Finances News Hebdo N° 1076

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JEUDI 15 SEPTEMBRE 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Croissance économique

◆ Le gouvernement table sur une croissance moyenne de 4% sur la période 2023-2025. ◆ C’est bien peu par rapport aux ambitions que se fixe le nouveau modèle de développement. Le maillon faible

marché mondial des matières premières. Conséquence : une forte flambée des prix des den- rées alimentaires et des produits

ment ? Oui, à moins qu’il ait sous la manche d’autres leviers structurants à activer pour booster la croissance. Ce qui n’est pas le cas pour le moment. Car, aujourd’hui, dans ce Maroc où le PIB non agricole n’est pas suffisamment robuste, la pluviométrie, sur laquelle il n’a aucune emprise, reste le prin- cipal déterminant d’une bonne campagne agricole, et donc de la croissance. C’est pourquoi d’ailleurs il est question d’un nouveau modèle de développement (NMD), avec pour objectif principal de booster la croissance tout en construisant une économie plus égalitaire et plus inclusive. Sauf que si l’on se fie aux chiffres contenus dans le rapport de la Commission spéciale sur le modèle de développement, on aura plutôt tendance à dire que le gouvernement… manque d’ambitions. Et pour cause, le rapport, dévoilé en mai 2021, préconise d’accélérer la crois- sance pour atteindre un rythme moyen annuel supérieur à 6%, l’accession à ce nouveau palier devant permettre de doubler le PIB par habitant à l’horizon 2035. Nous en sommes très loin. Surtout qu’en tenant compte du taux de croissance 2022 (1,5%), la croissance moyenne annuelle sur la période 2022- 2025 serait d’environ 3,4%. Le gap à rattraper est énorme. Et 2035, c’est demain. Il ne reste que peu de temps pour opérer cette profonde transformation structurelle de l’économie qui permettra au Maroc d’atteindre les objectifs fixés dans le cadre du NMD. Y arrivera-t-il ? C’est toute la question. ◆

énergétiques, créant des niveaux d’inflation excep- tionnels dans presque tous les pays. Cette situation place les partenaires du Maroc dans un inconfort économique qui peut avoir des répercussions néga- tives sur la demande adres-

La mise en œuvre du PLF 2023 devrait aboutir à une crois- sance économique de 4,5% en 2023, après 1,5% en 2022.

sée au Royaume. Et ce, dans un contexte où l’instabilité de la situation géopolitique inter- nationale et ses conséquences économiques sont entretenues par le conflit en Ukraine, qui risque de perdurer. Par ailleurs, rappelons-le, l’agri- culture reste le principal driver de la croissance marocaine. Or, le Royaume reste confronté à des épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents et de plus en plus sévères, qui impactent durement les cam- pagnes agricoles. A preuve, pour la campagne 2021-2022, la production céréalière a for- tement chuté pour se situer à 32 millions de quintaux (contre 103,2 millions de quintaux pré- cédemment), soit une valeur ajoutée agricole qui devrait se contracter de -13% après une croissance exceptionnelle de 17,8% en 2021. En cela, avoir une croissance moyenne de 4% à l’horizon 2023-2025, c’est faire le pari que le Maroc réalise, trois années de suite, une campagne agricole moyenne, c’est-à-dire sans sécheresse.

2023, après 1,5% en 2022. Cette projection retient comme hypo- thèses une production céréa- lière de 75 millions de quintaux, un cours du gaz butane à 700 dollars la tonne, un taux de change Dollar/Dirham à 9,8, une demande étrangère adressée au Maroc (hors produits de phos- phates et dérivés) à 4,5% et un cours moyen du baril de brent à 98,6 dollars. A l’horizon 2025, les prévisions tablent sur «une poursuite du dynamisme de l’activité économique nationale pour enregistrer une croissance de 3,8%». De fait, la croissance moyenne sur la période 2023- 2025 serait de 4%. Ces prévisions appellent plu- sieurs remarques et posent la problématique de la dépen- dance de l’économie marocaine à nombre de facteurs exogènes et endogènes. Parmi eux, il y a la situation internationale, avec notamment la reprise post-covid et la guerre russo-ukrainienne qui ont créé des goulots d’étranglement au niveau des chaînes d’appro- visionnement et perturbé le

L es principales orienta- tions du Projet de Loi de Finances 2023 sont désormais connues. Le Rapport d’exécu- tion budgétaire et de cadrage macroéconomique triennal, qui vient d’être rendu public, donne ainsi un large aperçu des prio- rités retenues par le gouverne- ment dans cet environnement économique international très tendu, marqué par la guerre entre la Russie et l’Ukraine et la flambée des prix des denrées alimentaires et des produits énergétiques. Quatre domaines d’intervention prioritaires ont été définis : le renforcement des fondements de l’Etat social, la relance de l’économie nationale à travers le soutien de l’investissement, la consécration de la justice spatiale et le rétablissement des marges budgétaires pour assu- rer la pérennité des réformes. La mise en œuvre du PLF 2023 devrait ainsi aboutir à une crois- sance économique de 4,5% en Par D. William

Le Royaume reste confronté à des épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents et de plus en plus sévères, qui impactent durement les campagnes agricoles, et donc la crois- sance.

Excès d’optimisme Trop optimiste le gouverne-

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