Finances News Hebdo N° 1076

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 15 SEPTEMBRE 2022

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les mesures de rationnement déjà engagées depuis cet été. Pendant des années, tout le monde était gagnant. Les Russes ont construit des infrastructures pour acheminer le gaz aux meilleures conditions aux Européens, et les Européens ont construit des indus- tries fortement dépendantes du gaz russe, délivré à des tarifs compé- titifs. Aujourd’hui, la Russie vend moins de gaz et de pétrole aux Européens, mais elle le fait à un prix largement supérieur à celui de la période d’avant-guerre. Au final, elle est gagnante d’un point de vue financier ! La moyenne des revenus générés par les exportations russes de pétrole et de gaz vers l’Europe se chiffrait à 50 milliards de dollars sur 5 mois entre mars et juillet avant le conflit en Ukraine. Cette année, ces revenus ont représenté près de 96 milliards de dollars entre mars et juillet 2022 ! Elle vend moins, mais à un prix supérieur, et en ressort gagnante financièrement. A présent, la tâche se complique, car tout le monde est rentré dans un cercle vicieux : les Européens imposent davantage de sanctions, et leurs économies souffrent d’une hausse des prix de l’énergie. En face, la Russie profite de la flam- bée des cours de l’énergie, mais le reste de son économie souffre (elle demande elle-même la levée des sanctions économiques occiden- tales en échange d’un rétablisse- ment des livraisons de gaz pour cet hiver à travers Nord Stream 1). Plus personne n’est gagnant. Cela rappelle la fragilité des éco- nomies qui ne disposent pas d’une certaine marge d’autonomie éner- gétique. Cela rappelle encore plus la fragilité lorsqu’un pays qui est incapable de construire son auto- nomie énergétique, choisit de repo- ser sur un seul fournisseur en raison du prix compétitif qu’il offre, plutôt que de diversifier ses partenariats quitte à payer ses importations plus chères. Ce supplément qui s’ajoute à la facture est une marge de sécu- rité qui permet de ne pas être entièrement dépendant d’un seul producteur. Après l’invasion de la Crimée en 2014, l’Europe aurait pu changer de cap, mais elle ne l’a pas

fait. En 2014, le gaz russe représen- tait 35% des importations de gaz européennes. En 2019, cette part a grimpé à 45%, allant à l’encontre de ce qui aurait dû être fait. Plusieurs leçons sont à retenir : développer son autonomie énergé- tique à travers un effort d’explora- tion, de forage et de développement des capacités de production, même

si cette énergie est moins compéti- tive que celle qui est importée. Sans aller jusqu’à l’extrême, celle d’une production entièrement locale qui n’aurait pas de sens économique; produire localement une partie des besoins alourdirait légèrement la facture en échange d’une certaine marge d’autonomie. Enfin, diver- sifier ses partenaires pour ne pas

se retrouver dépendant d’un seul fournisseur, tout en augmentant ses capacités de stockage pour dispo- ser d’une marge de sécurité plus confortable. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et professeur en Ecole de commerce. Retrouvez le sur www.fassal.net.

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