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ECONOMIE
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JEUDI 15 SEPTEMBRE 2022
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Crise énergétique en Europe à l’approche de l’hiver L es Européens sont descendus dans la rue, malmenés par la hausse des factures énergé- tiques. En cause, les restric- tions imposées par la Russie Par Omar Fassal *
sur les exportations de gaz, notamment à travers le pipeline Nord Stream 1 qui est à l’arrêt total depuis le début du mois de septembre. Le prix du kilo- wattheure d’électricité est passé de 22 centimes d’euros au Royaume-Uni en janvier 2021 à 62 centimes aujourd’hui : il a presque triplé. Même son de cloche chez plusieurs autres pays européens : en Allemagne, il est passé de 32 centimes à 55, aux Pays-Bas de 15 centimes à 45, en Espagne de 20 centimes à 40. Partout, les prix ont doublé au minimum, si ce n’est triplé. Deux pays tirent cependant leur épingle du jeu. Il s’agit de la France : le prix est passé de 20 centimes à seu- lement 25 centimes. Et la Hongrie, où le prix est resté quasiment stable à 12 cen- times d’euros. La politique pro-russe du Président Orban a permis à son pays de continuer à recevoir du gaz et du pétrole russe sans discontinuité, ce qui a main- tenu les prix de l’électricité à un niveau stable. Comment expliquer le fait que certains pays soient impactés plus que d’autres ? D’abord, il y a le mix énergétique du pays. On voit par exemple que le Royaume-Uni est l’un des pays les plus impactés, avec un prix de l’électricité parmi le plus élevé sur le continent. Cela provient de sa forte dépendance au gaz naturel dans son mix énergétique. En effet, près de 40% de l’électricité britannique provient du gaz naturel (le pays avait pris de l’avance sur ses voisins pour baisser sa consomma- tion de charbon en faveur du gaz naturel, perçu comme une énergie de transition vers une économie à faible émission de carbone). Même en temps normal, le prix de l’électricité au Royaume-Uni est supérieur de 30% au prix des voisins européens. Le Royaume-Uni n’est pas connecté par un pipeline au gaz russe comme l’Allemagne, ce qui fait qu’il ne souffre pas réellement de coupures. Mais il est impacté indirectement par l’envo- lée du cours mondial du gaz naturel.
A l’opposé, la France par exemple, qui est parmi les pays les moins impactés, profite de son parc nucléaire qui lui offre une certaine autonomie énergétique, très précieuse par les temps incertains qui courent. Mais les prix ressentis par le consomma- teur dépendent également des mesures entreprises par les gouvernements pour contrer la flambée des prix. Selon les cas, les gouvernements mettent en place des plafonds sur les prix - comme c’est le cas en France - ou des baisses des taxes pour alléger la facture du client final. Au niveau européen, l’UE propose de mettre en place un plafond sur le prix auquel les membres achètent le gaz russe pour peser davantage sur les ressources financières russes, et une taxe sur les producteurs d’énergie. Les fonds alloués par les gouvernements pour protéger les ménages contre la hausse des prix de l’énergie sont conséquents, et viennent déstabiliser les équilibres budgétaires. Entre septembre 2021 et août 2022, la Grèce a dépensé l’équivalent de 3,5% de son PIB à cet effet, la Lituanie 3,4%, l’Ita- lie 2,7%, l’Espagne 2,2%, la France et l’Al- lemagne 1,8% chacune, le Royaume-Uni 1,5%, et les Pays-Bas 0,7%. La Suède, la Finlande, l’Irlande et le Danemark sont les pays qui ont le moins dépensé avec une enveloppe représentant moins de 0,5% de leurs PIB respectifs. Les prix du gaz payés par les ménages
ont augmenté de la même façon que les prix de l’électricité discutés précédem- ment. Le prix a été multiplié par 4,4x au Royaume-Uni entre janvier 2021 et août 2022, par 3,5x en Allemagne, par 3x aux Pays-Bas, par 2x en Espagne, et par 1,7x en France. Là aussi, la Hongrie tire son épingle du jeu avec un prix qui non seu- lement est très stable, mais en plus, est le moins cher en Europe. Comme pour les prix de l’électricité, le Royaume-Uni est le pays le plus impacté par le prix du gaz aux ménages. La nouvelle Première ministre, Liz Truss, qui remplace Boris Johnson, compte plafonner les factures de gaz à 2.500 pounds par an. On s’attend à ce que les prix de l’éner- gie augmentent encore davantage cet hiver, en raison d’une pression plus forte sur la demande, d’une production res- treinte du nucléaire en France en rai- son de problèmes de maintenance, et d’une sous-utilisation de l’hydraulique à cause de la sécheresse qui a sévi cet été. L’Allemagne s’est tournée vers le charbon à hauteur du tiers de sa pro- duction électrique, et s’apprête à redé- marrer deux centrales nucléaires sur les trois qu’elle avait décidé de fermer, d’ici la fin de l’année, si la situation l’exige. Les autorités rassurent sur les niveaux de stockage de gaz en Allemagne qui sont supérieurs à ceux de l’année der- nière, mais l’imprévisibilité de la situation les pousse à maintenir en place toutes
L’UE propose de mettre en place un pla- fond sur le prix auquel les membres achètent le gaz russe pour peser davan-
tage sur les ressources financières russes.
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