FNH N° 1112

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SOCIÉTÉ

JEUDI 8 JUIN 2023 FINANCES NEWS HEBDO

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gement de certaines communes qui ne prennent pas à bras-le-corps la problé- matique. «Dans la majorité des cas, les communes manquent indubitablement d'engagement dans l'application des politiques et des programmes visant à gérer la population canine. Il faut noter que rien ne les y oblige. Pis encore, cer- taines sabotent délibérément le travail de terrain déjà effectué par les associations de protection animale ou les citoyens impliqués dans le programme TNRV de manière individuelle. Cet état de fait freine et complique la mise en œuvre de cette convention» , s’insurge-t-elle. Le TNVR, la solution idéale Par ailleurs, l’échec du déploiement de la convention et donc du programme TNVR est également lié à des problèmes culturels. «Au Maroc, les chiens errants sont traditionnellement perçus par cer- tains citoyens comme des vecteurs de nuisances diverses suite à leurs prolifé- rations rapides (aboiements, bagarres relatives aux périodes de reproduction, effets de meutes)», explique la militante, notant que la méthode TNVR est la seule et unique solution permettant une bonne gestion de la population canine. «Les 60 années d’abattage n’ont fait qu’exacerber la situation. Que nous acceptions ou pas l'élimination des ani- maux errants n’apportera aucun chan- gement à la situation actuelle. Seule la stérilisation combinée à la vaccination, le déparasitage et la remise de l’animal sur le lieu de capture, mettra fin à la rage, aux diverses zoonoses et réduira dras- tiquement le nombre d’animaux dans nos rues. C’est le prix à payer pour éra- diquer définitivement ces maladies et c’est avant tout un problème de santé publique» , précise-t-elle. Dans le même ordre d’idées, Amal El Bekri pointe du doigt l’absence de sen- sibilisation et d'éducation des citoyens sur la question des chiens errants. «Cela peut entraver les efforts visant à mettre en place une gestion efficace des chiens errants. Les autorités doivent impérati- vement solliciter les médias et tout autre support à leur portée pour expliquer le processus. Là encore, les vraies associa- tions de protection animale de terrain et la société civile pro-protection animale peuvent jouer un rôle crucial. Pour cela, il faut bien évidemment leur donner les moyens financiers et les soutenir comme de vrais partenaires. Jusqu’à présent,

Souvent, les com- munes manquent indubitablement d'engagement dans l'application des politiques et des programmes visant à gérer la popula- tion canine.

d’hygiène. Notant que le Collectif, composé d’un total de 45 associations de la protection animale, de l'environnement et du déve- loppement durable, félicite et prend acte de la démarche entreprise par le minis- tère, Amal El Bekri relève en revanche que lesdites circulaires n’ont «abso- lument rien d’astreignant et ne men- tionnent à aucun moment le rôle que doivent jouer les vraies associations de protection animale de terrain. De plus, rien n’empêche la capture des animaux errants et leur mise en fourrière, sans eau ni nourriture, jusqu’à ce que mort s’en suive. Cela se ferait juste à l’abri du regard des citoyens. C’est incontes- tablement le schéma que le Royaume reproduit systématiquement et qui mène inéluctablement à rester un pays endé- mique de la rage et des diverses zoo- noses» , se désole-t-elle. ◆

c’est exactement le contraire qui se pro- duit, avec la diabolisation des animaux errants et des chiens en particulier, ce qui aggrave encore le dénigrement total du travail associatif. C’est absolument contre-productif» , déplore-t-elle. Quid du plan d’action de l’Intérieur ? En réaction à la vive polémique suscitée par les récentes opérations d’abattage des chiens errants, le ministère de l’Inté- rieur a mis en place une série d’actions, notamment la diffusion de circulaires incitant les communes à éviter le recours aux armes à feu ainsi qu’aux substances toxiques, telle que la strychnine, pour éliminer les chiens errants, le lance- ment de programmes de sensibilisa- tion des communes quant à la méthode TNVR ou encore la mise en œuvre d’un programme sexennal (2019-2024) visant la création de 76 bureaux communaux

Certaines communes sabotent délibérément le travail de terrain déjà effectué par les associa- tions de pro- tection ani- male...

• Il est impératif de mettre un arrêt final aux abattages qui ne servent qu'à condamner notre pays à la rage et aux autres zoonoses et imposer comme seule option le TNVR de manière transparente. • Il est indispensable de traiter les vraies associations de protection animale de terrain comme par- tenaires incontournables. Énormément d’initiatives peuvent voir le jour à travers la participation de ces associations, avec le soutien d’une société civile pro-protection animale très mobilisée. • Garantir les moyens humains et financiers nécessaires à la réussite du programme TNVR. Les forces vives existent bel et bien au Maroc et nous croyons profondément à la réussite de ce programme. Notre Royaume en a indubitablement les moyens, seule la bonne volonté fait encore défaut. • Pour les zones reculées ou rurales, il faut faciliter la création de caravanes itinérantes de stérilisa- tions, vaccinations et déparasitages et de remises dans leur lieu d’origine. • Créer des partenariats avec des ONGs internationales leaders dans ce type de programmes. Assurer une meilleure gestion de la population canine : Les recommandations d’Amal El Bekri

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