toujours à la sécurité. Pour ce qui est de l’avenir, de ma retraite en particulier, j’essaie aussi d’anticiper. Mais j’imagine parfois que je serai toujours actif et que je n’arrêterai pas de travailler... Le Sauvetage de Genève est l’une des trente- quatre sociétés de sauvetage franco-suisses regroupées dans la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL). Quel est votre mode de collaboration ? Concernant les alarmes, nous sommes divisés en secteurs et c’est la police de la navigation genevoise qui nous alerte. En matière d’intervention, chaque secteur s’occupe de la zone la plus proche de sa base – pour nous, c’est le Petit Lac. Mais en hiver, chacune d’elles est présente à tour de rôle pendant le week-end, afin que toute la région soit surveillée. En outre, même si nous sommes des associations indépendantes, nous avons un lien étroit avec la SISL. C’est par exemple elle qui propose un type de matériel, comme la peinture des bateaux, afin que les couleurs des embarcations des trente-quatre sections soient harmonisées. Nous avons aussi des formations communes, et les formateurs de chaque section se rencontrent régulièrement afin d’enseigner le même programme. Des interventions qui vous ont particulièrement marqué ? Je me rappelle de cet orage très violent, en août dernier. Pendant 120 minutes, on a dû évacuer du plan d’eau soixante personnes qui y étaient prises au piège. Je me souviens aussi du Bol d’Or de juin 2019 au cours duquel une tempête a fait beaucoup de dégâts, sur le Petit Lac comme sur le Grand. Ce jour-là, les trente-quatre sec- tions ont travaillé d’arrache-pied et nous avons eu le sentiment d’avoir vraiment contribué à la sécurité des personnes. Celles qui étaient alors en difficulté sur le lac ont vraiment compris que nous étions utiles.

Faisons le compte de votre flotte. Nous avons en tout trois embarcations : d’abord un bateau à rames en bois. C’est celui dont disposait le SauvetagedeGenèveàsacréationen1885–notre société était alors l’une des premières à assurer le sauvetage sur le lac. Aujourd’hui, chacune des sections de notre association faîtière, la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL), possède son propre bateau à rames. Petite anecdote, tous ces rameurs viennent régulièrement s’affronter lors d’une course ! Et vos deux autres embarcations? Il s’agit d’une vedette, dotée d’une cabine. Elle peut être utilisée également en hiver et sortir par n’importe quel temps. Enfin, depuis mars 2020, nous disposons d’un bateau pneumatique, un Zéphyr 310. Il sert aux interventions dans les ports et peut aussi naviguer par temps d’orage. Un mot sur vos ressources financières? Nous recevons de l’argent de la Ville et du canton de Genève, mais cela ne suffit pas, en particulier si nous devons acquérir un nouveau bateau. Par bonheur, nous pouvons aussi compter sur l’aide précieuse de donateurs, dont les Rentes Genevoises. Vous occupez le poste de président depuis février 2020. Quels sont vos projets pour l’association? Je suis nettement plus jeune que les précédents présidents du Sauvetage de Genève. A ce titre, j’aimerais apporter la preuve que la compétence ne dépend pas de l’âge, mais plutôt de la détermination avec laquelle on accomplit sa tâche. Avec les membres du comité, qui sont jeunes eux aussi, nous comptons nous inspirer des anciens présidents, afin de garder l’esprit qu’ils ont insufflé et d’acquérir le savoir et l’expérience que nous n’avons pas encore, tout en y ajoutant notre dynamisme. Notre principal but est de faire encore plus de préven- tion, afin qu’il y ait moins d’accidents. L’idéal serait que le sauvetage soit récréatif et non dramatique comme il peut l’être parfois. Dans les domaines de la prévoyance et de la sensibilisation, quel genre d’action menez-vous? Nous sommes présents sur le plan d’eau tous les week- ends de l’été et un soir par semaine. Lorsque nous remarquons que des personnes ont un comportement à risque, nous les approchons et leur rappelons les règles de sécurité. Nous distribuons aussi à tous les navigateurs que nous croisons des autocollants comportant les numéros des différentes associations de sauvetage du lac. Et sur les rives du lac? En cas d’alerte canicule, nous y allons pour rappeler aux gens les règles de base. Il faut savoir qu’un pic de chaleur équivaut pour nous à un pic d’interventions. Et en cette année particulière, les gens ont davantage cherché à s’évader de leur quotidien en allant naviguer sur le lac.

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«Notre principal but est de faire encore plus de prévention, afin qu’il y ait moins d’accidents. »

Vittorio Foglia, Président du Sauvetage de Genève

Sortie sur le lac avec le nouveau bateau du Sauvetage de Genève

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